Le Covid-19 a créé une pénurie de puces électroniques qui impacte plusieurs secteurs de l'industrie

INDUSTRIE - Si la pandémie de Covid-19 a mis à l’arrêt plusieurs secteurs économiques, elle en a également renforcé d’autres. Dans les pays riches et développés, nos modes de vie plus sédentarisés ont poussé les consommateurs à renfoncer leur...

Le Covid-19 a créé une pénurie de puces électroniques qui impacte plusieurs secteurs de l'industrie

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

L'usine Renault Sandouville en Seine-Maritime a été mise à l'arrêt le 8 et le 9 février à cause de la pénurie de semi-conducteurs.

INDUSTRIE - Si la pandémie de Covid-19 a mis à l’arrêt plusieurs secteurs économiques, elle en a également renforcé d’autres. Dans les pays riches et développés, nos modes de vie plus sédentarisés ont poussé les consommateurs à renfoncer leur équipement pour télétravailler, étudier, regarder la télé ou encore jouer aux jeux vidéo. Les ventes de PC et de consoles ont bondi en 2020, comme les ventes d’électroménager permettant à bon nombre d’entreprises mondiales de ne pas connaître la crise, malgré une récession historique.

Sauf que face à la demande, l’appareil productif mondial de puces électroniques ne suit plus totalement le rythme. Au-delà de leurs capacités de production, ses différents acteurs n’ont pas suffisamment anticipé la tendance, héritée des différents confinements à travers le monde, mais aussi et surtout d’un monde numérique désormais omniprésent dans nos “maisons intelligentes”, de la machine à café, aux enceintes, en passant par les ampoules. Et les mesures d’embargo prises par l’ancienne administration Trump contre les usines de puces chinoises n’ont pas arrangé la donne.

Renault met à l’arrêt certaines de ses usines

Plusieurs grands groupes du secteur de l’informatique comme le géant sud-coréen Samsung -qui produit des smartphones et des télés mais aussi des semi-conducteurs et des puces mémoires-, ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur leurs difficultés ou celles des autres fournisseurs et concurrents.

Dans leur sillage, plusieurs grands groupes automobiles comme Volkswagen, PSA-Fiat Chrysler, General Motors ou encore Ford -dont les véhicules sont désormais truffés de ces microprocesseurs- ont même été contraints de réduire leur production ou de mettre à l’arrêt certains sites de production.

Le secteur est le premier impacté par la crise de production car il n’est pas prioritaire face à la demande des autres secteurs (smartphones, ordinateurs...), du fait de ses marges plus basses et donc de ses budgets d’achats réduits. Selon une étude du cabinet AlixPartner, il pourrait perdre près de 14 milliards de dollars à l’échelle mondiale sur les trois premiers mois de l’année et possiblement près de 60 milliards en 2021.

Les grands constructeurs français, comme Renault, ne sont pas épargnés, poussant Bercy à accueillir ce mercredi 10 février vers 18h une première réunion entre les représentants des deux filières, automobiles et électroniques, pour “faire un premier état des lieux” global sur la situation et s’organiser, nous explique-t-on. Des représentants de l’État seront également présents.

Car la crise devient de plus en plus concrète pour les salariés de ces groupes. En France, Renault a ainsi décidé de fermer, pour deux jours le lundi 8 et le mardi 9 février, son usine de Sandouville près du Havre en Seine-Maritime, où il assemble notamment les utilitaires Trafic et ses autres fourgons. Une de ses lignes de production est également à l’arrêt à Tanger au Maroc, comme l’usine Dacia en Roumanie, faisant craindre un nouveau coup d’arrêt pour l’entreprise tricolore déjà en difficulté et très impactée par la crise.

Du côté de Stellantis (nom résultant de la fusion des constructeurs PSA et Fiat Chrysler Automobiles), on s’inquiète aussi pour le futur proche. “Pour le moment, on travaille, on passe. Jusqu’à la fin de la semaine, pas de problème mais après, on ne sait pas”, a expliqué ce mardi à France 3 Bourgogne-Franche Comté, Jean-Charles Lefèvre, le porte-parole de l’usine de Sochaux. “On a mis en place un numéro vert: les salariés téléphonent pour savoir s’ils travaillent ou pas, au plus tard 4 heures avant la prise de poste. Jusqu’à maintenant, on a étalé la production pour amortir le manque de semi-conducteurs”.

Les syndicats FO et CGT craignent que la pénurie de composants entraîne d’autres arrêts d’usines des constructeurs mais également de leurs sous-traitants. C’est déjà le cas pour l’équipementier français Faurecia, implanté près de Montbéliard dans le Doubs, où la production a été arrêtée. “Il est prévu 5 semaines d’arrêt, on ne reprendra pas la production avant le 21 ou 22 février”, a expliqué mardi à France 3, le délégué syndical central de FO du site, Franck Pattin.

“Pour l’usine Ford de Sarrelouis, en Allemagne, c’est simple: les 6000 salariés sur la Ford Focus ont carrément arrêté de travailler… Nous, on partage la sous-activité. Tout le monde bosse un peu. La moitié de l’effectif est concerné, soit 150 personnes, y compris CDD et intérimaires. Donc, comme ça, le chômage partiel est réparti”, ajoute-t-il.

Alors doit-on craindre une pénurie de voitures neuves ou de lave-vaisselle? Les stocks sont-ils suffisants? Toyota s’est voulu rassurant ce mercredi disant ne pas s’attendre à un impact dans l’immédiat car le groupe dispose d’un stock suffisant pour quatre mois. Mais le retour à la normale sera long car les commandes de puces s’anticipent le plus souvent six mois à l’avance avec les fournisseurs.

Le leader du secteur, TSMC (plus de 50% de la production mondiale), a toutefois prévu d’accélérer la cadence, comme le fabricant franco-italien, STMicroelectronics, qui va augmenter ses investissements en 2021 pour répondre à l’accélération de la demande, en particulier dans le secteur automobile et des microcontrôleurs. 

Le débat sur la souveraineté européenne relancé

La pénurie relance également le débat sur la dépendance et la souveraineté européenne dans ce domaine, alors que 16 pays européens (dont la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne) ont lancé en 2018 “une alliance industrielle” en vue de renforcer dès 2022 les capacités de production sur le continent des puces électroniques les plus stratégiques. L’idée de fusion entre les trois ténors européens STMicroelectronics, Infineon et NXP est également mise sur la table.

“On connaît cette dépendance”, a déclaré la ministre déléguée chargée de l’Industrie ce mercredi matin sur BFM Business, expliquant discuter avec la Commission européenne pour “remettre de l’argent dans cette filière”.

À voir également sur Le HuffPost: Moins de faillites en 2020? Pour cet économiste, ce n’est pas une bonne nouvelle