L'écologie lepéniste est une écologie d'évitement

POLITIQUE - Marine Le Pen parle à l’Assemblée nationale. C’est assez rare pour être remarqué. Pour parler d’écologie, c’est encore plus rare. C’est bien la preuve que tout le monde est devenu écologiste. Pourquoi pas? Le débat n’est plus là....

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Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont les deux visages d’un même aveuglement où rien ne change sinon la teinture verte du vieux libéralisme.

POLITIQUE - Marine Le Pen parle à l’Assemblée nationale. C’est assez rare pour être remarqué. Pour parler d’écologie, c’est encore plus rare. C’est bien la preuve que tout le monde est devenu écologiste. Pourquoi pas? Le débat n’est plus là. La question posée désormais est de savoir comment chacun l’est.

Écologie de bonnes intentions, écologie de rupture avec le système économique dominant, écologie d’accompagnement, il y a mille variations sur ce thème. On doit donc regarder de près et sur pièce. Quelle est l’écologie du Rassemblement national? Coucou, revoilà l’ancien naturalisme identitaire de la vieille extrême droite. Ça s’appelle: le “localisme”. C’est juste une sorte de droit à la différence au nom de la terre qui ne ment pas au niveau local. Un concept borné dont tout le monde connaît d’avance le résultat: la différence des droits.

Mais pour finir, la banalisation de Marine Le Pen passe là aussi par un épais conformisme. Elle y travaille de longue main par d’importantes cotisations au système dominant. Comme Macron, elle cultive le double langage sur les traités de libre-échange. En effet, en 2015, elle était absente lors du vote décisif au sujet du grand marché transatlantique (Tafta). En 2017, elle était absente lorsque la commission “commerce international” dont elle était membre titulaire a dû se prononcer sur l’accord de libre-échange avec le Canada. En 2019, elle a finalement choisi de plaider contre devant les caméras. Macron, lui, continue de souffler le chaud et le froid au sujet de l’accord commercial avec le Mercosur. Madame Le Pen aussi.

Un accompagnement hargneux du macronisme

Ce mardi, elle est sortie du peloton cryptomacroniste avec sa présentation d’un “contre-projet”. Rien de moins! En fait, en guise de “projet”, ce sont 15 questions sur l’environnement pour lesquelles elle aimerait voir les Français lui répondre “oui” par référendum. Sans surprise, on retrouve une position ouvertement pronucléaire et une obsession anti-éoliennes. Mais le plus intéressant est d’observer comment elle commence par écarter tous les sujets qui fâchent. Et ce sont précisément ceux qui comptent. Que pense Marine Le Pen de la précarité énergétique? Du manque d’investissement dans le ferroviaire? Du fléau du plastique? De l’omniprésence de la publicité? Rien. Absolument rien. 5000 amendements ont été déposés en commission sur le projet de loi Climat. Mais il n’y en a pas un seul de sa part sur ces sujets qu’elle fuit à peu près aussi vite que les macronistes.

Finalement, elle en reste à un accompagnement hargneux du macronisme. En effet, en appui au Président, il n’y a aucune question sur les pesticides. Elle fuit le sujet avec constance. En 2018, elle était absente lors des deux votes sur l’interdiction du glyphosate à l’Assemblée nationale. En 2020, elle a voté pour la réautorisation des néonicotinoïdes. D’une manière générale, elle ne se sent pas concernée par les ravages de l’agro-industrie. Ainsi, malgré ses mièvreries sur les réseaux sociaux en compagnie des chats, elle était absente lors de l’examen du projet de loi contre la maltraitance animale. Le broyage des poussins vivants, la castration à vif des porcelets, la concentration des poules, des vaches: Le Pen absente! Mais aux côtés des députés LREM, elle a repoussé à plus tard l’interdiction des élevages concentrationnaires de visons. Ils sont pourtant directement en cause dans la propagation du Covid-19. Elle ne le sait pas?

L’écologie lepéniste est une façon d’en parler pour n’en rien dire. C’est un nouveau modèle: l’écologie d’évitement. Ce n’est pas sérieux! Car nous entrons dans une décennie décisive. Il nous faudra prendre une série de décisions majeures à partir de l’élection présidentielle. Par exemple, l’autorisation européenne du glyphosate arrivera à échéance en 2022. On interdit ensuite? Un tiers des agriculteurs risquent de partir à la retraite dans les années à venir. Qui les remplacera et pour quelle agriculture? Une dizaine de réacteurs nucléaires doivent être arrêtés d’ici 2035. Leur démantèlement s’anticipe et s’organise comment?

D’autres sujets tout aussi lourds s’imposeront à la France. D’ici 2030, bien des menaces atteignent des points de bascule irréversibles. Ils concernent directement nos conditions d’existence. Ainsi, si rien n’est fait pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, un seuil climatique décisif sera franchi. Et près de la moitié de la population mondiale vivra dans des régions en situation de stress hydrique. De même, si la température augmente de 2°C, 280 millions de personnes seront déplacées par la seule montée des eaux.

Ainsi, là aussi, 2022 est la dernière station avant le désert. Il faudra donc bien choisir son écologie. Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont les deux visages d’un même aveuglement où rien ne change sinon la teinture verte du vieux libéralisme. Et comme chacun le sait, dans le capitalisme vert, le problème ce n’est pas le vert. On ne règle pas un problème dans le cadre des règles qui l’ont produit.

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