“Le Petit Nicolas”, une œuvre-hommage à réserver aux plus petits

L’annonce d’un film animé Le Petit Nicolas a pu curieusement produire il y a quelques mois en nous une impression rassurante, comme si le trait divinement aérien de Sempé pouvait peut-être reprendre le pouvoir sur sa propre création et l’extirper...

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L’annonce d’un film animé Le Petit Nicolas a pu curieusement produire il y a quelques mois en nous une impression rassurante, comme si le trait divinement aérien de Sempé pouvait peut-être reprendre le pouvoir sur sa propre création et l’extirper de cette espèce de tsunamis d’adaptations surproduites de la dernière décennie, qui se mélangeaient dans notre tête avec celles de Ducobu, superposant une cour d’école pavée, un filtre jaunâtre et des stars moustachues interchangeables (Kad Merad, François-Xavier Demaison, Gérard Jugnot, Élie Semoun…).

Le voilà effectivement sorti de cette gangue, mais moins pour faire l’objet d’une adaptation que d’une sorte de méta-Nicolas, mélangeant saynètes issues des livres et reconstitutions idéalisées de l’invention du personnage – c’est-à-dire Sempé et Goscinny, papotant dans des cafés du Paris d’après-guerre, peaufinant à leur bureau leur création, qui se matérialise devant eux et leur fait la conversation.

Un héros inadaptable

Le résultat se heurte surtout à quelque chose qu’on aurait au fond pu deviner : Le Petit Nicolas, c’est trop gracile, trop léger, trop fugitif pour supporter la moindre adaptation. Quelque chose d’indicible, qui a le poids de l’air et qui renferme toute la poésie de Sempé s’évanouit instantanément dans la fluidité huileuse du récit animé, ses effets musicaux (il fallait s’y attendre, mais ça fait quand même beaucoup d’accordéon), ses excès de détail (à l’encontre des principes de l’original qui veut que Nicolas soit un garçon générique, sans singularité, volontairement indistinguable de ses copains – parti pris génial, mais totalement impropre à un héros de long-métrage).

Reste une œuvre-hommage essentiellement adressée à un public très jeune – les plus mûrs risqueront de moins supporter la prévisible débauche de mauvais jazz, de voix criardes, de gentilles bêtises et de cartes postales jaunissantes.

Le Petit Nicolas – Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre. En salles le 12 octobre.