Le rappeur Vîrus fait résonner le témoignage de prison de Georges Arnaud
Un matin d’octobre 1941, l’écrivain Georges Arnaud (Henri Girard de son vrai nom, 1917 – 1987) se réveille et découvre dans le château familial d’Escoire (dans le Périgord) les corps de son père, de sa tante et de la domestique gisant dans...
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Un matin d’octobre 1941, l’écrivain Georges Arnaud (Henri Girard de son vrai nom, 1917 – 1987) se réveille et découvre dans le château familial d’Escoire (dans le Périgord) les corps de son père, de sa tante et de la domestique gisant dans leur sang, assassiné·es à coups de serpe. Unique survivant, il appelle alors les secours, mais devient très vite le suspect numéro un. Il est incarcéré dix-neuf mois pour ce triple meurtre, avant d’être innocenté – Philippe Jeanada a raconté cette histoire par le menu dans La Serpe (Prix Femina 2017).
“On vous a rendus sages, mais ça n’a pas suffi”
L’écrivain aventurier a par la suite publié le légendaire Salaire de la peur (1950), adapté en film par Henri-Georges Clouzot en 1953, ainsi que Le Voyage du mauvais larron (1951) et La Plus Grande Pente (1971). Mais c’est un livre méconnu, Schtilibem 41 (“Schtilibem” veut dire “prison” en argot), publié en 1953, que le rappeur Vîrus a sélectionné pour le défendre lors d’une lecture sonore (diffusée en direct sur Youtube) sur la scène de la Maison de la Poésie, ce 13 février. Il s’agit d’un témoignage brut, sombre, argotique et fulminant de colère sur son expérience carcérale.
Tournant en rond autour d’un tabouret comme dans une cour de prison, sous une lumière un peu blafarde filtrée par des barreaux, filmé comme à travers un œilleton et accompagné par le jeu du saxophoniste Akosh S., le rappeur clame la prose révoltée de Georges Arnaud, en y faisant parfois quelques ajouts bien sentis. Comme dans cette énumération en hommage aux prisonnier·ères qui ont fini leur vie dans les geôles – “Morts de Fontevrault, morts d’Eysses, ligotés, assommés dans les cachots du sous-sol, morts jetés du haut des murs dans les fossés, morts giflés, écrasés par dix fois quatre-vingts kilos de gâffe, morts, on vous a rendus sages, mais ça n’a pas suffi” – à laquelle Vîrus ajoute : “Morts de Fourmies, morts de Charonne, morts de la Commune, et j’en passe et des pires”.
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Digger hors pair de poètes disparus
Vîrus n’en est pas à son coup d’essai en matière de plongée dans l’abîme du temps pour en ramener des écrivain·es et poètes de rue, souvent pamphlétaires, tombé·es dans l’oubli. Depuis son adaptation en rap des Soliloques du pauvre de Jehan-Rictus en 2017, il est devenu le meilleur de tous les diggers du domaine, collectionnant les textes les plus hirsutes, les plus acerbes et les plus outrageants de leur époque respective, comme ceux de Paul Paillette et Lil Boël, déjà exhumés en 2019 à la Maison de la Poésie. Ses quarante-cinq minutes de “parloir” avec Georges Arnaud ne laissent pas indemne.
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