Le témoignage poignant de Nicolas Bedos sur son père et la fin de vie

FIN DE VIE - “Avril 2020. Il a du mal à respirer.” Dans un récit poignant, Nicolas Bedos explique les derniers instants de vie de son père, Guy Bedos, dans un texte publié dans L’Obs. Une histoire qui débute un mois avant sa disparition, le...

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Nicolas Bedos livre un témoignage touchant dans lequel il explique les dernières semaines de vie de son père, et témoigne de son engagement pour le droit de mourir dans la dignité. 

FIN DE VIE - “Avril 2020. Il a du mal à respirer.” Dans un récit poignant, Nicolas Bedos explique les derniers instants de vie de son père, Guy Bedos, dans un texte publié dans L’Obs. Une histoire qui débute un mois avant sa disparition, le 28 mai 2020.

À ce moment-là, l’homme de 85 ans ne mange plus depuis des semaines. La maladie, “cousine d’Alzheimer” a “bien foutu le bordel.” Période morose, c’est le début de la pandémie, du confinement et des masques, les visites à l’hôpital sont limitées, voire impossibles.

“L’envoyer à l’hosto, c’est l’envoyer au diable, possiblement ne plus le voir et ne plus lui causer, ne plus pouvoir glaner ces rares sursauts de lucidité”, écrit son fils dans l’hebdomadaire. “Mon père mourra dans sa chambre, pas loin de nous, près de sa femme et de ses chats”, ajoute-t-il.

Cette terrifiante maladie, Guy Bedos l’ironisait. “Alzheimer, ça a trois avantages: on n’a pas de mauvais souvenirs, on ne voit que des nouvelles têtes et… on n’a pas de mauvais souvenirs!”, lâchait-il lors de ses adieux à la scène de l’Olympia en 2013, comme l’ont souligné plusieurs médias.

“Mi-gosse, mi-vieux”

Nicolas Bedos explique la souffrance et les mois d’épuisement éprouvés par sa mère, Joëlle Bercot. “Ma mère, à bout de nerfs et de vigilance, est extirpée de son demi-sommeil par des cris. Tant bien que mal, elle le soulève, le rassure, le borde. Elle déteste le ramasser. Elle déteste le voir détester qu’elle le ramasse, supporter ce regard où se mélangent toujours la détresse et l’orgueil. Mi-gosse, mi-vieux. Au début, elle pleurait devant lui. Mais les larmes de sa femme le violentent davantage que le fait d’être étalé sur le parquet du couloir.”

Fervent défenseur du droit à l’euthanasie, Guy Bedos racontait à tout-va qu’il avait trouvé une personne qui l’aiderait à passer la frontière le moment venu”, un certain “docteur T.”, surnommé le “médecin assassin.” 

Mais, lorsque le moment est arrivé, personne n’était là. “Le médecin assassin ne répond pas. Ma mère passe des coups de fil, des amis se rencardent, nous filent des numéros. Étrange impression de se refiler des contacts de dealers à la veille d’une fête macabre”, ironise Nicolas Bedos. 

Le droit de mourir dans la dignité

Le fils de l’humoriste trouve donc une solution. “Un médecin me maile une ordonnance de Rivotril, un antiépileptique couramment utilisé. (...) Je me revois sur mon scooter, me rendant à la pharmacie pour acheter la mort de l’homme que j’aime le plus au monde.” Entre temps, le Docteur T. s’était manifesté.

Nicolas Bedos n’a donc jamais administré de médicament à son père. Et malgré la venue du fameux “médecin assassin”, aucun sédatif ne pouvait être administré, l’état du patient n’étant pas jugé assez ”somnolent”.

“La parfaite illustration des limites de la loi actuelle: elle laisse nos soignants dans un flou d’interprétation qui les plonge eux-mêmes dans des dilemmes éthiques”, commente Nicolas Bedos.

Les proches de l’humoriste, impuissants, ont donc attendu, jusqu’au lendemain, 17h. “On en fait tant pour notre arrivée sur terre… Et si peu pour notre sortie. Tous ces biberons, ces psys, ces blogs, ces nounous pour se barrer souffreteux et meurtris.”

Début avril, la proposition de loi pour “le droit à une fin de vie libre et choisie” était débattue à l’Assemblée nationale, en pleine troisième vague du Covid-19. Celle-ci devait instaurer le droit pour “toute personne capable et majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable” de bénéficier d’une aide active à mourir. Mais ce texte n’a pas été adopté.

À voir également sur Le HuffPost: Guy Bedos n’a jamais mâché ses mots