Le vaccin pour les adolescents, une source de conflits pour les parents séparés

CORONAVIRUS -  Depuis le 15 juin, la vaccination est ouverte à tous les adolescents de 12 à 17 ans. Si la présence d’un seul parent suffit, la vaccination des enfants mineurs nécessite tout de même l’autorisation des deux titulaires de l’autorité...

Le vaccin pour les adolescents, une source de conflits pour les parents séparés

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CORONAVIRUS -  Depuis le 15 juin, la vaccination est ouverte à tous les adolescents de 12 à 17 ans. Si la présence d’un seul parent suffit, la vaccination des enfants mineurs nécessite tout de même l’autorisation des deux titulaires de l’autorité parentale. Une situation qui peut s’avérer particulièrement conflictuelle pour les parents séparés. 

Si un seul adulte doit être présent au moment de la vaccination, “il convient de lui préciser qu’il s’engage sur l’honneur à ce que le parent co-titulaire de l’autorité parentale ait donné son autorisation, et de l’informer que toute déclaration ou information qui s’avérerait (sic) erronée ultérieurement, engage sa seule responsabilité”, rappelle le site du ministère.

Ainsi, les titulaires de l’autorité parentale doivent remplir une attestation téléchargeable en ligne sur le site du ministère de la Santé. Un seul cas de figure nécessite la signature d’un seul parent : pour les mineurs de 16 ans et plus “souffrant d’une pathologie à très haut risque de forme grave de Covid-19.”

“Je ne lui ai pas laissé le choix”

Le consentement de l’adolescent est aussi à prendre en compte, rappelle le Comité d’éthique dans son rapport du 8 juin. “Tous les mineurs de 12 ans et plus devront recevoir, lors de l’entretien préparatoire à la vaccination, “une information claire et adaptée à leur âge sur les incertitudes liées à la maladie, sur le vaccin lui-même et à propos de son efficacité à moyen et long terme”, affirme la DGS.  En France, ils sont cinq millions d’adolescents à être concernés. 

Mais est-il toujours évident de tomber d’accord? Obtenir le consentement de trois personnes peut facilement virer au bras de fer. Surtout lorsque deux parents séparés ou divorcés sont radicalement opposés sur le sujet de la vaccination. En France, un enfant sur cinq a des parents séparés. 

 

 

Pour Eva, mère célibataire de 39 ans, il n’y avait pas de doute possible quant à l’issue de la discussion. “Il me reprochait d’écouter les conseils de médecins complotistes et je lui reprochais d’écouter les médecins des plateaux TV.” Pour elle, hors de question que son fils de 13 ans se fasse vacciner, quoi qu’en dise son père. “Je ne lui ai pas laissé le choix”, lance-t-elle d’un ton tranchant. 

Mélanie partage le même avis. Redoutant les “potentiels effets secondaires” à court et moyen terme, la jeune mère s’oppose à la volonté de son ex-compagnon de faire vacciner leur fille de 13 ans. “Si cela se fait en l’absence de mon consentement, j’engagerai des poursuites judiciaires”, prévient-elle. 

En réalité, même s’il est vrai que les jeunes développent en général des formes moins graves du Covid-19, les experts rappellent que les adolescents ne sont pas immunisés contre l’infection et participent à la transmission du virus. Autre argument avancé: la vaccination des adolescents participe à l’immunité collective. 

Un flou juridique

A contrario, certains parents se sont rués sur les rendez-vous dès l’annonce de l’ouverture à la vaccination des 12-18 ans. Après en avoir discuté avec l’infirmière scolaire, Amandine n’a pas hésité une seule seconde à faire vacciner son fils Thibaud. “Son père ne fait plus partie de sa vie. J’ai donc pris la décision seule de le faire vacciner”, explique la jeune femme. 

Le flou juridique autour de la vaccination rend la tâche très difficile pour les avocats et les juges. Aujourd’hui en France, 11 vaccins sont considérés comme des “actes usuels”, ce sont les vaccins obligatoires, qui peuvent être prescrits avec une seule autorisation parentale. Or, dans le cas du vaccin contre le Covid-19, on ne sait pas encore si ce vaccin va être considéré comme un “acte usuel”, (pouvant exposer à des risques), ou comme “un acte non usuel”, explique Sophia Binet, avocate au barreau de Paris sur France Culture. 

La question était au cœur des discussions de la Fédération des médecins de France. Pour son président d’honneur Jean-Paul Hamon, cette difficulté ne risque pas de simplifier la vie des médecins généralistes. “Heureusement qu’il n’y a qu’une minorité de personnes anti-vax mais ça fait quand même un paquet de procédures à venir”, a-t-il regretté au micro de France Culture, mardi dernier. 

D’autres parents ont semble-t-il dû annuler le rendez-vous pris faute d’avoir pu trouver un terrain d’entente entre les deux parents. C’est le cas par exemple de ce père qui témoigne sur son compte Twitter :

″À l’allure où l’on va, je ne serai pas étonnée que l’on propose très vite à mon garçon de 10 ans de se faire vacciner”, s’inquiète quant à elle Aurélie qui y est farouchement opposée. Si cette question ne semble “ne pas être à l’ordre du jour”, selon les propos d’Alain Fisher, on peut néanmoins souligner que des essais cliniques sur les enfants de 6 mois à 11 ans ont été initiés par le laboratoire Moderna depuis le mois de mars. 

Aurélie ne changera pas d’avis. “Pour bien connaître le père, je sais qu’il voudra piquer nos enfants, et je m’y opposerai coûte que coûte”, s’inquiète-t-elle déjà.

Au moment où cet article est publié, plus de trente millions personnes ont reçu au moins une 1ère dose de vaccin contre le coronavirus en France.

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