Le procès des attentats du 13-Novembre, une logistique titanesque
JUSTICE - Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s’ouvre ce mercredi 8 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. À drame hors norme, dispositif hors norme: il s’agira là de la plus grande audience criminelle jamais organisée...
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JUSTICE - Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s’ouvre ce mercredi 8 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. À drame hors norme, dispositif hors norme: il s’agira là de la plus grande audience criminelle jamais organisée en France.
Six ans après les attaques terroristes les plus meurtrières commises dans le pays, la logistique et la préparation requises ont été titanesques pour que les 20 accusés et les près de 1800 personnes qui se sont constituées parties civiles passent devant la justice.
Salle sur mesure
À commencer par la construction, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article, d’une salle spéciale au cœur de l’historique Palais de Justice de Paris pour accueillir l’événement qui se déroulera jusqu’au 25 mai 2022, au moins.
Construite de A à Z dans la salle des pas perdus, cette gigantesque enceinte flambant neuve pourra permettre à 550 personnes de prendre place. Si l’affluence dépasse le nombre de sièges disponibles, une quinzaine de salles de la cour d’appel aux alentours pourront aussi être utilisées pour retransmettre les débats, portant la capacité totale d’accueil au sein du Palais à plus de 1000 places.
Régie vidéo et webradio
La nouvelle salle intègrera aussi une impressionnante régie vidéo qui permet de piloter à distance les huit caméras qui enregistreront l’entièreté des débats. Non pas pour les diffuser à la télévision mais pour graver un moment d’Histoire. Le procès sera en effet le quinzième en France, depuis celui de Klaus Barbie en 1987, à être intégralement filmé pour la constitution d’archives audiovisuelles de la justice.
Pour les participants ne pouvant ou ne souhaitant pas se déplacer, un dispositif exclusif pour un procès criminel sera mis en place: les parties civiles pourront accéder à une webradio ne diffusant que le son -les images ne pouvant pas sortir du Palais sauf pour être stockées aux Archives- dans des conditions ultra-sécurisées.
“Les parties civiles qui le demanderont obtiendront du greffe un code d’authentification, ils se connecteront sur internet, et sur leur écran ils auront en léger différé de 30 minutes la retransmission radio des débats”, a notamment expliqué à l’AFP Jean-Michel Hayat, 1er président de la cour d’appel de Paris.
30 minutes chacun
La salle principale, et ses annexes, seront occupées pour au moins 145 journées d’audience prévues jusqu’au 25 mai 2022, selon un planning prévisionnel diffusé en juillet. Les audiences doivent débuter à 12h30 et ne se tiendront pas en principe les lundis, sauf lors des auditions de parties civiles et des plaidoiries.
Le magistrat qui présidera l’audience, Jean-Louis Périès, a expliqué qu’il entendait consacrer les deux 1ères journées à l’appel des parties civiles et à celui de la centaine de témoins cités parmi lesquels l’ancien président de la République François Hollande.
La lecture du rapport, soit un résumé des faits, exercice incontournable mais fastidieux alors que le dossier d’instruction compte un million de pages et 542 tomes, n’interviendra que le troisième jour.
Pour le reste, tout est évolutif car beaucoup d’éléments sont encore en suspens entre l’intervention des victimes étrangères et leur possible interprète, le nombre réel de personnes qui viendront expliquer l’horreur à la barre... “Pour le moment, le président a tablé sur 300 prises de parole de 30 minutes chacune”, a précisé en juin Gérard Chemla, conseil de parties civiles. Soit “quatorze auditions par jour”, complète un autre avocat.
“Rien ne doit nous échapper”
Côté accusés, quatorze seront présents, dont Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont tué 130 personnes et blessé des centaines d’autres à Saint-Denis et Paris. Onze seront détenus et trois libres sous contrôle judiciaire. Six autres accusés seront jugés par défaut.
Trois avocats généraux représenteront l’accusation, portée par le parquet national antiterroriste (Pnat): Camille Hennetier, Nicolas Le Bris et Nicolas Braconnay. Mais au total, 330 avocats figurent au dossier, dont environ 300 représentant les 1800 parties civiles.
Désigné pour présider le procès du 13-Novembre, le magistrat Jean-Louis Périès a été déchargé de toute autre audience depuis l’automne 2019. Il lui a fallu prendre connaissance de l’ensemble des pièces de ce dossier faramineux.
“Rien ne doit pouvoir nous échapper. On doit pouvoir se référer à la pièce, savoir à quoi correspond cette pièce et qu’est-ce qu’on peut en tirer”, explique à l’AFP Régis de Jorna, le magistrat qui a présidé l’audience des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.
Et une fois le procès entamé, avant chaque début d’audience, ce sont également “plusieurs heures de préparation” à planifier: un lever ”à 4h30 le matin pour relire les procès-verbaux de la journée, voir la façon dont j’allais mener l’interrogatoire”, révèle Régis de Jorna. “Cela fait des journées très denses, week-end compris, avec beaucoup de fatigue physique, de fatigue nerveuse. Et le lendemain, il faut être à nouveau en bonne forme”.
Palais de Justice bunkerisé
Et il n’y a pas que dans la salle que la situation demandera de gros efforts logistiques. Entre parties civiles constituées, 300 avocats, journalistes et public attendus en nombre, la gestion des flux de circulation est l’une des préoccupations majeures de la cour d’appel, dans un contexte de menace terroriste élevée.
Un large périmètre de sécurité sera donc mis en place pour bunkériser le Palais de Justice, au cœur de Paris, ses différentes entrées et la salle d’audience même. La préfecture de police a d’ores et déjà prévenu qu’un dispositif spécial serait en place sur l’île de la Cité, détaillé sur la carte ci-dessous.
“Par arrêté, le préfet de police a institué un périmètre de sécurité aux abords immédiats du Palais de Justice qui sera mis en place les jours de procès, soit du mardi au vendredi et certains lundis. Les personnes souhaitant y entrer devront se soumettre à des fouilles systématiques qui seront opérées à l’entrée du périmètre de sécurité, comprenant la palpation de toutes les personnes voulant y pénétrer, l’inspection visuelle et la fouille de leurs bagages. Les véhicules souhaitant pénétrer dans le périmètre seront également fouillés”, écrivent les autorités dans un communiqué.
“La circulation routière sera interdite sur le boulevard du Palais, le quai des Orfèvres et le quai de l’Horloge et la circulation piétonne sera totalement interdite sur le quai des Orfèvres mais sera possible sur le boulevard du Palais et le quai de l’Horloge pour les personnes autorisées” précise-t-on, mais “la Sainte-Chapelle et la Conciergerie resteront ouvertes au public muni d’un billet acheté à l’avance.
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