Le vaccin contre le Covid doit devenir un bien commun selon l'inventeur du gel hydroalcoolique

CORONAVIRUS - Son invention, mise au point il y a plus de 20 ans, a sans aucun doute permis d’éviter une pandémie de Covid-19 encore plus dévastatrice. L’épidémiologiste suisse Didier Pittet, inventeur du gel hydroalcoolique, était l’invité...

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Le vaccin contre le Covid peut-il devenir un bien commun?

CORONAVIRUS - Son invention, mise au point il y a plus de 20 ans, a sans aucun doute permis d’éviter une pandémie de Covid-19 encore plus dévastatrice. L’épidémiologiste suisse Didier Pittet, inventeur du gel hydroalcoolique, était l’invité de France Inter ce jeudi 18 février.

L’occasion pour lui, président de la mission indépendante nationale sur l’évaluation de la gestion de la crise (installée par Emmanuel Macron), de rappeler qu’il a fait le choix en 2006 de rendre publique et gratuite, sur le site de l’Organisation mondiale de la santé, la formule du gel hydroalcoolique. Une décision prise après avoir vu lors de la visite d’un hôpital non loin de Nairobo, un flacon du précieux savon cadenassé. 

Selon Didier Pittet, il est donc temps de faire la même chose avec les différents vaccins contre le Covid-19. “Le vaccin devrait être un bien commun au même titre que d’autres choses, comme l’internet (...)  Il y a des efforts, vous connaissez le programme Covax avec des milliards de doses pour les pays en voie de développement. Ça ne sera pas suffisant. (...) Il faudrait que les actionnaires de ces compagnies soient d’accord pour avoir un peu moins de dividendes, pour qu’on puisse distribuer le vaccin librement”, a notamment expliqué l’épidémiologiste.

De fait, Didier Pittet n’est pas le seul à plaider en ce sens, alors que pour le moment seule une poignée de laboratoires dont Pfizer, Moderna, Astrazeneca produisent des vaccin contre le Covid-19, lequels sont protégés par des brevets.

En France, une manifestation réclamant la levée de ces brevets a réuni plusieurs dizaines d’élus et militant communistes au début du mois de février. “L’industrie pharmaceutique a touché des milliards d’euros d’argent public. Donc, nous sommes en droit de demander à cette industrie de libérer les brevets”, y justifiait le député PCF Fabien Roussel, ajoutant qu’une compensation devrait tout de même être offerte en échange aux laboratoires. D’autres à l’instar de l’urgentiste et maire Les Républicains, Philippe Juvin, de Richard Benarous, ex-directeur du département maladies infectieuses de l’Institut Cochin, ou d’Alfred Spira, membre de l’Académie de médecine, plaident également pour la levée.

Plus complexe qui n’y parait

Les vaccins contre le Covid-19 reposent pour certains sur plusieurs brevets. C’est notamment le cas du Pzifer qui utilise celui permettant de fabriquer un ARN inoffensif, rappelle Le Monde. En parlant “d’actionnaires”, Didier Pittet rappelle à aussi que si les entreprises ont investi ce champs de la recherche c’est parce qu’elle attendent aussi un retour sur investissement de toutes les ressources mobilisées.

Pour la seule année 2021, les ventes du vaccin Pfizer/BioNTecg atteindront au moins 15 milliards de dollars, alors que “ce marché pourrait représenter 30 à 40 milliards de dollars cette année”, a souligné auprès de l’AFP Loïc Chabanier, du cabinet de conseil EY.

En France, certains ont également réclamé que le gouvernement déclenche la réquisition via la “licence d’office”. Un dispositif prévu dans plus de 150 pays mais dont la mise en place est délicate, complexe et fastidieuse, surtout pour un vaccin, et sans garantie de résultat.

Peut-être la piste la plus prometteuse reste finalement celle choisie par l’Afrique du Sud ou l’Inde qui ont déposé auprès de l’OMS un “TRIPS Waiver”, soit une suspension temporaires des brevets. Une proposition à laquelle se sont opposé les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne arguant qu’en bloquant les perspectives de profits cela ralentirait l’innovation pharmaceutique.

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