Laissez-vous hanter par les expérimentations sensibles de Kali Malone
Active depuis plusieurs années, mais très visible sur la scène expérimentale depuis trois ou quatre ans, l’Américaine Kali Malone, longtemps installée en Suède et désormais résidente en France, a développé une esthétique empruntant à quelques...
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Active depuis plusieurs années, mais très visible sur la scène expérimentale depuis trois ou quatre ans, l’Américaine Kali Malone, longtemps installée en Suède et désormais résidente en France, a développé une esthétique empruntant à quelques figures du minimalisme classique, tout en étant largement baignée dans quelque chose de très rock, avoisinant souvent, dans ses distorsions et réverbérations, des genres comme le shoegaze.
En clair, son geste évoque plusieurs champs, plusieurs possibles. Il y avait, dans son album The Sacrificial Code (un tube à l’échelle de la musique expérimentale), des réminiscences d’Éliane Radigue et Spacemen 3, de La Monte Young et Nico. Sur ce précédent disque, l’Américaine déployait des morceaux longs uniquement joués sur des orgues, instruments qu’elle chérit particulièrement.
Des sentiments et des textures qui peignent quelque chose de très sensible
Son nouvel album diffère par sa réalisation : conçu et enregistré durant une résidence parisienne dans les studios du GRM (le groupe de recherche affilié à l’INA et à France Musique), il date des mois ayant précédé la pandémie et a été achevé en 2021. Kali Malone l’avait alors diffusé durant un concert dans l’un des grands amphithéâtres de la Maison de la Radio et de la Musique devant une salle comble. Ce faisant, elle reprenait une tradition de la musique concrète consistant à faire découvrir le travail en le diffusant d’abord face à un public. La sortie en disque permet de se plonger plus pleinement dans l’œuvre, composée en deux mouvements.
Living Torch débute par des sons évoquant le précédent LP : un droit de suite, sans doute, aux grandes ruminations à l’orgue. Mais avec une vélocité qui diffère vite : ici, le temps est appréhendé différemment, en se passant de la lenteur pour aller chercher autre chose. Dès le départ apparaît une forme de dévotion, presque sacrale, mais aussi très rassérénée. Une forme de quiétude ?
Peu à peu, ses sons d’orgue sont envahis par de lents glissements électroniques
Chez la jeune compositrice, le calme, pourtant, dissimule toujours des sentiments mitigés. Peu à peu, ses sons d’orgue sont envahis par de lents glissements électroniques, mais aussi par ce qui ressemble à des coups de clavier, à la manière d’intermissions s’insinuant dans la matière de l’espace et faisant s’éloigner le reste.
Le volume même monte haut, et se constitue alors dans l’ouïe un univers entier, dans lequel la force de Malone s’impose : celle de parvenir à nouer entre eux des sons qui sont des sentiments et des textures qui, par leur dynamique et la tension entre elles, peignent quelque chose de très sensible, voire de romantique – et qui, au fond, correspond à cette phrase que disait Antoine à Cléopâtre dans Cleopatra de Joseph Mankiewicz : “Tu es comme un bruit dans mon cœur.” C’est ce qui se déroule ici : une musique qui, au lieu d’être figée dans l’expérimentation, se met à hanter tous vos sentiments.
Living Torch (GRM Portraits/Shelter Press). Sorti depuis le 24 juin.