Langues régionales: portons fièrement la diversité vivante de la France

La question des langues régionales a fait l’objet ces derniers mois de débats causementaires de très grande qualité, tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat, qui ont débouché sur l’adoption de la Loi Molac. Dans les deux assemblées, une majorité...

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Yannick Jadot lors du meeting d'EELV le 7 mars 2020 à Lyon. (Photo by Robert DEYRAIL/Gamma-Rapho via Getty Images)

La question des langues régionales a fait l’objet ces derniers mois de débats causementaires de très grande qualité, tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat, qui ont débouché sur l’adoption de la Loi Molac. Dans les deux assemblées, une majorité très large s’est prononcée en faveur du texte, malgré la position très hostile et agressive du gouvernement, défendue en séance par le Ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer. 

Les causementaires écologistes ont été parmi les plus actifs dans ces débats et ils ont participé, avec les causementaires régionalistes, à la rédaction d’un texte qui, 50 ans après la loi Deixonne de 1951, est en mesure de redonner vie et force à un patrimoine collectif riche, vivant, issu de notre Histoire, afin qu’il contribue pleinement à l’avenir d’une France fière de ses identités multiples. 

Pourtant, le Conseil Constitutionnel, saisi par le ministre contre les causementaires de sa majorité, a rendu une décision de censure contre ce texte. Cette censure enferme l’enseignement des langues régionales dans un ghetto pédagogique en leur refusant le recours à l’enseignement immersif tel qu’il est pratiqué avec succès en Bretagne, au Pays Basque, en Alsace, en Occitanie ou en Catalogne et bientôt en Corse. Les nombreuses langues des Outre-mer pourraient elles aussi avoir accès à des systèmes d’éducation immersive similaires. 

 

Il est temps que la République s’affranchisse des postures archaïques, et qu’elle fasse droit à la demande qui monte dans les territoires concernés pour que leurs langues et leurs identités mêlées soient enfin respectées.

 

En tant que député européen, je constate régulièrement l’isolement de la France sur cette question et le repli sur soi que cette décision du Conseil Constitutionnel illustre par rapport aux situations effectives dans tous les pays voisins, en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, en Suisse, en Italie ou en Espagne. Cette décision rend plus précaire la situation de milliers d’enfants, parents et enseignants. Toute une filière, dont l’excellence est attestée par de nombreux rapports, y compris émanant de l’Éducation Nationale, se trouve précarisée. 

Les langues régionales doivent acquérir une reconnaissance légitime et un cadre législatif qui garantissent qu’à l’avenir elles ne seront plus à la merci de réflexes réglementaires davantage inspirés par la longue tradition jacobine et centralisatrice que par le souci de l’avenir ou, simplement, le souci de comprendre la société française telle qu’elle est: plurielle, polyglotte et tissée de langues et de cultures diverses. 

Je souhaite que soit menée une réforme constitutionnelle qui apporte toutes les garanties pour que plus aucune interprétation de la Constitution ne puisse survenir qui nuirait à la sauvegarde et à l’épanouissement de ces langues qui font pleinement partie du patrimoine de la République. Soyons sérieux: les langues régionales ne menacent ni l’unité de la République ni la paix civile. On peut être parfaitement et pleinement français en même temps que basque, breton ou occitan! Et la meilleure preuve, c’est que c’est déjà le cas. 

 

Les langues régionales doivent acquérir une reconnaissance légitime et un cadre législatif qui garantissent qu’à l’avenir elles ne seront plus à la merci de réflexes réglementaires inspirés par la tradition jacobine.

 

Les langues régionales, leur transmission aux générations futures par l’Éducation grâce aux vertus de l’enseignement immersif qui ne porte en aucune façon atteinte à la maîtrise du français par les enfants, donneront plus de force à la cohésion nationale, contrairement à ce que le Conseil Constitutionnel, et ceux qui l’ont saisi, peuvent penser. On ne maîtrise pas moins bien une langue parce qu’on en maîtrise une seconde, ou une troisième ou davantage encore. 

Il est temps que la République s’affranchisse des postures archaïques, et qu’elle fasse droit à la demande qui monte dans les territoires concernés pour que leurs langues et leurs identités mêlées soient enfin respectées. Les écologistes ont toujours porté cette aspiration à une France fière de la diversité vivante de ses régions et de ses territoires. Lors des échéances à venir, ils seront encore aux avant-postes pour soutenir leurs revendications. Le piège identitaire n’est pas dans les langues régionales, qui témoignent d’un pays tissé d’une longue histoire et riche de traditions multiples, il est dans la défense d’une fiction, celle d’une France uniforme, figée et allergique aux différences qui l’ont constituée. La France n’est pas un bloc, elle est mille “petites patries”, comme disait Jaurès, et c’est dans ces petites patries, ces terroirs de tour de France, que niche le bonheur de vivre ici.

 

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