Le manque de responsabilité sociale nuit à la sortie de cette crise du Covid - BLOG
COVID - La 1ère fois que je me suis intéressée au thème de la responsabilité sociale, et a fortiori de l’irresponsabilité sociale, c’était il y a cinq ans. Je menais une recherche dirigée par le Pr Fournet de l’Université de Savoie, en partenariat...
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COVID - La 1ère fois que je me suis intéressée au thème de la responsabilité sociale, et a fortiori de l’irresponsabilité sociale, c’était il y a cinq ans. Je menais une recherche dirigée par le Pr Fournet de l’Université de Savoie, en partenariat avec l’équipe de l’UEROS de la Gaude.
Le thème de l’étude concernait la reprise de la conduite automobile après avoir subi un traumatisme crânien avec séquelles cognitives et émotionnelles. Les recommandations de bonnes pratiques de la HAS étaient alors en cours d’élaboration.
Beaucoup de nos hypothèses n’avaient pas été validées et ont révélé des résultats inattendus qui ont été publiés. Nous avions en effet montré qu’en plus du nombre de jours de coma et du nombre d’années d’expérience de conduite, c’était non pas des facteurs cognitifs (attention, mémoire de travail, etc.) qui étaient prédictifs d’une “bonne” aptitude à la conduite automobile (évaluée in situ avec un moniteur auto-école), mais des facteurs d’ordre émotionnel et de personnalité, à savoir la responsabilité sociale et la stabilité psychique. Ainsi, plus les scores de responsabilité et de stabilité psychique étaient élevés, moins la conduite était dangereuse pour le conducteur et donc pour les autres.
La responsabilité sociale dans une société individualiste
Aujourd’hui, c’est avec un regard à la fois de citoyenne française, psychologue, et maman enceinte de neuf mois, dans un contexte de pandémie, que je me questionne de nouveau sur la question de la responsabilité sociale. Je crois qu’il est important, sinon essentiel, de causer de ce problème humain sérieux, et pourtant bien trop négligé.
Que faire lorsque des voisins testés positifs au Covid-19 sortent de chez eux plusieurs fois par jour, et préviennent en outre de leur positivité en se croisant par hasard dans les couloirs?
Que faire lorsque ces mêmes voisins vivent dans un bâtiment où se croisent une femme enceinte de neuf mois, un enfant trop jeune pour porter un masque, et plusieurs personnes âgées voire très âgées, isolées pour certaines, et atteintes de problèmes de santé connus du voisinage?
Il serait difficile d’évaluer précisément à quel point cette situation est isolée, ou au contraire à quel point elle se répète, contribuant ainsi au maintien de cette pandémie, et aux mesures liberticides dont nous souffrons tous.
Jusqu’où devra-t-on aller pour protéger le plus grand nombre dans une population habituée à penser de manière individualiste? Qu’est-ce qu’être responsable dans ce contexte? Divulguer des informations confidentielles pour protéger les autres? Protéger la vie privée des individus en priorité? Autant de questions très préoccupantes pour lesquelles nous manquons cruellement de réponses, et d’études, notamment sur les aspects psychologiques et sociologiques.
Les analyses psychologiques ne sont pas prises en compte
Face à cette situation inédite, prendre des décisions sous le regard purement biologique, corporel, et épidémiologique, ne suffit pas. N’est-ce pas en effet par un biais et un contact humain que nous transmettons le virus? N’est-ce pas ainsi lié aux mouvements humains, aux prises de décisions et aux comportements humains, ce dont les psychologues sont justement spécialistes?
Le propos que je souhaite transmettre ici, c’est qu’accroître la privation des libertés ne revient au final qu’à employer des mesures béquilles. Tel un médicament qui réduirait les symptômes, mais pas la cause de ceux-ci, on en revient ainsi sans cesse à voir réapparaître les mêmes symptômes ou comportements! Pire, ce type de mesures risque de renforcer l’interdit et ainsi, le désir de le braver.
Cela a déjà été montré par des études en psychologie concernant les spots publicitaires avec images choc, pour tenter de réduire la consommation de tabac par exemple. Le rejet suscité par ces images peut renforcer le comportement même qu’on cherche à réduire ou à supprimer. C’est donc contre-productif, en particulier pour les personnes qui souffrent déjà d’addiction au tabac. Malheureusement, il s’agit encore une fois d’un exemple parmi d’autres où comme souvent dans notre pays, les avis et connaissances des psychologues cliniciens et chercheurs en psychologie de diverses spécialités ne sont pas entendus.
Éducation et implication sociale
Ce ne sont ni les chiffres ni la quantité d’informations reçues -bien que tous deux nécessaires- qui auront le plus d’impact sur les choix des individus et sur leur prise de risque. Pour réduire ce problème sérieux qu’est le manque de responsabilité sociale sur la propagation du virus, il faut passer en priorité par ce qui a le pouvoir de modifier durablement et efficacement les comportements: l’éducation et l’implication des populations!
Non pas uniquement par des connaissances purement factuelles et intellectuelles, mais aussi, sinon surtout, par l’éducation au savoir-vivre, au développement de comportements prosociaux, à la communication, à la lecture et à la compréhension des émotions, au travail en équipe, à l’intelligence émotionnelle, et à l’intérêt de considérer l’autre, y compris pour son propre intérêt général!
Tant qu’il n’y a aura pas de réelle prise de conscience, et un travail collectif sur les points précités, et ce, dès les 1ères années de vie d’un individu, alors l’individualisme restera un énorme frein pour se remettre d’une pandémie telle que celle que nous traversons actuellement. Tant que la toute-puissance médicale se privera des sciences humaines, alors nous manquerons de réponses et donc de solutions. Or, un avenir sans les autres et sans intégrer l’“humain” dans les corps, n’existe pas! Pire, il est insensé et délétère pour notre survie à tous!
À quand une véritable réflexion sur les ravages de l’individualisme? À quand une reconnaissance et une prise en compte des connaissances et de l’expérience de professionnels des sciences humaines pour des prises de décisions aussi importantes, et lourdes de conséquences que celles prononcées par notre gouvernement?
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