La Une de Charlie Hebdo sur Meghan Markle ne passe pas au Royaume-Uni

ROYAUME-UNI - Une caricature qui ne passe pas. Mercredi 10 mars, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a réagi comme de coutume à l’actualité du moment, parodiant à sa Une les accusations de racisme portées en creux par Meghan Markle contre...

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Cette Une de Charlie Hebdo en date du 10 mars a fait polémique au Royaume-Uni, la comparaison entre Meghan Markle et George Floyd ne passant pas du tout outre-Manche.

ROYAUME-UNI - Une caricature qui ne passe pas. Mercredi 10 mars, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a réagi comme de coutume à l’actualité du moment, parodiant à sa Une les accusations de racisme portées en creux par Meghan Markle contre la monarchie britannique. 

En effet, depuis une semaine, la brouille médiatique entre le couple Harry-Meghan et la couronne du Royaume-Uni fait les gros titres de la presse mondiale. L’ancienne actrice a notamment défrayé la chronique en sous-entendant que certaines personnes proches de la reine Elizabeth II se seraient inquiétées de la couleur de peau des descendants du désormais ex-prince britannique. 

Et c’est ce climat de défiance et de pression constante qui aurait poussé le couple, particulièrement médiatique, à rompre avec la couronne et à renoncer à tous leurs titres et avantages. Une situation qui a donc été moquée par Charlie Hebdo

À la Une du mercredi 10 mars, on peut découvrir la reine Elizabeth II, tout de jaune vêtue et arborant un sourire sadique, le genou appuyé sur la gorge d’une Meghan Markle qui souffle qu’elle a quitté Buckingham Palace “parce qu’elle ne pouvait plus respirer”. 

Une référence directe à la mort de George Floyd, cet homme afro-américain de 46 ans tué par une policier américain à Minneapolis, et dont la longue agonie a été filmée et mondialement diffusée, jusqu’à devenir un symbole universel de la lutte contre le racisme systémique de certaines sociétés occidentales. 

Une référence qui a surtout été très mal reçue outre-Manche, comme le montrent les tweets compilés dans cet article. 

Pour beaucoup de Britanniques (et d’Américains, qui ont également réagi en nombre à la polémique une fois qu’elle s’est internationalisée), ce dessin ne serait pas drôle et serait une nouvelle preuve du “racisme” du journal, également taxé d’“islamophobe” par ses détracteurs.

Nombre de commentateurs fustigent ainsi l’attitude de Charlie Hebdo, coupable selon eux d’instrumentaliser l’oppression et l’injustice simplement pour “faire rire”, de se servir de la réalité du racisme pour amuser le lectorat et vendre des journaux tant en minimisant ces faits.

Comme l’expliquaient il y a quelques mois au HuffPost plusieurs spécialistes des civilisations anglo-saxonnes, certains concepts ne sont pas envisagés de la même manière qu’en France dans le monde anglophone. Ainsi, sur la laïcité (ou ici le racisme), il est moins fréquent aux États-Unis ou au Royaume-Uni d’ironiser sur des facteurs constitutifs de l’identité d’une partie de la population (la couleur de peau, la religion...), par crainte de mettre en péril la cohésion de la société en moquant certains individus pour ce qu’ils sont. 

“Peut-être qu’il y a davantage d’autocensure de la part des dessinateurs britanniques au nom du vivre-ensemble”, précisait par exemple Nada Afiouni, docteure en civilisation britannique spécialiste des questions religieuses et maîtresse de conférences à l’Université du Havre au sujet des caricatures pornographiques de Mahomet qu’avait pu publier Charlie Hebdo par le passé. Un gouffre culturel qui se retrouve aujourd’hui dans la manière dont est vue à l’étranger la dernière Une du journal victime des attentats de janvier 2015. 

À voir également sur le HuffPost: Le “oui, mais” à “Charlie Hebdo”... une tradition française chez les politiques