Le racisme et le sexisme subis par Pépita, de la misogynoir

RACISME - Ces images ont beau dater de 1995, elles n’en sont pas moins intolérables. Diffusées mardi 30 mars lors de l’émission “Canap 95” sur TMC, ces séquences issues de “Pyramide” sur Antenne 2 rappellent à quel point l’animatrice Pépita...

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Pépita en 1995 dans le jeu télévisé

RACISME - Ces images ont beau dater de 1995, elles n’en sont pas moins intolérables. Diffusées mardi 30 mars lors de l’émission “Canap 95” sur TMC, ces séquences issues de “Pyramide” sur Antenne 2 rappellent à quel point l’animatrice Pépita a dû faire face à des remarques racistes et sexistes.

Cette association du racisme et du sexisme porte un nom: la misogynoir. C’est notamment ce que souligne la journaliste Jennifer Padjemi, autrice de “Féminismes et pop culture”, sur Twitter: 

 Elle n’est pas la seule à mentionner ce concept.

Entre racisme et sexisme

De quoi s’agit-il? Nous vous en parlions, en 2020, lorsque Meghan Markle était au cœur de critiques acerbes à la suite de la décision du couple royal de prendre ses distances avec la monarchie. Derrière ces attaques incessantes se tapissait une bien triste réalité, celle d’un sexisme et d’un racisme latents que le prince Harry et la duchesse de Sussex décidaient alors de fuir.

“Il est indéniable que Meghan Markle a été soumise au racisme de certains articles de presse, mais aussi à cette intersection entre le racisme et le sexisme qui est nommé ’misogynoir″”, avançait alors Jess Brammar, rédactrice en chef du HuffPost au Royaume-Uni. “Les tropes habituels sur le fait qu’elle soit difficile, trop émotive, agressive avec le personnel, ont tous de profonds sous-entendus que, j’en suis certaine, connaissent de trop nombreuses femmes noires”, poursuivait-elle.

Loin de ne concerner que Meghan Markle, la misogynoir est un terme dont les afroféministes se sont de plus en plus emparées pour dénoncer cette intersection entre deux formes de discriminations que seules connaissent les femmes noires. 

À l’origine de ce terme, on trouve l’universitaire afroféministe Moya Bailey qui, en 2010, l’a défini “pour décrire le type particulier de haine dirigé à l’encontre des femmes noires dans la culture visuelle et populaire américaine”. “La misogynoir offre une nuance racialisée que le féminisme traditionnel ne saisit pas. Nous parlons de misogynie, oui, mais il existe une forme particulière de misogynie qui est dirigée à l’encontre des femmes noires et est particulièrement préjudiciable aux femmes noires”, explique autrement la féministe et militante Michelle Taylor, connue sous le pseudonyme de Feminista Jones, auprès du Guardian.

Les exemples Serena Williams et Aya Nakamura

Au cœur de ce concept, note le quotidien britannique, on retrouve deux “stéréotypes corrosifs”. Celui selon lequel les personnes noires seraient “animales”, “incontrôlables”. Et celui selon lequel les femmes noires sont hypersexualisées. En découle, dans l’imaginaire, l’image tantôt de la femme noire “en colère”, tantôt de la femme noire “sexy”.

La misogynoir a par exemple été employée pour causer de Serena Williams. Souvent décrite comme l’une des plus grandes athlètes de tous les temps, la joueuse de tennis ne cesse d’être confrontée à ce combo sexisme-racisme. Traitée de gorille par les trolls sur les réseaux sociaux, au cœur d’une polémique d’arbitrage après qu’elle a cassé sa raquette en finale de l’US Open de 2018, beaucoup voient dans les attaques incessantes subies par la championne ce mélange entre sexisme et racisme. Pour la professeure en sociologie et études africaines Crystal Fleming, “les attentes injustes qui reposent sur Williams représentent la misogynoir, ce mélange unique de sexisme racialisé qui cible les femmes noires. Il est clair que les mauvais traitements qu’elle a subis pendant le match sont une leçon sur les multiples formes de discrimination et d’oppression auxquelles les femmes noires sont régulièrement confrontées, écrit-elle pour Newsweek

Le terme a également été employé en 2016 par la chanteuse Katy Perry pour décrire le piratage subi par Leslie Jones. Des photos la comparant à un singe et autres documents avaient été diffusés et s’en était suivi un déferlement de haine. Prenant la défense de l’actrice de “SOS Fantômes”, Katy Perry avait alors tweeté: “Ne regardez pas ce crime raciste, plein de haine et de misogynoir. Je soutiens Leslie.”

Plus récemment, c’est à travers les critiques subies par la chanteuse Aya Nakamura que la misogynoir était évoquée. Comme dans cet article de Madmoizelle, où sont décrites les attaques adressées à l’interprète de “Pookie”, tant sexistes, que racistes.

Sans forcément causer de personnalités, la misogynoir se trouve dans toutes les microagressions subies par les femmes noires au quotidien. C’est ce qu’essayent de montrer les afroféministes en dénonçant ce type d’attaques dans les faits divers, mais aussi les films, les séries ou les clips de musique, comme le note Jeune Afrique

“On arrive à des situations où les parents ne veulent plus donner le prénom Fatou à leur enfant par peur qu’on l’insulte”, déplore la membre du collectif Afro-Fem, Audy, contactée par Jeune Afrique. “En plus de ces surnoms, on doit encaisser des phrases comme ‘t’es belle pour une Noire’, ‘tu as une beauté exotique’, ‘les noires sont toutes des filles faciles’, ou encore des demandes incongrues comme ‘je peux toucher tes cheveux’”.

Ainsi, lorsque la voix off de “Pyramide” faisait remarquer à Pépita, face à une carte postale avec une photo de chimpanzé dans les mains: “Oh, c’est vous en photo Pépit’ sur la carte postale”, et que sur le plateau, quelqu’un répondait: “C’est à force de manger des bananes, voilà ce que ça fait”, on était bel et bien dans une misogynoir notable.

À voir également sur Le HuffPost: Qui a parlé d’“inquiétudes” au sujet de la couleur de peau de Harry et Meghan dans la famille royale?