Le Covid long frappe 60% des patients qui sortent de l'hĂŽpital selon l'Inserm

CORONAVIRUS - Faire Ă©merger l’iceberg des malades invisibles. Alors qu’en France, les chiffres du coronavirus affichent enfin un net reflux Ă  quelques jours des 1Ăšres mesures de dĂ©confinement, une Ă©tude de l’INSERM met en lumiĂšre l’ampleur...

Le Covid long frappe 60% des patients qui sortent de l'hĂŽpital selon l'Inserm

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Image d'illustration

CORONAVIRUS - Faire Ă©merger l’iceberg des malades invisibles. Alors qu’en France, les chiffres du coronavirus affichent enfin un net reflux Ă  quelques jours des 1Ăšres mesures de dĂ©confinement, une Ă©tude de l’INSERM met en lumiĂšre l’ampleur du problĂšme du Covid long, cette maladie touchant les personnes guĂ©ries du coronavirus, mais qui continuent de traĂźner des mois durant un ou plusieurs symptĂŽmes parfois trĂšs handicapants.

DĂ©nommĂ©e French Covid et menĂ©e depuis janvier 2020, l’étude publiĂ©e dans le journal Clinical Microbiology and Infection suit le cas de 4310 patients atteints de cas de Covid nĂ©cessitant une hospitalisation. Ces patients ont ensuite Ă©tĂ© examinĂ©s dans les mois suivant leur guĂ©rison, alors qu’en temps normal la convalescence permet de retrouver l’intĂ©gralitĂ© de ses facultĂ©s (odorat, goĂ»t...) et de son Ă©nergie.

Mais ces contrĂŽles ont permis de mettre avec prĂ©cision le doigt sur une rĂ©alitĂ© longtemps sous-estimĂ©e: de nombreux malades continuent de souffrir d’un ou de plusieurs problĂšmes liĂ©s au Covid, longtemps aprĂšs leur guĂ©rison. D’aprĂšs l’étude française, 60% des patients hospitalisĂ©s ressentent toujours au bout de six mois l’un des principaux symptĂŽmes de la maladie: fatigue, essoufflement, douleur des articulations ou des muscles. Pour 25% des personnes suivies, la situation est encore pire, avec au moins trois symptĂŽmes encore prĂ©sents. 

RapportĂ©s au nombre total des hospitalisations pour Covid, ces chiffres ont de quoi donner le tournis. Depuis mars 2020, 452.000 patients atteints du Covid ont Ă©tĂ© hospitalisĂ©s: cela signifierait que plus de 270.000 personnes souffriraient d’un Covid long... sans prendre en compte les malades qui ne sont pas passĂ©s par la case hĂŽpital.

Plus d’un million de personnes en Grande-Bretagne

Le chiffre est Ă©levĂ©, mais il rappelle les estimations faites ailleurs sur la base de sondages ou d’études de cohorte. Au Royaume-Uni, un questionnaire en ligne a montrĂ© que plus d’un million de personnes disent souffrir, plus de trois mois aprĂšs leur guĂ©rison, d’un ou plusieurs symptĂŽmes du Covid! Le constat, s’il n’est donc pas nouveau sur le fond, permet de rendre compte de l’importance de la question des traitements du Covid long, qui restent cantonnĂ©s aujourd’hui aux soins des symptĂŽmes, et non de la maladie elle-mĂȘme.

L’origine du Covid long reste sujette Ă  de nombreuses interrogations, plusieurs thĂ©ories se faisant face pour expliquer cet Ă©tat qui perdure: le Covid long pourrait ĂȘtre entraĂźnĂ© par une inflammation Ă  bas niveau du cerveau (d’aprĂšs une Ă©tude britannique parue en fĂ©vrier), ou encore une rĂ©action auto-immune de notre organisme, dont les anticorps s’attaqueraient aux cellules de notre cerveau, comme en fait l’hypothĂšse cet article de la revue Nature. 

Mais notre matiĂšre grise n’est pas la seule mise en cause. Une Ă©tude parue dans le Clinical Medicine Journal y voit plutĂŽt un problĂšme du systĂšme nerveux qui ferait notamment baisser la pression du sang; pour d’autres, la responsable serait une molĂ©cule prĂ©sente dans nos cellules, le nicotinamide adĂ©nine dinuclĂ©otide, dont le dysfonctionnement entraĂźnerait toute une sĂ©rie de symptĂŽmes.

Ces hypothĂšses restent encore Ă  confirmer, mais l’étude apporte une donnĂ©e supplĂ©mentaire Ă  la comprĂ©hension du Covid long. Il semble que les personnes ayant souffert des formes les plus graves de la maladie soient plus proportionnellement plus touchĂ©es que les autres, les malades passĂ©s par les services de rĂ©animation faisant Ă©tat plus frĂ©quemment d’un Covid long. Un constat en ligne avec les Ă©tudes internationales parues ces derniers mois, comme cette Ă©tude de cohorte de janvier 2021 sur les patients d’un hĂŽpital de Wuhan.

Un besoin de reconnaissance

D’autres donnĂ©es confirment la carte d’identitĂ© du Covid long, ce dernier semblant affecter plus frĂ©quemment les femmes que les hommes. LĂ  encore, le constat de l’Inserm recoupe les recherches menĂ©es Ă  l’étranger. Ces donnĂ©es restent nĂ©anmoins insuffisantes, et le suivi des participants Ă  l’étude French Covid va continuer jusqu’à 18 mois aprĂšs l’infection. 

En mettant en avant la proportion importante de malades atteints de symptĂŽmes de Covid long, l’étude française met un peu plus la pression sur les autoritĂ©s sanitaires, pointĂ©es du doigt par les associations de malades qui estiment que les structures d’accueil ne sont pas en place. 

Il y a certes eu des progrĂšs en 2021: le 17 fĂ©vrier, l’AssemblĂ©e nationale a adoptĂ© une rĂ©solution reconnaissant les personnes souffrant des symptĂŽmes prolongĂ©s du Covid-19. Un acte fort, bien que symbolique. De son cĂŽtĂ©, la Haute autoritĂ© de santĂ© a publiĂ© un document destinĂ© aux professionnels de santĂ© confrontĂ© Ă  des malades atteints de Covid long. 

Mais ce que rĂ©clament les associations va beaucoup plus loin, avec la crĂ©ation de centres pluridisciplinaires dans les hĂŽpitaux , ainsi que l’obtention du statut d’affection longue durĂ©e (ALD) pour les malades. Cela permettrait une prise en charge Ă  100% des soins par l’Assurance-maladie, pour des malades qui ont parfois dĂ» cesser toute activitĂ© professionnelle. L’étude de l’Inserm met d’ailleurs le doigt sur le handicap causĂ© par le Covid long: un tiers des personnes ayant encore des symptĂŽmes aprĂšs 6 mois n’est pas retournĂ© travailler. 

À voir Ă©galement sur Le HuffPost: Le Covid long reconnu par l’AssemblĂ©e, non sans Ă©motionÂ