“La Vie est bien faite” : de vrais poèmes pour films d’action rappés par Sameer Ahmad
Rien ne sert de courir, il faut rapper à point. Débutant sur le tard dans un paysage français ultra-concurrentiel, Sameer Ahmad a trouvé sa place à son rythme, une enclave ensoleillée où les fulgurances linguistiques glissent sur des tempos...
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Rien ne sert de courir, il faut rapper à point. Débutant sur le tard dans un paysage français ultra-concurrentiel, Sameer Ahmad a trouvé sa place à son rythme, une enclave ensoleillée où les fulgurances linguistiques glissent sur des tempos jazzy groovy avec, parfois, des ombres mélancoliques.
Depuis Perdants magnifiques il y a presque dix ans, son sens de la formule (pour reprendre l’intitulé de son coup d’essai de 2005) n’a fait que gagner en swing, en pouvoir d’évocation, en profondeur de champ. Lui qui a baigné dans le cinéma américain, mais aussi français – de Donnie Brasco à Jean-Pierre Melville, en passant par Melvin Van Peebles (que l’on entend sur FR LV2) – conçoit ses chansons comme des scènes dont un simple clin d’œil ou une collusion lexicale installe le décor mental. En deux vers et un cut, on passe d’un cadrage panoramique à un gros plan mystique plein de grains.
Un “Baudelaire en sportswear”
Fils d’un réfugié irakien (la voix de son père habite FR LV3), le rappeur installé à Montpellier a dans la bouche un projecteur qui tourne à plein régime. Son flow provoque des télescopages (pop)culturels inattendus – Basquiat et Warhol voisinant avec les Gardiens de la galaxie dans Vivarium, Rouget de Lisle avec le Drake de Degrassi dans Choolos – et fait naître des visions fugaces et fascinantes qui rebondissent suivant des beats de trampoline et des boucles d’or.
Ce “Baudelaire en sportswear” qui “rappe des poèmes pour films d’action” (le sommet Spud Webb, du nom d’un champion de dunk) envisage le rap telle une performance donnée dans une arène ludique et rythmique, comme avant lui les Français Sages Poètes de la rue ou les Américains Gang Starr et Mobb Deep.
Impeccablement produit par l’éclectique Skeez’up (à part le G-funk de LVBF dû à Nab), La Vie est bien faite fait dodeliner la tête et remuer le corps (Daddy Cool, Neron), tout en propulsant dans le cerveau des gris-gris spirituels. “Je rappe et j’vieillis comme un jeune bluesman”, lâche-t-il sur Choolos mais ajoute, plus tard : “J’garde en tête que je rappe dans la quarantaine / On rendra l’antenne quand on sera centenaire.” On se tient prêt.
La Vie est bien faite (Bad Cop Bad Cop/iHH Records/Zone). Sortie le 15 mars.