Laudrup : "En 1992, on a surpris tout le monde, y compris nous-même"
À l'occasion de l'anniversaire de Brian Laudrup le 22 février, FIFA.com de retrouver l'interview qu'il nous avait accordée il y a quelques années pour évoquer l'inoubliable quart de finale de la Coupe du Monde 1998, mais aussi les triomphes...
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À l'occasion de l'anniversaire de Brian Laudrup le 22 février, FIFA.com de retrouver l'interview qu'il nous avait accordée il y a quelques années pour évoquer l'inoubliable quart de finale de la Coupe du Monde 1998, mais aussi les triomphes en finale de l'EURO 1992 et de la Coupe des Confédérations 1995.
La victoire du Danemark en finale de l'UEFA EURO 1992 reste l'une des plus grosses surprises de l'histoire. Invités de dernière minute, les Scandinaves avaient déjoué tous les pronostics pour soulever le trophée au nez et à la barbe des grandes puissances européennes.
Aux côtés de son frère Michael - absent lors de ce tournoi -, Brian Laudrup a longtemps fait partie des piliers de la sélection entraînée par Richard Möller Nielsen. Ensemble, les trois hommes ont mené les Danish Dynamites à la victoire en Coupe des Confédérations de la FIFA 1995 et ont signé en 1998 la meilleure performance de leur pays en Coupe du Monde de la FIFA™.
FIFA.com a rencontré l'ancien milieu de terrain. Il revient sur l'âge d'or du football danois dans les années 90, une période au cours de laquelle il a tenu un rôle incontournable.
Brian, si l'on se penche sur l'histoire récente de la sélection danoise, votre triomphe en 1992 vous a-t-il donné une certaine aura sur la scène internationale, ces 25 dernières années ?
Ça ne fait aucun doute. Mais l'Euro 1984 a marqué un premier tournant pour le Danemark. Nous n'étions pas la risée du continent car nous avions quelques bons joueurs dans nos rangs, mais il faut bien reconnaître que faire la fête nous intéressait davantage que la compétition... Nous avions une mentalité de petit pays. Il nous arrivait de battre des adversaires de renom, mais nous pouvions tout aussi bien perdre face à une équipe très modeste. Quand l'Allemand Sepp Piontek est arrivé aux commandes, il a instillé un nouvel état d'esprit. Il disposait d'un groupe de qualité. Tous ces ingrédients ont permis au Danemark de se faire un nom, que ce soit pendant l'Euro 1984 ou la Coupe du Monde 1986. Ces Danish Dynamites étaient sensationnels. Ils ont profondément changé l'image du Danemark et du football danois.
Votre exploit en 1992 constitue-t-il un passage de témoin entre deux générations ?
Exactement. L'héritage de cette équipe était lourd à assumer, mais nous avons surpris tout le monde, y compris nous-mêmes, en 1992. Nous avons poursuivi sur cette lancée en 1998, en réalisant un superbe parcours en Coupe du Monde. Ensuite, nous avons passé la main à une autre génération. C'était le début d'une nouvelle ère.
Selon vous, quelle était la clé de ce succès inattendu ?
Mon frère Michael n'était pas là en 1992. Beaucoup de gens ont tendance à l'oublier. Après coup, on nous a dit que nous avions simplement eu de la chance, que nous n'avions pas le niveau pour remporter une telle compétition. Le secret de notre victoire, c'est que nous nous connaissions depuis très longtemps, sportivement et humainement. Plusieurs internationaux avaient passé de nombreuses années ensemble à Brondby. Certains avaient participé aux Jeux Olympiques ensemble, d'autres s'étaient fréquenté chez les U-21. Nous n'avions plus de secrets les uns pour les autres et c'est ce qui a fait la différence.
Un tel exploit aurait-il été possible en 2016 ?
Aujourd'hui, l'Euro accueille 24 équipes mais en ce temps-là, la phase finale consistait en deux groupes de quatre. Pour atteindre les demi-finales, il ne fallait surtout pas perdre. Il suffisait de gagner cinq matches pour soulever le trophée, mais personne n'avait droit à l'erreur. Ce format resserré nous a servi, car nous n'étions pas préparés. Nous n'étions pas au niveau physiquement (le Danemark a appris sa participation tardivement, suite à la disqualification de la Yougoslavie). Dans le contexte actuel, nous n'aurions pas gagné. En 1992, il y avait moins d'adversaires, mais le niveau était encore plus relevé.
Après cette victoire historique, vous avez ajouté un trophée à votre collection en vous adjugeant la Coupe des Confédérations 1995. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Nous étions plusieurs à disputer notre premier tournoi international en 1992. Après ce succès, nous avions hâte de rencontrer de grandes équipes comme l'Argentine ou le Mexique. Nielsen nous avait annoncé que nous aurions en face de nous des adversaires très différents et qu'il nous serait encore plus difficile de l'emporter qu'en 1992. Il s'est beaucoup investi dans cette compétition car il voulait prouver que ce qui s'était passé en Suède ne devait rien à la chance. L'année précédente, j'avais joué aux côtés de Gabriel Batistuta. Cette Argentine ne manquait pas de talent. Pourtant, nous avons réussi à la battre 2-0 en finale. Les gens étaient fous de joie au Danemark. Nous venions de gagner une mini-Coupe du Monde. Nous étions tellement fiers. Bien sûr, nous savions que ce n'était pas la vraie Coupe du Monde. Mais plus qu'aucun autre sélectionneur avant ou après lui, Richard a marqué l'histoire du football danois. Il mérite d'être reconnu.
Vous n'avez pas participé aux Coupes du Monde 1990 et 1994. À chaque fois, votre destin s'est joué lors de la dernière journée. Comment l'avez-vous vécu ?
C'était horrible. L'Euro était magique car une équipe comme la nôtre ne s'attend jamais à remporter un titre comme celui-là. Pourtant, nous l'avons fait. En revanche, un joueur espère toujours participer à la Coupe du Monde. Mon frère me parlait souvent de Mexique 1986. C'est une expérience que tous les joueurs du monde ont envie de vivre. Je me disais que si je pouvais prendre part à une Coupe du Monde, j'aurais vraiment réussi ma carrière. J'ai connu des moments que je n'oublierai jamais en France, d'autant que ce tournoi était extraordinaire.
Votre victoire 4-1 face au Nigeria en huitième de finale de France 1998 compte-t-elle parmi vos meilleurs souvenirs ?
Sans aucun doute. Nous avions une belle équipe. Michael était de retour, après avoir connu quelques difficultés dans les premiers matches. Les médias commençaient à se demander s'il ne fallait pas le laisser sur le banc. N'importe quoi ! Les Nigérians étaient largement favoris. Avec des joueurs comme Jay-Jay Okocha, Tijani Babangida et Nwankwo Kanu, ils nous auraient probablement battus dans un bon jour, peut-être même largement. Mais le Danemark est un petit pays et quand il joue sans pression, il donne toujours le meilleur de lui-même. Nous avons surpris les Nigérians et c'est ce qui a fait la différence. Ils ont tout tenté, mais rien ne marchait comme ils voulaient. Nous avons réalisé le match parfait et nous avions soudain le sentiment de pouvoir monter beaucoup plus haut. Toute l'équipe était habitée par une confiance à toute épreuve.
Vous avez ensuite affronté le Brésil en quart de finale. Aviez-vous le sentiment de n'avoir rien à perdre ?
Nous n'avions pas particulièrement brillé lors de nos trois matches de groupe. Nous savions qu'il faudrait réaliser un nouveau miracle pour avoir une chance de l'emporter, comme nous l'avions fait face au Nigeria, et nous avons marqué après deux minutes. C'était inimaginable. Les Brésiliens étaient stupéfaits, ça se voyait. Ils ont ensuite repris l'avantage mais quand nous avons égalisé, nous avons remarqué qu'il y avait de la dissension dans leurs rangs. Ils se disputaient. Ils n'étaient pas bien. On les sentait fatigués. Je me suis dit : "On va y arriver. On va provoquer la plus grande surprise de tous les temps". Malheureusement, ils avaient à l'époque l'un des meilleurs joueurs au monde en la personne de Rivaldo...
Votre célébration (la photo ci-dessus) lorsque vous avez égalisé à 2-2 reste l'une des plus célèbres images du Danemark en Coupe du Monde. Comment en avez-vous eu l'idée ?
Avant le match, mon fils m'a dit : "Si tu marques, est-ce que tu pourrais faire quelque chose d'un peu spécial ? D'habitude, tu te contentes de courir vers ton but. J'aimerais bien que tu changes un peu". Je me souviens avoir expédié le ballon sous la transversale. Là, il fallait bien que je fasse quelque chose. J'ai agi d'instinct. Franchement, je ne sais pas d'où ça vient, mais je dois dire que j'en suis assez satisfait ! Je venais de marquer contre l'une des meilleures équipes du monde et nous étions tout à coup à deux doigts d'une demi-finale de Coupe du Monde. Je n'y pense pas trop au quotidien mais dès que je donne une interview, tout me revient. Une carrière change un homme à travers des moments qu'on n'oublie jamais.