Le variant sud-africain menace en Moselle: peut-il supplanter le variant britannique?

SCIENCE - La Moselle, zone à risque? Jeudi 11 février, Olivier Véran a annoncé qu’il existait dans ce département une circulation importante d’un variant très concernant: 501Y.V2, découvert en Afrique du Sud. Des enquêtes sont en cours et le...

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Le variant 501Y.V3, dit

SCIENCE - La Moselle, zone à risque? Jeudi 11 février, Olivier Véran a annoncé qu’il existait dans ce département une circulation importante d’un variant très concernant: 501Y.V2, découvert en Afrique du Sud. Des enquêtes sont en cours et le ministre se rend sur place ce vendredi 12 février.

Ce qui a entraîné cette alerte: des analyses de tests PCR par “criblage”, qui permettent de distinguer différentes souches du coronavirus: les souches classiques, celles dites du variant anglais (501Y.V1) et celles des variants dits sud-africains et brésiliens (501Y.V2 et V3). Aujourd’hui, V1 représenterait 20 à 25% des cas. V2 et V3 de leurs côtés représentent 4 à 5% des cas. Mais en Moselle, ces variants sud-africains ou brésiliens sont bien plus présents: 300 ont été repérés, sans être tous liés via un phénomène de cluster.

Et cela est problématique. Car si le variant anglais V1 est plus contaminant, il semble réagir normalement face au vaccin. Pour les versions V2 et V3, en revanche, les choses sont différentes. On sait qu’il semble capable d’échapper à une partie de l’immunité acquise après une infection. Il y a donc un risque que les vaccins fonctionnent moins bien. Si Pfizer/Biontech et Moderna ont montré des résultats préliminaires encourageants, celui développé par AstraZeneca pourrait moins bien s’en sortir.

Mais quel est le risque de voir les variants sud-africains ou brésiliens dépasser le variant anglais et s’imposer en France? Concernant la problématique de dominance ou de régionalisation des variants, on est dans le flou: “c’est une vraie question, mais nous n’avons pas assez de données pour y répondre”, a précisé Daniel Lévy-Brühl, épidémiologiste à Santé publique France, lors d’une conférence de presse le 12 février.

De l’autre côté de la Manche

Jonathan Van-Tam, directeur médical adjoint pour l’Angleterre, a récemment affirmé que le variant sud-africain ne représentait pas une menace immédiate pour le Royaume-Uni. “Les premières données” sur la variante sud-africaine “ne suggèrent pas que la variante sud-africaine ait un avantage distinct en matière de transmissibilité”, a-t-il expliqué selon nos confrères du HuffPost UK. “C’est pourquoi il n’y a aucune raison de penser que la variante sud-africaine rattrapera son retard et dépassera notre virus actuel dans les prochains mois”. 

Le “virus actuel” évoqué par le chercheur britannique fait ici référence au variant découvert en Angleterre, 501Y.V1. Le fait que le variant V2 ne s’impose pas face au V1 serait une bonne nouvelle, mais les choses ne sont pas encore claires et il ne faut pas pécher par excès d’optimisme.

D’abord, car contrairement à ce qui se passe outre-Manche, le variant anglais n’est pas encore dominant en France, ce qui laisse donc plus de place au variant sud-africain, quoi qu’il arrive.

Une transmission encore floue

De plus, la question de la contagiosité de V2 et V3 n’a pas de réponse claire. Il est en effet quasiment certain aujourd’hui que le coronavirus V1 (le variant anglais) est plus contaminant que les versions précédentes. Reste à savoir de combien. Plusieurs études évoquent des chiffres variés, de 35% à 75% de hausse de la transmission. Il est donc logique qu’il s’impose dans un territoire par rapport au Sars-Cov2 “classique”. Ce qui fait peser un risque de nouvelle vague.

Concernant V2, le variant sud-africain, les choses ne sont pas établies avec certitude. Une étude qui a analysé la courbe de progression de cette version du coronavirus en Afrique du Sud estime qu’il semble environ 50% plus contaminant. Mais les données sont bien plus partielles que pour le variant anglais.

Si les deux nouvelles versions du Sars-Cov2 sont à peu près aussi contaminantes, pourquoi V1 semble-t-il s’imposer plus vite que V2 en Europe? Cela peut être dû au fait que la version apparue en Angleterre a plus facilement eu accès aux territoires européens, vu les échanges plus importants entre les pays de l’UE et le Royaume-Uni. Et une fois le variant anglais dominant, la version venue d’Afrique du Sud n’aurait donc pas de raison de s’imposer par-dessus.

Mais, encore une fois, la hausse de transmissibilité exacte de V1 et V2 est encore très floue. Il est possible que le variant sud-africain soit finalement un peu plus contaminant et finisse donc par s’imposer. Il est également possible que ce soit l’inverse... et ce ne serait pas spécialement une bonne nouvelle. Voici pourquoi.

Un risque à long terme?

Dans leurs travaux, les chercheurs qui ont tablé sur une hausse de contagiosité de 50% se sont aussi demandé comment 501Y.V2 aurait pu s’imposer en Afrique du Sud sans être plus contaminant. Dans ce cas de figure, il faudrait que ce variant échappe en partie à l’immunité. En clair, qu’il arrive à infecter une partie de la population qui a déjà été contaminée par le coronavirus et a normalement développé des anticorps. Ce ne serait pas illogique, étant donné que l’Afrique du Sud a déjà été fortement touchée par l’épidémie “classique” de Covid-19.

Résultat du modèle: si V2 n’est pas plus contaminant, alors il faudrait qu’il réussisse à ignorer 21% de l’immunité acquise. Ces calculs vont dans le même sens que des études en laboratoire montrant que ce variant est moins impacté par les anticorps classiques dirigés contre le coronavirus.

Dans ce scénario, V2 ne s’imposerait pas face à V1... jusqu’à un certain point.  L’immunologiste Kristian Andersen explique sur Twitter que dans ce cas, “un haut niveau d’immunité [dans la population, NDLR] pourrait aider” le variant 501Y.V2 à rapidement s’imposer dans un pays.

En clair, si le variant sud africain V2 ne s’impose pas rapidement, c’est une bonne nouvelle à court terme. Mais cela pourrait poser problème à plus long terme, une fois qu’une grande partie de la population aura été touchée par la maladie et donc théoriquement immunisée. La bonne nouvelle, c’est que les vaccins protègent tout de même en partie contre ce variant. Pour Pfizer et Moderna, l’efficacité semble toujours assez élevée.

Et de manière générale, précise Kristan Andersen, malgré le risque posé par le variant sud-africain, il ne faut surtout pas se dire que la vaccination doit ralentir. Même si les vaccins étaient moins efficaces, ils le sont quand même en partie. Il faut donc vacciner le plus massivement possible et se tenir prêt à adapter les vaccins face au risque posé par des variants échappant à l’immunité. 

À voir également sur Le HuffPost: Comprendre les mutations du coronavirus en 2 minutes