“Le Consentement” : que vaut l’adaptation sur grand écran du livre de Vanessa Springora ?
L’admirable livre éponyme de Vanessa Springora, paru en 2020, avait fait l’effet d’une bombe : l’éditrice et écrivaine y retraçait, au milieu des années 1980, sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff alors qu’elle avait 14 ans et lui 49....
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
L’admirable livre éponyme de Vanessa Springora, paru en 2020, avait fait l’effet d’une bombe : l’éditrice et écrivaine y retraçait, au milieu des années 1980, sa relation avec l’écrivain Gabriel Matzneff alors qu’elle avait 14 ans et lui 49. Une relation purement sexuelle, pseudo-culturelle, que l’écrivain avait de nombreuses fois racontée dans ses livres, sans que personne ou presque ne s’offusque de ses activités pédocriminelles. Le Consentement était évidemment un titre ironique, car Springora y décrivait surtout l’emprise d’un homme manipulateur sur elle et d’autres adolescent·es.
Adapter ce livre posait plus que jamais la question de la représentation à l’écran d’une telle relation. Comment ne tomber ni dans l’obscène ni dans la vulgarité, sans occulter ce que le film veut dénoncer, sans risquer d’invisibiliser des actes, voire d’atténuer leur gravité ? Vanessa Filho (dont c’est le deuxième long après Gueule d’ange en 2018) choisit sans doute la plus mauvaise option : ne pas vraiment choisir. Tantôt la mise en scène utilise des subterfuges un peu grossiers (images floues, reflets dans des miroirs, cadres qui découpent et cachent) pour éviter de filmer la nudité de la jeune fille, tantôt elle tombe dans une forme de crudité inattendue en exposant soudainement son corps.
Kim Higelin, dans le rôle de Vanessa Springora, est remarquable
C’est ce qui fait la grande faiblesse du film : un manque de cohérence formelle et une réflexion non aboutie sur une question esthétique très délicate. Par ailleurs, Jean-Paul Rouve est un très bon acteur, et pas seulement comique (il l’a déjà montré, notamment dans Petit Pays d’Éric Barbier), mais il est ici mal dirigé, donnant de Matzneff l’image peu subtile, voire très caricaturale, de l’écrivain parisien mondain sous le mitterrandisme. Reste la jeune Kim Higelin, dans le rôle de Vanessa Springora, qui est, elle, remarquable.
Le Consentement de Vanessa Filho, avec Jean‑Paul Rouve, Kim Higelin, Laetitia Casta (Fr., 2023, 1 h 58). En salle le 11 octobre.