L’artiste, le bourgeois cultivé et le prolétaire : Alain Cavalier nous présente ses amis

Alain Cavalier, 91 ans, avec sa petite caméra Sony numérique, filme seul (comme depuis trente ans) trois de ses amis et leurs compagnes : d’abord Boris Bergman, le 1er parolier d’Alain Bashung (Vertige de l’amour, Gaby oh Gaby, etc.), et son...

L’artiste, le bourgeois cultivé et le prolétaire : Alain Cavalier nous présente ses amis

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Alain Cavalier, 91 ans, avec sa petite caméra Sony numérique, filme seul (comme depuis trente ans) trois de ses amis et leurs compagnes : d’abord Boris Bergman, le 1er parolier d’Alain Bashung (Vertige de l’amour, Gaby oh Gaby, etc.), et son épouse dans leur appartement coloré, artiste, réjouissant ; puis Maurice Bernart dit “Momo”, ex-producteur de cinéma (notamment de Thérèse, 1986, le plus gros succès au cinéma de Cavalier), et sa femme Florence Delay (actrice dans le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson, écrivaine et académicienne) à Paris ou dans leur manoir normand ; enfin Thierry Labelle, qui fut son acteur dans Libera me (1993) avant de retourner à son 1er métier, livreur à scooter, qui vit dans un petit pavillon de Livry-Gargan avec son épouse handicapée. L’artiste, le bourgeois cultivé, le prolétaire.

Ce qu’il y a de beau, dans L’Amitié, c’est que le film n’en cause pas frontalement. Jamais le sujet n’est abordé. Cavalier interroge ses témoins mais n’explique jamais les raisons qui le lient à elles et eux. “Parce que c’était lui ; parce que c’était moi”, comme le disait Montaigne de son amitié avec La Boétie.

L’amusement de mettre l’autre en scène

En réalité, l’amitié se lit dans le regard que porte le cinéaste sur chacun·e. L’amitié, c’est L’Amitié, le film. Ce sont donc des sourires et des rires complices entre gens qui ont eu des plaisirs et des souvenirs en commun, que nous ignorons pour la plupart mais que nous devinons parce que nous savons bien ce que c’est, l’amitié. C’est l’amusement de mettre l’autre en scène, de lui faire jouer son propre rôle.

Le cinéaste Cavalier, malicieux, taquin comme un gros chat, organise des petits rituels, des rimes qu’on retrouve dans les trois chapitres et qui rythment le récit : comment chacun·e allume sa cigarette ou son joint. Comment l’ami cause à sa compagne, explique leur rencontre, ses petits plaisirs, ses souvenirs tristes. C’est de cette pudeur et de cette prosodie, comme un chant doux sans un cri, que naît l’émotion immense que procure le film.

L’Amitié d’Alain Cavalier (Fr., 2023, 2 h 04). En salle le 26 avril.