La vaccination chez les généralistes, une logistique pas aussi simple qu'il n'y paraît
INQUIÉTUDES - Depuis le 25 février dernier, les médecins généralistes peuvent vacciner une partie de leurs patients contre le Covid-19. Les personnes âgées de plus de 50 ans présentant des comorbidités peuvent désormais bénéficier du vaccin...
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INQUIÉTUDES - Depuis le 25 février dernier, les médecins généralistes peuvent vacciner une partie de leurs patients contre le Covid-19. Les personnes âgées de plus de 50 ans présentant des comorbidités peuvent désormais bénéficier du vaccin AstraZeneca chez leur médecin généraliste et bientôt en pharmacie.
Le gouvernement entend ainsi mettre un coup d’accélérateur à la campagne de vaccination française, en profitant notamment des centaines de milliers de doses du vaccin AstraZeneca restées dans les placards, le produit étant jusqu’ici réservé aux soignants, dont certains l’ont boudé en raison des effets indésirables qu’il pouvait entraîner (état grippal pendant 24 à 48 heures après la piqûre).
Ainsi, sur les 600.000 premières doses de ce vaccin, livrées début février, il restait dimanche 28 février ”à peu près 75% des stocks qui n’ont pas fait l’objet d’injections”, selon le ministère de la Santé. Pour résoudre ce problème, Olivier Véran a notamment annoncé ce vendredi 5 mars que 400.000 doses allaient être mises à disposition des centres de vaccination contre le Covid-19.
Une “dynamique d’écoulement très forte”
Une nouvelle qui devrait réjouir les médecins généralistes. En effet, la diffusion de l’AstraZeneca en ville depuis le 25 février dernier a entraîné une “dynamique d’écoulement très forte” les premiers jours, selon le ministère de la Santé. Une consommation qui devrait “s’amplifier”, selon cette même source, après l’annonce de l’extension de l’utilisation de ce vaccin aux personnes âgées de 65 à 75 ans présentant des comorbidités.
“Nous notons un réel engagement des acteurs de terrain”, indique au HuffPost la Direction générale de la santé. Pour cette troisième semaine de la campagne de vaccination en ville avec AstraZeneca, environ 33.000 médecins se sont appariés à environ 12.000 officines, pour un volume de commandes d’environ 765.000 doses”.
Et d’ajouter: “Le nombre de doses commandé a été multiplié par 2,5 par rapport à la semaine dernière”.
Mais plusieurs médecins généralistes et présidents de fédérations et syndicats, interrogés par le HuffPost, font état de livraisons retardées et de problèmes d’approvisionnement.
“La seule difficulté que l’on a, c’est l’incertitude d’avoir les doses en temps et en heure”, déplore le Dr Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président de la Fédération des Médecins de France.
Un avis partagé par son collègue le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français, qui pointe du doigt des “problèmes d’approvisionnement” dans certaines régions de France. “Mercredi (3 mars, NDLR), l’un de mes collèges à Poitiers n’avait toujours pas reçu le moindre flacon, assure-t-il. À l’inverse, certains se sont carrément vu proposer un deuxième flacon par leur pharmacien alors qu’ils n’avaient pas de demande particulière.
“Des médecins nous font état de non-livraisons”
“Des médecins nous font état de non-livraisons alors qu’ils ont passé des commandes”, abonde le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France.
Pour Jean-Paul Ortiz, ces “retards” seraient d’abord liés à la fabrication de ces vaccins, en grande partie réalisée à l’étranger, mais surtout à la logistique en France, “lourde et lente”. “Des doses sont dans les tuyaux, mais entre le moment où elles arrivent en France jusqu’à ce qu’elles arrivent dans les pharmacies de villes, il s’écoule un délai pas possible”, regrette-t-il.
“A l’exception de quelques rares aléas logistiques - 700 officines sur 11.226 pour la semaine du 22 février ont reçu un jour après les doses de vaccin -, les opérations de livraison des officines ont été effectuées conformément à la planification”, assure au HuffPost la Direction générale de la santé (DGS). Au total c’est plus de 512.000 doses de vaccins qui ont été mises à disposition des médecins au titre du premier approvisionnement via les pharmacies d’officine”.
A contrario, d’autres médecins se plaignent, eux, de ne pas avoir assez de patients pour utiliser toutes les doses. “Je n’ai pas beaucoup de demandes, je trouve l’organisation compliquée”, confiait le 3 mars dernier à LCI Fabien Quedeville, médecin généraliste Chilly-Mazarin.
Des réticences qui peuvent avoir des conséquences très concrètes. En effet, une fois un flacon (de dix doses, NDLR.) ouvert, il ne peut être conservé que 48 heures. “Cela veut dire qu’il faut libérer dix plages horaires dans les 48 heures”, remarque Fabien Quedeville.
Peu de réticences de la part des patients
“Les plus jeunes se posent des questions sur l’AstraZeneca, mais beaucoup moins les personnes plus âgées”, assure de son côté le Dr Jean-Paul Ortiz, qui se veut beaucoup plus rassurant sur ce point. Ils comprennent que le risque de la Covid-19 est bien supérieur aux effets indésirables bénins de la vaccination.
“Je n’ai eu aucune réticence de la part de mes patients, abonde le Dr Jean-Paul Hamon qui a vacciné “vingt personnes ces deux derniers jours” et parle même d’une “très forte demande”. “Je n’ai eu quasiment aucun refus”, assure de son côté Jean Paul Ortiz.
Un autre point avait toutefois refroidi certains médecins généralistes: l’organisation de la campagne de vaccination. En effet, les généralistes sont invités à identifier les patients à risque, les contacter pour qu’ils prennent rendez-vous, potentiellement les convaincre, etc. “La première semaine a été compliquée sur le plan de l’organisation”, reconnaît la Dre Laure Dominjon, présidente de ReAGJIR et médecin généraliste remplaçante dans le Val-de-Marne.
“Beaucoup de mes collègues réfléchissent à prendre un remplaçant pour augmenter les vaccinations dans leur cabinet”, ajoute-t-elle.
Vacciner “le plus rapidement possible”
Un constat partagé par le Dr Jacques Battistoni, pour qui cette “logistique” peut poser problème aux généralistes n’ayant pas de secrétariat. Selon lui, cette situation “illustre bien le besoin qui existe” et la nécessité de “donner plus de moyens à ces médecins”.
De surcroît, il faut aussi prévoir une deuxième injection entre dix à douze semaines plus tard. Un délai de presque trois mois qui rassure les médecins inquiets sur le fait qu’entre temps, les “délais de livraison seront réduits”.
Notre volonté est claire : vacciner le plus rapidement possible, en utilisant toutes les doses d’ores-et-déjà disponibles. Dès ce week-end, des dizaines milliers de Français pourront y avoir accès de manière accélérée dans les départements les plus touchés par l’épidémie.
— Olivier Véran (@olivierveran) March 4, 2021
“Concernant les approvisionnement du vaccin AstraZeneca, nous attendons un volume de 1 million de doses par semaine sur le mois de mars”, assure-t-on à la Direction générale de la santé.
Preuve que l’exécutif s’en remet aujourd’hui à la vaccination pour enrayer l’épidémie de Covid, la Direction générale de la santé nous dit attendre “un volume de 1 million de doses par semaine sur le mois de mars”. Visiblement, les médecins n’attendent que ça.
À voir également sur Le HuffPost: Sur le vaccin AstraZeneca, “les réserves n’ont plus lieu d’être” assure Castex