Le Groenland perd sa neige et ce n'est pas une bonne nouvelle

GROENLAND - Clichés après clichés, le blanc devient gris, le paysage ternit. Par manque de tempêtes apportant leur lot de neige fraîche, le Groenland s’assombrit, selon une étude parue ce lundi 17 mai dans la revue Geophysical Research Letters.Visible...

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En fondant, la neige laisse de gigantesques plaies de terre et de roche, plus sombres. Ainsi à nu, le sol absorbe plus de chaleur, ce qui accentue le réchauffement du Groenland.

GROENLAND - Clichés après clichés, le blanc devient gris, le paysage ternit. Par manque de tempêtes apportant leur lot de neige fraîche, le Groenland s’assombrit, selon une étude parue ce lundi 17 mai dans la revue Geophysical Research Letters.

Visible grâce aux observations satellites, ce léger changement de couleur n’est pas sans conséquence: moins blanc, le Groenland réfléchit moins la lumière du soleil, ce qui accélère son réchauffement; à la surface de la calotte glaciaire, il fait déjà au moins 2,7C° de plus en moyenne qu’en 1982.

Exit, la surface blanche, qui d’ordinaire réfléchit les rayons du soleil - ce que les scientifiques appellent “effet d’albédo”. En fondant, la neige laisse de gigantesques plaies de terre et de roche, plus sombres. Ainsi à nu, le sol absorbe plus de chaleur, ce qui accentue le réchauffement du Groenland.

Le “blocage atmosphérique” en cause

Mais la raison de cet assombrissement restait mystérieuse: est-il causé par la présence dans la neige de particules absorbant la lumière (par exemple de la suie issue de la combustion d’énergies fossiles), ou par autre chose? Pour répondre, des chercheurs de l’université de Darmouth ont parcouru des centaines de kilomètres au Groenland afin de mener deux campagnes de prélèvements et de relevés, durant les étés 2016 et 2017.

La taille des flocons au sol, la façon dont ils réfléchissent la lumière, et les impuretés présentes dans la neige ont été mesurées sur des dizaines de sites. Les scientifiques ont conclu que la pollution ne pouvait être tenue pour responsable: “Il s’agit de l’une des neiges les plus propres du monde”, explique Gabriel Lewis, un des principaux auteurs de l’étude, cité dans un communiqué.

Selon eux, le fautif est à chercher ailleurs: le renforcement d’un phénomène climatique, appelé blocage atmosphérique, pouvant stagner jusqu’à plusieurs semaines au-dessus de certaines régions du Groenland, a réduit le nombre de tempêtes de neige.

Le Groenland fond de plus en plus vite

Or, ces phénomènes météorologiques sont essentiels. ”Lorsque (la neige) tombe et reste à la surface, au soleil, elle change de forme et les flocons grossissent”, explique Gabriel Lewis. Le même phénomène climatique entraîne par ailleurs le maintien d’air plus chaud au-dessus de ces régions, ainsi qu’une réduction de la couverture nuageuse.

Les rayonnements solaires étant moins filtrés, la transformation des flocons de neige au sol est ainsi encore accélérée. “C’est comme un triple coup dur. Tout cela contribue à ce que le Groenland fonde de plus en plus vite”, résume Erich Osterberg, professeur associé à Dartmouth et chercheur principal pour cette étude. 

“En quelques heures déjà, puis en quelques jours, vous obtenez cette baisse en réflectivité, et c’est pourquoi la neige fraîche est si importante”, conclut Erich Osterberg.

Environ 80% de la surface du Groenland est recouverte par une calotte polaire ou de la neige fraîche - le territoire est la deuxième plus grande masse de glace sur Terre après l’Antarctique. Au rythme du réchauffement actuel, cette surface pourrait totalement fondre d’ici quelques siècles.

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