Le prix des carburants augmente plus vite que l'activité en France, voici pourquoi

CARBURANT - L’or noir porte bien son surnom. Avec la levée des restrictions de circulation en journée en France, nombreux sont ceux à avoir été tentés de partir se dépayser pendant le pont de l’Ascension. Mais les prix affichés à la pompe à...

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Hausse du prix des carburants: pourquoi, comment et pour combien de temps?

CARBURANT - L’or noir porte bien son surnom. Avec la levée des restrictions de circulation en journée en France, nombreux sont ceux à avoir été tentés de partir se dépayser pendant le pont de l’Ascension. Mais les prix affichés à la pompe à essence ont pu radicalement refroidir les ardeurs de certains. Il faut dire que, depuis plusieurs mois, le prix des carburants ne cesse d’augmenter, et ce alors que l’activité économique tourne encore globalement au ralenti en France et dans le monde. Alors à quoi est due cette hausse des prix et cela va-t-il durer?

À ce jour, le prix de l’essence sans-plomb a augmenté de plus de 11% depuis le 1er janvier. Sur les douze derniers mois, cette hausse atteint même plus de 25,3 centimes d’euro, soit 19,8 %, et le coût moyen du litre de sans-plomb 95 atteint ce 25 mai 1,526 €. Celui du sans-plomb 98 grimpe à 1,603 €, note Ouest France. Idem pour le gazole avec une augmentation de près de 9% depuis le début de l’année et un surcoût de 22,3 centimes d’euro par rapport à l’an passé (+ 18,6 %). Le litre a d’ailleurs augmenté de 1,3 centime (+ 0,9%) au cours de la dernière semaine et se tient à 1,422 €.

Les prix augmentent après avoir lourdement chuté en 2020. Pourtant la demande n’était pas plus forte ces derniers mois avec un trafic routier relativement faible, dû notamment au télétravail, au confinement, et un trafic aérien encore réduit. La raison à cela? La flambée du prix du pétrole. 

Le pétrole tente de se remettre de la crise sanitaire

En effet, le prix de l’essence est indexé à celui du baril de pétrole et ce dernier a flambé pendant l’année écoulée. À noter que les taxes, elles, n’ont pas été augmentées (et pourtant elles constituent 70% du prix au litre, alors que le pétrole en lui-même seulement 30%). Ainsi, selon des données de l’Insee, le prix du baril de pétrole se négociait à 16,9 euros en avril 2020, alors qu’un an plus tard, en avril 2021, il s’affiche à 54,1 euros. Ce dernier chiffre se rapproche du prix auquel se vendait le pétrole avant la crise sanitaire en février 2020 (51,1 euros). 

Courbe des prix en euros et en dollars du baril de pétrole brut de la mer du Nord (Brent) 

Il y a deux raisons à cette augmentation des prix du pétrole et l’une d’elles est évidemment la crise sanitaire. Face à la chute de la demande au printemps 2020, les pays de l’Opep ont radicalement diminué la cadence de production afin de ne pas se retrouver avec des stocks de pétrole sur les bras. Des stocks qui, pour certains pays, ne sont même pas stockables. En effet, comme l’expliquait au HuffPost Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations Internationales et stratégiques (Iris), le Texas a par exemple fait le choix au printemps dernier de réinjecter du pétrole déjà extrait, directement sous terre, “faute de place où le stocker”.

La cadence de production, mise au pas, doit maintenant être remise en route avec la reprise progressive de l’activité économique mondiale, afin de restaurer l’équilibre offre/demande. Le décalage actuel est l’une des causes de la hausse des prix, explique Mathilde Adelinet à Actu.fr: “Cette hausse est la conséquence d’une production de pétrole qui reste encore faible et une demande qui commence à remontrer au niveau mondial”.

Enfin le deuxième facteur de cette hausse des prix du pétrole est l’optimisme, et notamment celui des marchés financiers. En effet, ces derniers misent sur une reprise économique forte depuis la mise en place des campagnes de vaccination dans le monde. Optimisme notamment galvanisé par les annonces de Joe Biden sur un plan de relance de 1900 milliards de dollars pour le 1er pays consommateur de pétrole, précise Francis Perrin auprès de Ouest France. Une attente fébrile qui fait monter les cours, sans que l’offre soit encore disponible donc.

L’équilibre et la baisse des prix? Pas pour tout de suite 

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit ainsi un rebond de la demande mondiale de 5,7 millions de barils par jour (mb/j) cette année, pour atteindre 96,7 mb/j. Elle avait plongé de 8,7 millions de barils l’an dernier. Les analystes de Goldman Sachs ont même prédit de leur côté un baril à 80 dollars dans les six prochains mois. Ils attendent notamment “un rebond significatif de la demande mondiale de pétrole”, citant la vaccination et la reprise attendue des voyages aériens. 

L’équilibre qui fera redescendre le prix des carburants ne va donc pas se rétablir de suite. Pour l’instant, l’optimisme des marchés se heurte surtout à la prudence des producteurs pétroliers. À ce jour, les membres de l’OPEP n’ont pas annoncé de décision commune pour augmenter la production afin de réguler le marché. Ces derniers “sont encore un peu frileux pour remettre en activité tous leurs puits de pétrole”, note Mathilde Adelinet auprès d’Actu.fr. Et pour cause: face à l’effondrement de la demande en mars 2020, les producteurs de pétrole ont stoppé leurs puits et les redémarrer nécessite de très lourds investissements.

Or difficile de prévoir l’évolution de la crise et d’éventuels nouveaux confinements. Ajoutez à cela que la demande mondiale de pétrole en 2021 devrait rester assez faible par rapport aux standards d’avant-crise, les producteurs restent ainsi très prudents sur leur production. 

Alors combien de temps les Français -et le reste du monde- vont-ils devoir subir des prix faramineux à la pompe? Difficile à dire mais cela “peut durer plusieurs mois, c’est quasiment sûr et certain”, estime auprès de LCIChristopher Dembik, économiste chez Berenberg Bank. L’expert anticipe “un processus transitoire qui durerait trois à six mois”, mais juge qu’“en revanche, sur du plus long terme, il n’y a aujourd’hui aucun élément permettant de dire que ça peut perdurer”.

Tendance éphémère ou non, notons que ce mardi 25 mai, l’Insee relève pour le mois d’avril 2021 une légère baisse du prix du baril de pétrole brut de la mer du Nord (Brent), après cinq mois d’augmentation constante.  

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