Le jingle de la SNCF, une boucle de GarageBand et un préréglage de clavier arrangeur : 5 histoires de samples

David Gilmour – Rattle That Lock Sur le papier, on a du mal à croire qu’il existe un lien entre un ex-Pink Floyd et la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). On a encore plus de mal à croire que de ce lien découle un sample inattendu,...

Le jingle de la SNCF, une boucle de GarageBand et un préréglage de clavier arrangeur : 5 histoires de samples

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

David Gilmour – Rattle That Lock

Sur le papier, on a du mal à croire qu’il existe un lien entre un ex-Pink Floyd et la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). On a encore plus de mal à croire que de ce lien découle un sample inattendu, un morceau… et un procès. Tout part d’un voyage en France en 2013, conduisant David Gilmour, ancien guitariste du groupe britannique, à passer par la gare SNCF d’Aix-en-Provence, où ce dernier entend retentir pour la 1ère fois le jingle que l’on connaît tous. Coup de cœur immédiat.

Dans un communiqué de presse, l’artiste explique à l’époque avoir enregistré l’échantillon sonore sur son téléphone et avoir retrouvé son compositeur, un certain Michaël Boumendil, patron de Sixième Son. Dans un article de Télérama, on apprend que les deux ont signé un contrat, avec l’aval de la SNCF, pour permettre à David Gilmour de sampler l’extrait. Après un passage en studio, naît le morceau Rattle That Lock, extrait de l’album du même nom sorti en septembre 2015. Mais un an après la sortie du titre, le compositeur du jingle samplé fait volte-face, et assigne en justice la société de David Gilmour, estimant que l’artiste n’aurait pas respecté les termes dudit contrat – et réclame au passage 450 000 euros. Résultat des courses, en mai 2019, le tribunal a finalement blanchi l’ex-Pink Floyd, et Michaël Boumendil a été condamné à rembourser ses frais de justice (une décision maintenue lors du procès en appel, en 2021).

NTM – Le Monde De Demain / IAM – The Real B-Side

Difficile de trouver meilleurs antagonistes que ne l’ont été Suprême NTM et IAM dans les années 1990 – provoquant même des bagarres générales entre fans des deux camps ennemis. À l’ère des cassettes à bandes magnétiques, et du temps où les BPM étaient encore sages, tout opposait le duo de rappeurs dyonisiens au groupe tout droit venu de Marseille. Tout ou presque, car IAM et NTM ont tout deux samplé un même morceau de Marvin Gaye, le très soul “T” Stands For Trouble. Les uns en 1990 sur le titre The Real B-side, extrait de leur 1er album Concept, les autres sur Le Monde de Demain, un peu plus tard la même année. La parenté du sample peut être accordée aux phocéens, qui étirent l’instrumental du titre de Marvin Gaye sur la 1ère minute de The Real B-side. D’autant que ces derniers ont pour réputation d’avoir samplé la terre entière.

Kanye West – 30 Hours

Parler de samples sans évoquer la discographie de Kanye West relève presque de la mission impossible. Car le rappeur a à peu près tout samplé dans sa carrière, d’Aphex Twin à Brenda Lee en passant par Tears for Fears et Donna Summer – ce qui lui vaut d’ailleurs actuellement un procès avec les ayants droits de la chanteuse. Et ce jusqu’à récemment encore, comme le 25 février dernier lors de sa fameuse “listening experience” organisée à Bercy, où Ye a partagé une reprise des Backstreet Boys, qui ne figure pas sur son dernier album. Alors s’il fallait en citer un, arrêtons nous sur un de ses albums les plus marquants, l’expérimental The Life of Pablo (2016), et sur un titre, 30 Hours. Ici, le rappeur échantillonne l’écho de voix et les airs de violoncelle d’Answers Me, morceau du chanteur et compositeur américain Arthur Russell, et en modifie les paroles (“Baby, I’ll be / where the eyelids go” devient “Baby, I still / drove 30 hours to you” dans la version Kanye), pour en faire un titre hip-hop planant.

A$AP Rocky feat. Skepta – Praise The Lord (Da Shine)

Parfois, il en faut peu pour faire un tube. C’est ce qu’a prouvé par A plus B le rappeur A$AP Rocky avec l’un des morceaux – si ce n’est LE morceau – les plus populaires de sa carrière. Dès les 1ères secondes d’écoute, les airs de flûte de Praise The Lord (Da Shine) rendent le titre reconnaissable entre mille. C’est peut-être même l’une de ces chansons dont seule l’évocation suffit à certains pour avoir la mélodie en tête. On aurait presque du mal à croire que cet instrumental grisant et addictif provient d’un pack d’accords en libre accès daté de 2006, et tiré du logiciel de création musicale pour débutants d’Apple, GarageBand. Les dizaines de tutos vidéos sur YouTube proposant de recréer l’instru témoignent de la simplicité de la prod, qui n’en demeure pas moins extrêmement efficace.

Gorillaz – Clint Eastwood

Sur le même registre, le groupe britannique Gorillaz s’est lui aussi contenté de peu pour livrer le tube Clint Eastwood. Dans un entretien mené par Zane Lowe pour le compte d’Apple Music, le membre fondateur du groupe Damon Albarn, en toute décontraction, levait le mystère sur l’origine du morceau : “That’s it. That’s the preset. It’s the Rock 1 preset.” On comprend alors que tout provient d’un préréglage, disponible avec le clavier Omnichord Suzuki OM-300 datant des années 1990. Si pour certains cela a de quoi démystifier la chanson, d’autres peuvent y voir le génie derrière le morceau.