Lambchop toujours en apesanteur sur “Showtunes”

Depuis ses débuts mais de plus en plus ouvertement, Lambchop pratique l’art de la fuite. Kurt Wagner, qui en est le maître d’œuvre et le sphinx, ne cesse de jouer comme un chat agile avec son auditoire, glissant en souplesse de l’alt-country...

Lambchop toujours en apesanteur sur “Showtunes”

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Depuis ses débuts mais de plus en plus ouvertement, Lambchop pratique l’art de la fuite. Kurt Wagner, qui en est le maître d’œuvre et le sphinx, ne cesse de jouer comme un chat agile avec son auditoire, glissant en souplesse de l’alt-country au r’n’b. Après deux albums qui lui auront permis de repenser de fond en comble l’architecture sonore de son projet – les synthés et l’Auto-Tune omniprésents sur les passionnants FLOTUS en 2016 et This (Is What I Wanted to Tell You) en 2019 –, Showtunes s’ouvre sur ce qui semble amorcer un retour à la facture du chef-d’œuvre Is a Woman (2002) : un piano, des cuivres et cette voix qu’on retrouve sans filtre, profonde, gouleyante.

Très vite pourtant, tout s’échappe ; le chant se retire sur Papa Was a Rolling Stone Journalist (ce génie des titres !) et Impossible Meatballs, ou bien se cache à nouveau derrière les effets d’un Unknown Man orageux puis d’un Blue Leo pointilliste et sublime. Comme si Kurt Wagner convoquait toutes ses précédentes facettes, mais pour les éclater aux quatre coins de la pièce et étudier la matière noire en suspension entre ces particules atomisées.

Un album qui se cherche et explore ses propres doutes

Avec un curieux modus operandi qui a donné naissance aux prémices de Showtunes : la conversion de pistes de guitare en lignes de piano MIDI permettant au songwriter de s’aventurer sur un terrain expressionniste qu’il croyait réservé à Tom Waits ou Randy Newman. C’est à la façon d’un Arthur Russell qu’il se glisse en douce dans ces amples habits, entouré d’une formation (Ryan Olson, Andrew Broder) qui ne ressemble à aucune des autres incarnations du collectif de Nashville.

Wagner, aujourd’hui, s’arrange comme il le veut : Showtunes est le disque de quelqu’un qui plane au-dessus de la mêlée et qui n’a plus grand-chose à prouver. Pourtant, et c’est là que se terre sa véritable grandeur, c’est surtout un album qui se cherche et explore ses propres doutes, qui tâtonne quitte à vaciller.

De tous les Lambchop, il est sûrement le plus aventureux mais aussi le plus fragile. Le geste est assez comparable à celui opéré par Tindersticks sur le récent Distractions, et rarement le cousinage parfois abusivement dessiné entre les deux groupes n’aura été aussi pertinent.

Comme Distractions, Showtunes est aéré, en équilibre funambule, libre de ses mouvements. Il s’ouvre à l’inédit : le chant lyrique sur le morceau final (The Last Benedict), les surgissements orchestraux de la pièce maîtresse et centrale Fuku. Sur A Chef’s Kiss, Kurt Wagner cite le grand violoncelliste classique espagnol Pablo Casals pour saluer “une note finale qui résonne pour l’éternité”. Tel est le degré de grâce auquel s’élève désormais son art.

Showtunes City Slang/PIAS