Le procès de Valérie Bacot, jugée pour avoir tué son mari violent, s'ouvre
JUSTICE - “Il fallait que ça s’arrête”: Valérie Bacot, souvent considérée comme la nouvelle Jacqueline Sauvage, comparaît ce lundi 21 juin aux Assises de Saône-et-Loire pour avoir tué son ex-beau-père, qui l’a violée dès l’âge de 12 ans avant...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
JUSTICE - “Il fallait que ça s’arrête”: Valérie Bacot, souvent considérée comme la nouvelle Jacqueline Sauvage, comparaît ce lundi 21 juin aux Assises de Saône-et-Loire pour avoir tué son ex-beau-père, qui l’a violée dès l’âge de 12 ans avant de devenir à la fois son mari et son proxénète.
“J’avais peur. Tout le temps”, se souvient Valérie Bacot, aujourd’hui âgée de 40 ans, dans son livre “Tout le monde savait” (ed. Fayard) qui retrace l’enfer qu’elle a vécu pendant quasiment toute sa vie.
Elle avait 12 ans quand l’amant de sa mère, Daniel Polette, de 25 ans son aîné, la viole pour la 1ère fois. Condamné en 1995, il réintègre le domicile maternel dès sa sortie de prison et viole à nouveau Valérie. Elle tombe enceinte à 17 ans, se fait chasser par sa mère alcoolique et ne voit son salut que dans une installation avec “Dany”.
Mais l’homme, qui boit “sa bouteille de pastis” et des dizaines de bières chaque week-end, se montre encore plus violent: à Noël, il assomme Valérie Bacot d’un coup de marteau parce que la guirlande qu’elle a achetée ne fonctionne pas. Un autre jour, il l’étrangle jusqu’à l’évanouissement alors qu’elle est enceinte, explique l’accusée.
Puis, en 2004, il l’emmène dans la forêt et la fait s’allonger à l’arrière de la 806 familiale où elle se vendra pour 20 euros. Elle doit porter une oreillette pour entendre les “instructions” de Dany. Elle s’appellera “Adeline”, une escort-girl connue des restaurants routiers près de Montceau-les-Mines.
Valérie Bacot “encaisse”, comme elle dit, dans la terreur d’être tuée si elle tente de fuir. Dany l’a menacée “une dizaine de fois” avec un pistolet, selon l’enquête. Mais, à 14 ans, sa fille Karline confesse: “il m’a demandée comment j’allais sexuellement”. “Il faut que ça s’arrête”, se dit alors sa mère.
Le 13 mars 2016, après que Dany eut exigé de sa femme une nouvelle humiliation sexuelle par un client, elle saisit le pistolet que son mari bourreau cache dans la 806 et le tue d’une balle dans la nuque. Valérie Bacot cache le corps, avec l’aide de deux de ses quatre enfants. Mais, arrêtée en octobre 2017, elle avoue immédiatement. Elle sera libérée sous contrôle judiciaire un an plus tard.
“Tuer pour survivre”
“Ce sont les violences extrêmes subies pendant près de 25 ans et sa peur de les voir se perpétuer à l’encontre de sa propre fille qui l’ont conduite, de manière inexorable, au passage à l’acte”, estiment les avocates de Mme Bacot, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini.
Ces dernières avaient déjà défendu Jacqueline Sauvage, symbole des violences conjugales, condamnée pour avoir tué son mari puis graciée en 2016. Elle est décédée l’an dernier.
“Je souhaiterais attirer l’attention sur le fait que ces femmes victimes de violences ne sont pas protégées. La justice reste trop lente, pas assez réactive et manque de sévérité envers les auteurs, ce qui leur permet de continuer à perpétrer des violences en toute puissance. C’est cela même qui peut conduire une femme désespérée à tuer pour survivre”, déclare à l’AFP Me Bonaggiunta.
“Le fruit de tant de dysfonctionnements”
“Mon histoire est le fruit de tant de dysfonctionnements”, assure Valérie Bacot, accusant en particulier le retour de son violeur au domicile familial, dès sa sortie de prison, et les deux signalements à la gendarmerie que ses enfants disent avoir faits pour dénoncer les violences. Aucune trace n’en a été retrouvée.
L’expertise psychiatrique menée a conclu à une “soumission à une forme d’emprise” confirmant le “syndrome de la femme battue”. Valérie Bacot “avait acquis la certitude que “seul ce geste pourrait lui permettre de protéger ses enfants”, selon l’expertise.
Plus de 500.000 personnes ont signé une pétition réclamant “la liberté” pour Valérie Bacot, qui encourt la perpétuité. “Je voulais seulement me protéger, ma vie et celle de mes enfants”, écrit Mme Bacot dans son livre, demandant que “la situation évolue” pour “aider à rompre l’emprise avant que nous soyons réduites à de telles extrémités”.
Interrogée, la défense de Daniel Polette n’a pas souhaité s’exprimer. Le procès à Chalon-sur-Saône doit s’achever vendredi.
À voir également sur Le HuffPost: À leur procès, les harceleurs de Mila apparaissent comme des “fils que tout le monde pourrait avoir”