“Le féminisme a toujours été une fierté” : Lio s'élève contre le patriarcat dans une interview

C’est à travers Brain Matin, sa newsletter quotidienne, que Brain Magazine a mené plusieurs longs entretiens avec Lio - qui, par la suite, ont été regroupés. Dans la newsletter datée du 6 mars, la chanteuse luso-belge revient sur sa carrière,...

“Le féminisme a toujours été une fierté” : Lio s'élève contre le patriarcat dans une interview

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C’est à travers Brain Matin, sa newsletter quotidienne, que Brain Magazine a mené plusieurs longs entretiens avec Lio - qui, par la suite, ont été regroupés. Dans la newsletter datée du 6 mars, la chanteuse luso-belge revient sur sa carrière, démarrée sur les chapeaux de roues lorsqu'elle avait 16 ans et jalonnée de succès comme Banana Split ou Amoureux Solitaires mais faite aussi de rencontres asphyxiantes. À 58 ans, Lio dénonce le système patriarcal et réaffirme ses idéaux féministes. Extraits.

Dès le début de l’entretien, la chanteuse embraye sur le débat brûlant de la séparation entre l'œuvre et l'artiste : “Moi je n’ai d’ailleurs jamais cru à l’histoire qu’il faille séparer l’œuvre de l'homme. Je veux être très claire là-dessus. Je vois pas pourquoi je ferais ça. Parce que quand j’ai un doigt d’un homme célèbre qui me rentre dans la chatte, je fais pas de différence entre l’homme célèbre et le doigt dans ma chatte. Je ne comprends même pas qu’on puisse l’envisager. Je trouve que c’est une posture intellectuelle peu féconde. Après, ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de talent, ça serait formidable que tous les salopards n’aient pas de talent, on les reconnaîtrait très vite. Je ne suis pas pour un autodafé de leurs œuvres, pas du tout. Mais je pense qu’il ne faut pas taire, qu’il ne faut pas dissocier, qu’il faut en parler. Qu’il ne faut pas d’honneurs pour les violeurs et pour les pédocriminels. Qu’ils soient mis au ban, d’une certaine manière, de la société”.

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“Un peu de tenue, un peu d'honneur”

Elle poursuit : “Dans le même ordre d’idée, je serais très pour qu’un théâtre prenne le nom de Marie Trintignant mais pas qu’une salle de musique prenne celui de Bertrand Cantat. Est-ce que ça semble être une ignominie ou quelque chose d’extrêmement violent ? Je ne demande pas son enfermement, je dis : un peu de tenue, un peu d’honneur”.

Puis, elle revient sur les menaces de mort qu’elle aurait reçu sur Internet après l'assassinat de Marie Trintignant par Bertrand Cantat : “J’avais pris parole dès que j’ai pu pour dire : on arrête de parler de “crime passionnel”, car si on dit ça qu’est-ce qu’on dit à nos filles ? Que l’amour ça veut dire qu’elles peuvent mourir ? C’est un meurtre, il a laissé mourir Marie, il n’a pas appelé les secours, c’est donc un meurtre, un meurtre de femme, c’est un féminicide, aujourd’hui on a ce mot-là pour nommer cet acte. Mais à ce moment on m’a traitée d’hystérique, de connasse, de mal-baisée, de connasse, de salope, de pute… et sur le net, Myspace j’imagine à l’époque, des partisans de Bertrand Cantat et de Noir Désir faisaient circuler des montages où on voyait mon visage tout déformé et couturé, avec des messages de morts. Et mes enfants sont tombés là-dessus, ça a été très dur. C’était les prémices d’Internet mais ce sont toujours les mêmes méthodes : celles du patriarcat, de la masculinité, du phallocentrisme”.

Un prochain disque au casting 100% féminin

Plus loin, après avoir raconté les carcans d'une industrie musicale majoritairement dirigée par des hommes, Lio lâche : “C’est dur hein, mais c’est putain de passionnant ! J’ai été ce jouet qui se débat et ils adoraient ça, parce que plus tu te tortilles au bout de l’hameçon plus tu pleures pour te réconforter sur leur putain d’oreiller de merde et plus ça les excite. Je n’étais entourée que d’hommes mais là le prochain disque que je voudrais faire, que j’avais démarré avant la pandémie, ça sera que des femmes ! J’ai Hoshi qui m’a écrit un truc, peut être que maintenant Angèle voudra bien m’écrire un truc maintenant qu’on échange parfois sur Instagram. Ces filles je les admire à fond, je ne les trouve pas meilleures mais tellement plus futées que moi à l’époque ! De la même manière que j’ai une tendresse pour la Lio de ses débuts, petite fille seule au milieu de ce monde horrible d’adultes. Je les trouve formidablement plus créatives encore que moi. Elles sont plus tout quoi ! Mais j’ai été là, j’ai été leur grande sœur, je le sais. Mon premier album et l’album d’Angèle, il y a une fraîcheur tout en ayant une sophistication. Et elle s’amuse, c’est ça la fraîcheur aussi, on ne donne aucune leçon, on le dit, joyeusement. Et tu sais quoi, chez moi aussi il y avait ça : ce n’est pas une petite chose la joie, c’est ce qui tient le monde, c’est l’harmonie du monde. Et les gens ne s’y trompent pas, ça transpire”.

Plus loin, elle ajoute : “Pour moi le féminisme a toujours été une fierté, une nécessité et un honneur. Ma mère a eu le courage de fuir un pays fasciste (le Portugal à l’époque de Salazar ndlr) sans aucun soutien, seule et enceinte. Elle aussi était une femme éprise de libertés, qui voulait vivre sa vie. Donc je l’étais féministe mais je n’avais pas encore ni déconstruit, ni construit, j’étais une jeune artiste, j’essayais d’exister, d’être autonome, d’avoir ma voie au chapitre et je pensais que c’était acquis tout ça. Donc ça a été très compliqué”.

 L'interview est parue dans la newsletter (payante) du 6 mars de Brain Matin.

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