“Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère” : un docu qui décortique une théorie fumeuse

“Les faits, les chiffres, les preuves, ne pèsent pas lourd face à l’efficacité de la formule.” Voilà qui pourrait résumer sommairement le danger que ce documentaire essaye d’éclairer. Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère propose...

“Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère” : un docu qui décortique une théorie fumeuse

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Les faits, les chiffres, les preuves, ne pèsent pas lourd face à l’efficacité de la formule.” Voilà qui pourrait résumer sommairement le danger que ce documentaire essaye d’éclairer.

Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère propose une analyse détaillée d’une théorie qui devient omniprésente dans l’actualité : le grand remplacement, qui avance l’idée qu’il existerait un processus de substitution de la population française (et blanche) par une population étrangère (souvent africaine ou maghrébine). Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême droite, et Thomas Zribi, journaliste, nous offrent les armes pour comprendre cette thèse xénophobe, ce “fantasme qui ne repose sur aucunes statistiques”, en démontrant qu’elle ne repose sur rien de concret.

Retour aux origines

Comment une théorie, une “idée basée sur des mensonges statistiques”, trouve une légitimité dans le débat public ? Pour répondre à cette question, le documentaire commence par remonter à ses origines historiques. Des historiens, Pascal Blanchard, Hervé Le Bras et Nicolas Lebourg lui-même, retracent son parcours, depuis sa naissance au XIXe siècle avec le livre L’Invasion noire du Capitaine Danrit, sa reprise par Jean Raspail avant d’être théorisée par Renaud Camus et de finalement tomber entre les mains de l’extrême droite.

Le documentaire va d’ailleurs très intelligemment à la rencontre de Renaud Camus, qui est le 1er en 2010 à utiliser le terme de “grand remplacement” pour décrire ce soi-disant phénomène qui effraierait une partie de la population blanche depuis des décennies. Interrogé sur ses fondements, il use de sophisme pour défendre son idée et argumente à l’aide de “la recherche de la petite phrase, toujours” ; une argumentation floue qui repose sur le sens de la formule pour faire oublier le manque de concret, donc.

Ce sont des politistes et journalistes, comme Marion Vaillant et Paul Conge, qui se chargent ensuite d’expliquer comment l’extrême droite française s’est approprié cette thèse, et comment Éric Zemmour a servi de caisse de résonance pour lui permettre de s’immiscer dans les médias et les débats publics, permettant ainsi sa légitimation. Le documentaire s’arrête même sur des “influenceurs d’extrême droite 2.0”, à savoir des youtubeurs qui propagent la théorie du grand remplacement. Un arrêt pertinent à noter qui permet notamment d’expliquer sa popularisation au sein des plus jeunes générations.

Des conséquences concrètes

Pour bien comprendre le danger que peut représenter la montée de la théorie du grand remplacement, le film dresse une liste inquiétante des drames qui en découlent. Il s’arrête sur l’attaque de Charlottesville aux États-Unis en 2017 (1 mort et 35 blessés) et sur l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande en 2019 (51 morts), sans oublier ceux d’Oslo et d’Utoya en Norvège en 2010 (85 morts) perpétrés par Anders Breivik – véritable martyr et précurseur pour des groupes suprémacistes –, qui représentent les 1ers d’une longue liste. L’inventaire glaçant de toutes les tueries au nom de cette lutte contre le grand remplacement est mis en scène de manière macabre : une date sur fond noir, une photo du responsable, des images de la scène, le tout agrémenté d’une description des faits désincarnée, pour un résultat véritablement effrayant.

Peter Hessen, un rescapé d’Utoya qui nous faisait plus tôt une visite guidée des lieux de la tuerie, conclut le documentaire en partageant avec nous son inquiétude quant à l’inaction face à la montée des groupes radicaux. Si le film avait pour objectif d’alarmer, c’est chose faite. En nous apprenant ses origines fondées essentiellement sur la peur, en éclairant son instrumentalisation par certains groupes et en nous présentant ses conséquences dramatiques, on ne peut en effet que prendre conscience de la dangerosité de cette théorie.

Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère, effrayant et inquiétant au 1er abord, apparaît donc d’une importance capitale. Il nous instruit sur cette thèse et nous rappelle à quel point elle peut être dangereuse, nous offrant ainsi les outils pour la déconstruire. Il nous y pousse même.

Le Grand Remplacement, histoire d’une idée mortifère, coproduction Nova Production et LCP-Assemblée nationale, diffusé le lundi 4 avril à 20 h 30 sur LCP.