Le cinéaste espagnol Carlos Saura est mort

Il aura marqué l’histoire du cinéma espagnol à travers ses grands films politiques des années 1970, qui ont attaqué sans relâche le pouvoir franquiste. Né en 1932, Carlos Saura connaît la guerre civile espagnole dès son enfance. Devenu cinéaste,...

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Il aura marqué l’histoire du cinéma espagnol à travers ses grands films politiques des années 1970, qui ont attaqué sans relâche le pouvoir franquiste.

Né en 1932, Carlos Saura connaît la guerre civile espagnole dès son enfance. Devenu cinéaste, il n’a eu de cesse de mobiliser le point de vue de l’enfance et de la jeunesse pour scruter l’évolution politique de son pays. Dès 1967, avec Peppermint frappé, le cinéma de Saura s’attaque ouvertement au régime politique oppressif de son pays. Il y oppose la liberté et l’effervescence juvénile contre le conservatisme et le népotisme de la dictature franquiste.

Un cinéma poétique et politique

Cet engagement politique irrigue son cinéma. Avec Anna et les loups (1972), le cinéaste impose son style si singulier, en faisant d’une maison bourgeoise la métaphore de l’Espagne. Chez Saura, la politique ne passe pas par une forme didactique explicite, mais elle infiltre poétiquement le corps du film de manière symbolique. Avec des allusions et des métaphores, le cinéaste déjoue la censure et attaque sans relâche le régime autoritaire qui a étouffé l’Espagne pendant 40 ans.

Cría Cuervos (1975) sonne le glas du franquisme. Le film, dans lequel il met en scène Géraldine Chaplin (sa compagne durant toutes les années 1970, la mère d’un de ses sept enfants et avec qui il tournera neuf films), Mónica Randall et la jeune et fascinante Ana Torrent, constitue le sommet de la filmographie de Saura. Une nouvelle parabole poétique à partir de l’imaginaire d’une petite fille et dont l’onirisme dresse un merveilleux et bouleversant contrepoint à la situation politique espagnole. Si le visage interrogateur et fragile de la petite Ana est inoubliable, c’est peut-être aussi et surtout la chanson phare du film Porque te vas de Jeannette qui a durablement marqué les esprits. Un tube planétaire qui contribue grandement à la popularité du film. Cette série des grands films politiques des années 1970 se clôt en 1979 avec la suite d’Anna et les loups : Maman a cent ans.

Le reste de sa filmographie est nettement moins inspiré. Avec sa “trilogie du flamenco” (composée de Noces de Sang, Carmen, L’amour sorcier), le cinéaste espagnol entre en étroite collaboration avec le célèbre danseur et chorégraphe Antonio Gades et connaît à nouveau un grand succès mondial. Mais à partir des années 1980, Saura s’enlise dans une série de coproductions internationales écrasée par l’académisme, notamment le très compassé El Dorado (1988), variation personnelle assez lourde sur l’imaginaire des films d’Herzog (Aguirre, Fitzcarraldo etc) ou encore le thriller historique à double temporalité Antonieta (1982), qui réunit quarante avant le Peter Von Kant de François Ozon, Isabelle Adjani et Hanna Schygulla. En 1990, sa plongée dans l’Espagne de la guerre civile à travers le destin d’une poignée de comédien·nes, Ay! Carmela! (Goya du meilleur film en 1991) est probablement son meilleur film de ses quarante dernières années et l’occasion pour lui de tourner avec Carmen Maura, l’égérie de celui qui l’a désormais éclipsé sur la scène internationale, Pedro Almodóvar.

Son dernier long métrage, Las paredes hablan, était sorti début février 2023 en Espagne. Carlos Saura devait recevoir un Goya d’honneur samedi 11 février, lors de la cérémonie des récompenses du cinéma espagnol. Un hommage posthume lui sera rendu.