Le Croc : « L’évolution est ma carte maîtresse et j’en suis très fier »
Alors que Le Croc a sorti sa toute 1ère mixtape le 4 juin dernier, on s’est entretenu avec lui sur ce projet, ses objectifs, ses collaborations et sa structure. Derrière sa teinture bleue, on parviendrait presque à distinguer les écailles rugueuses...
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Alors que Le Croc a sorti sa toute 1ère mixtape le 4 juin dernier, on s’est entretenu avec lui sur ce projet, ses objectifs, ses collaborations et sa structure.
Derrière sa teinture bleue, on parviendrait presque à distinguer les écailles rugueuses du crocodile. Cet animal fétiche, Le Croc en a fait un emblème et une force contagieuse. Après avoir révélé au rap ses multiples facettes à travers différentes séries de projets, le rappeur a dévoilé sa 1ère mixtape : Mort sûre. Une morsure ambitieuse, impitoyable, qu’il nous a présentée. Rencontre.
On te retrouve pour ta 1ère mixtape, La mort sûre, comment tu te sens ?
Honnêtement, on a connu pire comme sortie tu vois. Ça fait super plaisir, les retours sont bons, mon public apprécie. Je réponds encore à mes abonnés et aux gens qui me découvrent. Je me sens super bien.
C’est ton 1er long projet, tu t’es enfin senti près à le sortir ?
Oui, c’est mon 1er long projet, ma 1ère mixtape. C’est un aboutissement de quinze longs mois de travail. Après, je ne vais pas te cacher, ça me fait comme un vide. Je l’ai tellement porté et gardé en moi que maintenant que c’est dehors, enfin, ça fait bizarre. J’en oublie même la conception : certains morceaux ont plus de quinze mois ! C’est un accomplissement. Ça ne sera pas le dernier projet, mais le 1er à tout jamais.
«À l’été 2020, j’avais fait les deux-tiers du projet mais ce n’étaient que des mélodies»
Un peu plus d’un an après Croco virus Adventure, quel recul as-tu sur ce projet ?
C’est mon dernier projet en date fait au studio 31, celui de Tunisiano de Sniper. Tout mon EP a été fait là-bas. À la base, je préparais déjà La mort sûre, mais il y avait des sons que je ne voulais pas jeter. J’en ai fait alors un EP, ce sont des sons même pas mixés, des maquettes qu’on a envoyées en plein confinement alors que tous les studios avaient fermé. Il fallait envoyer, c’était le moment. C’était un cadeau pour mon public, ma communauté et je ne regrette pas du tout. Ça faisait partie de mon développement.
Parlons de La mort sûre, combien de temps as-tu mis à faire ce projet ?
Environ un an. Au début, c’était de la transition parce que je changeais de studio. Grosse dédicace à Hibo (réalisateur du projet) d’ailleurs. À l’été 2020 j’avais fait les deux-tiers du projet mais ce n’étaient que des mélodies. Il fallait rajouter des sons kickés et trap pour ma communauté du début. Le projet devait sortir en début d’année, mais on l’a décalé parce que ce n’était pas le moment. On voulait encore le travailler pour que ce soit tout frais.
Quelles sont tes ambitions pour ce projet ?
Je veux que les gens le découvrent, l’écoutent et le comprennent. Qu’on rentre dans mon univers surtout. Je voulais montrer que mon public a raison de croire en moi et en ce que je fais.
La DA est maitrisé, avec une cover qui reflète ton personnage, et des registres que tu maîtrises, tu sens que tu as progressé ces derniers mois ?
Oui, j’évolue beaucoup. Ce sont des phases évolutives, je ne suis pas le même qu’il y a un an. Les auditeurs le comprennent bien d’ailleurs, un morceau comme “Bleu” n’a rien à voir avec les “Baw” ou les sons que je sortais au début de ma carrière. Et c’était l’objectif : je me réinvente et je compte continuer encore de progresser. L’évolution est ma carte maîtresse et j’en suis très fier.
Parlons d’un beatmaker qui a tout déchiré et qu’on retrouve deux fois sur ton projet : Flem. Comment s’est faite la connexion ?
Flem, je le respecte beaucoup pour son travail et la couleur qu’il donne aux projets des artistes avec qui il collabore. Il a sa propre patte emblématique. Avant la vague drill française, j’avais déjà essayé d’en faire, mais je trouvais que c’était terni par ceux qui en faisaient en France. Je trouvais que tout le monde prenait des type-beats sur YouTube qui ressemblaient à ceux de Flem. Quand j’ai voulu en avoir sur mon projet, je me suis dit que, quitte à avoir une instru drill, autant demandé au meilleur. Mon producteur l’a contacté en août, et on est allé travailler à son studio.
«La mixtape a été conçu un peu comme un album donc je voulais m’exprimer dès l’introduction»
Comment ça s’est passé au studio ?
Il m’a fait écouter la prod de “Bleu”, et j’ai tout écrit et enregistré au KGB (studio de Flem et du 667). L’atmosphère était incroyable et ce que j’ai réussi à tirer de moi-même là-bas, je ne l’ai jamais plus reproduit. Plus tard, j’y suis retourné et on a fait l’interlude ensemble, un morceau qui me tient à cœur. Gros big-up à lui pour sa magie, pour sa patte et le travail qu’il a apporté à La mort sûre.
Parlons justement de “Bleu”, 1er extrait et introduction du projet. Pourquoi ce titre ?
“Bleu”, c’est la couleur de mes cheveux et je voulais causer dans l’intro. La mixtape a été conçu un peu comme un album donc je voulais m’exprimer dès l’introduction et causer à mon public. La couleur bleue est ma marque de fabrique, qui me colle à la peau. On m’a connu avec ça et j’en joue beaucoup. Je voulais donc logiquement que ce soit l’introduction de mon projet.
Du côté des collaboration, tu avais déjà collaboré avec Aketo et Noname. Cette fois une belle armada pour la mixtape (Kanoe, Mattrach et Villa binks), pourquoi eux ?
Je ne pensais même pas avoir de feat à la base. J’ai toujours compté que sur mes contenus, mon travail et moi-même. Et le fait que des artistes importants comme ça répondent présents sur mon projet c’est un pur régal, vraiment. Au final, on arrive à rajouter de la couleur. Aucun morceau ne se ressemble tout au long du projet et ils ont réussi chacun à apporter des reliefs et de l’essence. On cause musique et on kiffe. C’est beau vraiment.
Beaucoup de monde t’a découvert avec ta série de freestyle “Baw”, quel futur elle, dont le cinquième épisode, est dans le projet ?
Le cinquième est mon préféré je crois. Ce que j’aime beaucoup sur cette série, c’est qu’ils sont tous différents, ce qui n’est pas le cas pour toutes les séries de freestyles qui, souvent, sont presque identique dans l’identité. L’avenir de cette série, je ne sais pas trop, j’ai déjà un “Baw 6” enregistré mais j’attends encore avant de le sortir. On verra plus tard mais ça sera différent encore une fois.
Tu fais un track, le dernier du projet avec Mattrach, guitariste, qui rajoute une couleur au projet, pourquoi ce choix ?
Faut savoir que Mattrach est très connu dans son milieu, c’est lui notamment qui a fait la tournée de Damso sur Lithopédion et ses covers YouTube sont très regardées. En ce qui concerne sa performance sur mon outro, c’est plus un côté rockstar, un peu générique, avec son solo à la fin. C’était une conclusion, j’en voulais une absolument dans mon projet. Que La mort sûre soit découpée en deux avec une intro, outro et un interlude. De base, j’avais fait le morceau seul, mais Hibo, celui qui a fait la réalisation du projet, m’a parlé de ce guitariste. On fait le morceau avec la production, puis trois mois plus tard je le contacte et lui demande un solo à la fin. Le solo est incroyable, bluffant, on dirait Guitar Hero ! J’ai gardé le solo d’une minute et c’est là où j’ai décidé de le mettre en feat.
«L’album, j’y pense depuis le début mais ce sera beaucoup plus tard»
T’es en indépendance total, avec ta structure Croco Records, pourquoi ne pas avoir signé en major ?
Honnêtement, mon équipe fait super bien le boulot, surtout mon manager Juissy. On veut rester fidèle à nos idées, à notre projet. Les maisons de disque c’est bien, ça peut apporter énormément à certains mais aussi enlever certaines choses à d’autres forcément. Et puis, vu comment on est parti, je pense que ça viendra tout seul. En vrai c’est le travail qui fera qu’on en aura plus. Mais la suite là, ça sera ma structure, mon Croco Records que je dois encore développer pour maintenir un cap. On est voué à s’étendre encore mais aujourd’hui le streaming a rebattu les cartes. Tout le monde peut percer en restant indépendant.
Quelle est la suite, dans le futur plus ou moins proche ? La défense de la mixtape ? Un album ?
L’album, j’y pense depuis le début mais ce sera beaucoup plus tard. On ne se précipite pas. Pour l’instant je vais défendre La mort sûre, avec encore des clip sur certains sons. Puis, à partir de la rentrée, on va recommencer à envoyer du son. Je suis déjà sur le deuxième projet. J’ai des idées sur le fond et la forme, et aussi des featurings que ma communauté a suggéré. J’aimerais bien par ailleurs me mélanger avec d’autres artistes, je voudrais me challenger. Après, je ne connais pas beaucoup d’artistes, je ne me montre pas beaucoup, je croise peu de monde. Mais le but final c’est de durer et d’avoir une belle carrière.
La mort sûre, disponible depuis le 4 juin.