Le réalisateur de "La Traque" répond au fils de Michel Fourniret

POLÉMIQUE - “Indécence”, “voyeurisme” et volonté de faire de l’argent “sur le dos des enfants morts”. Critiqué de toutes parts pour son téléfilm sur Michel Fourniret, son réalisateur, le cinéaste de 78 ans Yves Rénier, a pris la parole ce lundi...

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Sur le plateau de Non Stop People, Yves Rénier est revenu sur son téléfilm sur Michel Fourniret.

POLÉMIQUE - “Indécence”, “voyeurisme” et volonté de faire de l’argent “sur le dos des enfants morts”. Critiqué de toutes parts pour son téléfilm sur Michel Fourniret, son réalisateur, le cinéaste de 78 ans Yves Rénier, a pris la parole ce lundi 1er mars sur le plateau de Non Stop People.

“Ces critiques ont été initiées par le mec qui coache le petit Sélim, le fils de Michel Fourniret, en disant qu’on ne respectait pas sa volonté que ci, que ça. Il faut quand même préciser qu’à un moment donné, le mec qui coache Sélim, il nous a demandé de racheter les droits de ce livre pour pouvoir tourner”, a-t-il raconté dans l’émission “L’instant de luxe”.

Adaptation du roman La mésange et l’ogresse, le téléfilm “La Traque” sera diffusé le 15 mars sur TF1. Il retrace l’histoire de Michel Fourniret, tueur en série condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept fillettes, adolescentes et jeunes femmes entre 1987 et 2001. Il est mis en examen dans trois autres dossiers.

Si ce dernier a fini par avouer en mars 2020 sa responsabilité dans la disparition d’Estelle Mouzin, une enfant de 9 ans disparue en 2003, après avoir été mis en cause par son ex-épouse et complice Monique Olivier, il n’a toujours pas dit où se trouvait son corps.

“Voyeurisme” et “recherche d’audimat”

En commémorant le 18e anniversaire de la disparition de sa fille au mois de janvier, Éric Mouzin s’est dit ”écœuré” par l’initiative de la chaîne, qu’il a qualifiée de “dérive de notre société du spectacle”. “Quand j’entends parler de ‘l’Ogre des Ardennes’, je trouve surprenante cette dérive vers le monde des contes, du folklore et de la mythologie. Ces criminels de la pire espèce sont en train de devenir des personnages de fiction, a-t-il soufflé. Moi, je ressens la terreur d’Estelle quand elle se retrouve dans la camionnette de Fourniret.”

Il n’est pas le seul à s’être opposé au film. “L’utilisation commerciale de la souffrance de mon enfant disparu me dévaste. Le souvenir et l’intégrité d’Élisabeth seront violés encore et encore à chaque lecture de détails inutiles, à chaque clic de télécommande”, a déploré Marie Noël Bouzet, certaine que c’est bien Michel Fourniret qui a enlevé et tenté de violer et tuer sa fille de 12 ans, en 1989 en Belgique.

Dans un message transmis à l’AFP et adressé à TF1, elle s’indigne: “Vous allez me rétorquer que votre travail sera utile pour comprendre l’indicible ou qu’il relève de la création artistique, ou de la liberté d’expression. Non pour moi, cela relève du voyeurisme et de la recherche d’audimat. Les mécanismes de prédateurs sont faciles à décoder par le commun des mortels, qui n’a pas besoin de vos pitoyables images pour comprendre”, ajoute-t-elle.

Sélim Fourniret scandalisé

Ulcéré, le fils du couple Fourniret-Olivier a lancé une pétition signée par 15.000 personnes afin d’interdire sa diffusion. Dans une lettre ouverte adressée à la chaîne publiée par plusieurs médias, Sélim Fourniret déplore que le réalisateur se soit “minablement décidé [...] à amasser de l’argent sur le dos des enfants morts”. 

“Votre film minable va glorifier mon père. Il va apparaître comme un superhéros du mal qui esquive les balles des policiers peu inspirés au fil de sa traque”,  a-t-il conclu en menaçant la chaîne de poursuites pénales en cas de diffusion.

Ce vendredi 26 février, il a rappelé, sur le plateau de Touche pas à mon poste, ne pas vouloir regarder une seule minute du film. “Il n’y a aucun intérêt, moi, je connais l’affaire, le film, je ne l’ai pas vu et de toute façon, ils ne peuvent pas tout dire vu que tout n’a pas été dit, a-t-il indiqué. Il y a plein de choses qui sont passées sous silence, qui ont été médiatisées, l’affaire est encore en cours, l’instruction n’est pas finie, ils ne peuvent pas tout dire.”

TF1 se défend

Le réalisateur dénonce, lui, un “chantage bizarre”. “J’ai dit: ‘Il n’est pas question qu’on lui rachète ses droits’. On ne s’inspire pas du bouquin de Sélim [NDLR, Le fils de l’ogre]). On s’est pleinement inspiré du livre La mésange et l’Ogresse. Ce sont des faits qui ont été relatés par le flic qui s’est occupé du dossier Fourniret”, a-t-il assuré chez Non Stop People, avant de conclure: “Va te faire voir.”

De son côté, TF1 affirme que “le film est centré sur le difficile travail des enquêteurs”. “Les auteurs ont voulu rendre hommage à leur détermination qui a permis d’intercepter, démasquer et emprisonner le couple Fourniret. Le film ne participe en rien à leur héroïsation. Bien au contraire”, s’est défendue la chaîne il y a plusieurs semaines.

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