Le Vatican réagit à la sortie de “L’Enlèvement” de Marco Bellocchio en Italie
Après sa série Esterno Notte sur l’enlèvement et l’assassinat en 1978 de l’ex-chef du gouvernement italien Aldo Moro, le cinéaste italien Marco Bellocchio explore avec L’Enlèvement un autre rapt, dans l’Italie du Risorgimento. Comme nous pouvions...
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Après sa série Esterno Notte sur l’enlèvement et l’assassinat en 1978 de l’ex-chef du gouvernement italien Aldo Moro, le cinéaste italien Marco Bellocchio explore avec L’Enlèvement un autre rapt, dans l’Italie du Risorgimento. Comme nous pouvions le présumer, la sortie en salle du film a suscité de nombreuses controverses.
L’Enlèvement explique l’histoire vraie d’Edgardo Mortara, un garçon juif de moins de 7 ans qui, à Bologne en 1858, est enlevé à sa famille sur ordre du pape Pie IX parce qu’il aurait été secrètement baptisé par une servante catholique le croyant proche de la mort. Alors que le pouvoir temporel des papes vit ses dernières années, l’enlèvement du petit Mortara prend une signification politique au niveau international, au grand étonnement des milieux catholiques qui ne comprennent pas la clameur suscitée par quelque chose “qui avait toujours été fait”.
De nombreux débats
Avec L’Enlèvement, qui s’est déjà hissé à la troisième place du box-office italien, Marco Bellocchio ravive l’intérêt pour un fait loin d’être isolé dans l’histoire des relations entre l’Église et les juifs. L’affaire Mortara ne concerne pas uniquement les conversions forcées, et en particulier celles des enfants juifs enlevés à leurs familles, baptisés puis enfermés pour les empêcher de retourner à leur religion d’origine, mais interroge en profondeur l’idée même de la conversion des juifs. Depuis sa sortie en salle le 25 mai en Italie, le film suscite ainsi de nombreux débats, notamment sur le fait que le Vatican n’a jamais daigné pardonner cet acte de violence.
Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, s’est récemment confié dans une lettre ouverte au journal La Repubblica, affirmant que “les défenses officielles de Pie IX et de son mécanisme de persécution qui font surface ces jours-ci dans de nombreuses parties du monde catholique sont, certes peu étonnantes, mais très inquiétantes”.
La défense du Vatican
Le journal de la Cité du Vatican, L’Osservatore Romano, a également publié une lettre ouverte ce mardi 30 mai en réaction aux propos du rabbin romain, dans laquelle il revient sur les problématiques complexes que soulève le film. Le journal assure que l’affaire Mortara ne pourra jamais se reproduire grâce au concile Vatican II, datant du début des années soixante. Ce concile, rappelle le journal, “a rapproché l’Église des besoins et des conditions du monde moderne et permis de contribuer à changer la perspective de ces temps où chaque enfant baptisé devait être éduqué comme catholique, même contre la volonté des parents”. Si le Vatican reconnaît aujourd’hui les torts causés sur le jeune Edouardo Mortara, elle ne présente encore aucune excuse.
Le réalisateur italien a récemment affirmé lors d’une entrevue accordée à Variety lors du Festival de Cannes avoir écrit au pape François dans l’espoir qu’il voie son film : “Je me souviens de la déception des descendants de Mortara pour la béatification de Pie IX en 2000.” Rappelons toutefois qu’avec L’Enlèvement, Marco Bellocchio n’entendait pas affirmer un principe politique ou tenir un discours dénonciateur sur l’Église ; il ausculte seulement le dogme religieux en brossant le portrait de cet enfant qui a subi un acte d’une extrême violence.