Légalisation du cannabis: le pétard mouillé des présidents
POLITIQUE - Un pas en avant, deux pas en arrière. En campagne électorale, les candidats Sarkozy, Hollande et Macron ont laissé penser qu’ils envisageaient d’assouplir la réglementation sur l’usage du cannabis avant de rétropédaler. Un double...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
POLITIQUE - Un pas en avant, deux pas en arrière. En campagne électorale, les candidats Sarkozy, Hollande et Macron ont laissé penser qu’ils envisageaient d’assouplir la réglementation sur l’usage du cannabis avant de rétropédaler. Un double discours consistant à donner des gages devant un public jeune puis à faire preuve d’intransigeance à l’approche ou une fois arrivé au pouvoir.
La fausse promesse de Sarkozy
En mars 2007, le candidat de l’UMP à l’Élysée qui veut séduire “la France qui se lève tôt” fait un passage remarqué dans la matinale de la radio Skyrock. Invité par l’animateur Difool à fumer un joint envoyé par un auditeur, Nicolas Sarkozy goûte peu la plaisanterie. Un débat s’engage toutefois autour de ce “calumet de la paix” avec le ministre de l’Intérieur qui tient un discours de fermeté.
S’il s’oppose à la légalisation du cannabis, le favori des sondages à la présidentielle torpille la loi du 31 décembre 1970 faisant encourir aux consommateurs de stupéfiants jusqu’à un an d’emprisonnement et 3750 euros d’amendes. Une “loi ridicule” prévoyant des sanctions qui n’ont “aucun sens”, explique-t-il.
“Les gouvernements socialistes qui se sont succédé n’ont pas touché à cette loi. Ils n’ont pas eu le courage, que j’ai, de la dénoncer”, se vante alors Nicolas Sarkozy. Le candidat du parti conservateur souhaite maintenir “l’interdit social” en proposant la contraventionnalisation, autrement dit le paiement d’une amende, plutôt que la comparution (hypothétique) devant un tribunal correctionnel. Mais une fois élu, Nicolas Sarkozy n’a pas tenu sa promesse. “Je n’ai pas voulu cette contraventionnalisation parce qu’avec la contravention, on ne peut plus faire la garde à vue qui permet de retrouver le dealer”, s’est-il justifié en mars 2012 sur TF1.
Le revirement de Hollande
En juin 2011, au début de sa campagne pour la primaire socialiste, François Hollande déclare lors d’une rencontre avec des jeunes que le Portugal, un pays “dans la dépénalisation mais pas tout à fait dans la légalisation”, est un exemple qui “mérite” l’attention. L’ancien 1er secrétaire du PS encourage une concertation internationale “sur la question du soin et de la dépénalisation”.
D’abord envisagée du bout des lèvres, la dépénalisation de la consommation du cannabis sera ensuite fermement écartée par le favori des sondages à la primaire et à la présidentielle de 2012 qui se prononcera à plusieurs reprises en faveur du “maintien de l’interdit”.
Aujourd’hui François Hollande admet que l’assouplissement de la réglementation sur l’usage des drogues dites “douces” reste pour les responsables politiques “une des questions les plus difficiles” à résoudre, comme il l’a récemment confié sur Twitch au journaliste Samuel Etienne. “On sera déçu de voir que la légalisation du cannabis ne viendra pas à bout du trafic et des bandes”, estime-t-il. Selon lui, pour compenser leurs pertes de revenus dues à la légalissation, “d’autres drogues” seraient proposées par les trafiquants sur le marché noir. Cependant François Hollande ne dit plus complètement non, sous conditions, à la légalisation. “Si c’est pour dire ‘encadrons mieux pour des raisons sanitaires la distribution du cannabis’, l’idée mérite d’être poursuivie”.
Le “en même temps” de Macron
En février 2016, le ministre de l’ Économie de François Hollande qui prépare secrètement le lancement d’un parti politique destiné à soutenir sa candidature à l’élection présidentielle de 2017, répond aux questions du Mouv’, une radio principalement écoutée par des jeunes. Tout en disant n’avoir pas encore un avis définitif sur la légalisation du cannabis, il donne cependant l’impression d’y être favorable et met “en même temps” en garde contre “les risques de passer ensuite à des drogues plus dures”.
“La situation d’aujourd’hui est très hypocrite”, explique-t-il car “beaucoup en fument et beaucoup en vivent”. Le jeune ministre considère alors que l’interdiction “crée des problèmes de délinquance et des problèmes économiques”. En septembre 2016, il évoque sur France Inter “l’efficacité” que la légalisation pourrait avoir sur la consommation de cannabis et les trafics mais glisse au passage qu’il s’agit d’une “réponse provisoire” qu’il tranchera plus tard. Toujours “pas d’opinion définitive” exprimée sur le plateau de Mediapart en novembre 2016 où il continue de peser le pour et le contre.
Il faudra attendre fin février 2017, alors qu’il passe en tête dans les sondages, pour que le candidat d’En Marche! à la présidentielle tranche en faveur de... la contraventionnalisation. “Je propose que “les policiers aient la possibilité de donner une amende”, annonce-t-il.
Après avoir vanté les mérites de la légalisation du cannabis quand il était candidat à la présidentielle, puis s’être déclaré “pas favorable à la légalisation du cannabis ou des drogues douces” une fois élu et enfin admis avoir “perdu la bataille du trafic dans de nombreuses cités”, le président Macron fait désormais de la lutte contre les trafics la pierre angulaire de sa stratégie anti-violences portée par Gérald Darmanin, son ministre de l’Intérieur qui sur le sujet ne fait pas dans la nuance.
A voir également sur Le HuffPost: La stupéfiante évolution de Rachida Dati sur la légalisation du cannabis