La vaccination touche en plein cœur les couples binationaux
COUPLES - “Ce virus n’aime pas l’amour, nous si”. Le 8 août 2020, Jean-Baptiste Lemoyne, alors secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, affirmait via un tweet vouloir aider les couples binationaux à se retrouver.Séparés...
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COUPLES - “Ce virus n’aime pas l’amour, nous si”. Le 8 août 2020, Jean-Baptiste Lemoyne, alors secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères, affirmait via un tweet vouloir aider les couples binationaux à se retrouver.
Séparés par le Covid-19, ils avaient alors passé de longs mois à distance sans avoir la possibilité de se projeter. Un laissez-passer avait été mis en place. Pour faciliter les démarches, certains couples ont choisi l’option mariage. D’autres n’ont fait que se battre pour trouver une solution afin de passer du temps ensemble.
Presque un an plus tard la situation reste inchangée. Depuis janvier 2021, les laissez-passer n’existent plus. Les couples binationaux se débrouillent eux-mêmes trouvant ici et là un système D pour déjouer les restrictions. Certains baissent ou sont prêts à baisser les bras. Jean-Marc, marié à une femme vivant au Kazakhstan, est l’un des piliers du groupe “Love is not Tourism”. Pour aider au mieux les personnes dans sa situation, il prend sa voiture certains week-ends pour les rencontrer et les écouter.
“Depuis le début de l’année, je suis allé voir 25 couples binationaux qui avaient envie d’en finir avec leur vie. Les week-ends, je leur demande où ils sont, et je viens les voir pour passer un moment avec eux. Je fais l’assistante sociale, le psychologue. C’est un enfer”, révèle-t-il au HuffPost LIFE.
Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Janssen VS Sputnik V, Sinopharm et CoronoVac
Pour éclaircir cet horizon bien noirci par la pandémie, le vaccin était leur solution de repli. “J’ai mes deux doses depuis longtemps. J’ai frappé à toutes les portes jusqu’à ce qu’un médecin me donne la 1ère dose. Six semaines plus tard, j’avais ma seconde. Depuis début avril, j’ai les deux. C’était dans l’espoir de pouvoir voyager librement. Je m’étais dit qu’ils allaient ouvrir, qu’ils allaient nous accorder ce droit”, détaille Jean-Marc. Mais tout ne se passe pas comme espéré. Car si aujourd’hui en France, le vaccin semble être la solution pour retrouver nos libertés, ça continue de coincer pour les couples binationaux.
La raison? ”À ce jour, quatre vaccins sont autorisés en France: Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Janssen”, précise le gouvernement. Quid de Sputnik V, Sinopharm ou encore CoronoVac? Ils ne sont pas reconnus en Europe et en France en toute logique. Cela signifie que le pass sanitaire pour une personne avec ce type de vaccin n’a aucune valeur.
De nombreux couples binationaux avaient pourtant vu ce vaccin comme la solution à leur problème. “Nous avons fait la vaccination en nous disant qu’on mettait toutes les chances de notre côté, que la situation irait mieux. Quand les gens seront vaccinés, ils accepteront la libre circulation des personnes qui l’ont. Finalement, non”, révèle énervé Jean-Marc. Sa femme a reçu ces deux doses du vaccin Sputnik V. Il lui est impossible de venir dans l’Hexagone et de voyager en Europe. Et ce n’est pas la seule. Des couples franco-russes ou encore franco-asiatiques font face au même problème.
John est en couple depuis trois ans avec une Russe. Pour la rentrée prochaine, sa compagne a l’objectif de venir s’installer en France pour que sa fille puisse venir faire ses études d’ingénieur. Depuis l’ouverture des frontière fin juin, les Russes “avaient la possibilité de voyager en France s’ils sont vaccinés. Mais ils doivent l’être avec un vaccin validé par l’agence européenne, or aucun de ceux-là ne sont disponibles en Russie... En clair, il est donc impossible de venir en Europe pour eux sans motifs impérieux. Venir s’installer en France n’est pas un motif impérieux dans la réglementation”, nous précise John. Sa fille ne peut plus venir étudier en France depuis que la Russie est passée en zone rouge.
Une crise géopolitique plus que sanitaire pour les couples binationaux
En plus de cette question de vaccination, la couleur des pays où l’on peut voyager depuis la France est un nouveau casse-tête pour ces couples. Pour s’en rendre compte, il faut regarder la carte émise par le gouvernement à propos de la classification des pays sur la base des restrictions sanitaires. En vert, les pays autorisés, en rouge les pays non autorisés.
“Les annonces du 9 juin ont découpé le monde en 3 couleurs: vert, orange et rouge”, constate Thierry. Ce quinquagénaire est en couple avec une Philippine depuis mars 2019. Leurs derniers moments ensemble remontent à décembre 2019. Aujourd’hui, ils n’ont toujours aucun moyen de se retrouver. “Les Philippines sont situés dans la zone “orange”, traduisant ainsi que pour pouvoir venir depuis ce pays en France, il faut être vacciné ou justifier d’un motif impérieux avec un test PCR. Les Philippines ont vacciné leur population et avec des vaccins russe ou chinois, et donc, non reconnus par l’Europe et la France.” Le gouvernement philippin a quant à lui laissé les frontières fermées.
Pour Jean-Marc, il s’agit ici plus d’une question de géopolitique plus que de santé. “Ils ont trouvé un autre moyen de mener une politique d’immigration. Il suffit de regarder la carte des couleurs. On comprend vite. On a mis une couleur, verte/orange/rouge, sur le sujet de l’immigration sans que ça ne se voit”, s’insurge-t-il. “Nous sommes pris en étau entre le covid et la situation géopolitique”, poursuit John.
Thierry et Jean-Marc semblent assez pessimistes pour les mois à venir. “Ce qui est absurde, c’est une fois l’ensemble de la planète vaccinée, il y aura deux camps pour la France: ceux vaccinés avec un vaccin reconnu par l’Europe, c’est-à-dire les pays riches (USA/Canada/Europe/UK) et les autres... Donc si on se base sur la vaccination, à nouveau nous n’aurons aucune possibilité/chance de nous revoir”, conclut Thierry.
Quelles solutions s’offrent à eux? La débrouille. Les couples passent les frontières pour aller prendre un avion dans un autre pays où les contrôles se font moins fréquents et où les portes leur sont ouvertes. Après avoir patienté, espéré, s’être tournés vers le mariage, puis la vaccination, les couples binationaux se sentent une nouvelle démunis face à la situation.
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