L'émission #SansFiltre de Gabriel Attal fait grincer des dents des étudiants

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RÉSEAUX SOCIAUX - Parler aux jeunes #SansFiltre en s’appuyant sur des influenceurs? La stratégie de l’exécutif pour toucher les 13-35 ans via une émission lancée sur Youtube et la plateforme Twitch a du mal à passer. 

Le hashtag #etudiantspasinfluenceurs est apparu en tête des tendances sur Twitter ce samedi 27 février, dénonçant une communication déconnectée de la réalité vécue par les étudiants, mis en difficulté par la crise sanitaire du Covid-19. Le hashtag a été utilisé plus de 41.900 fois ce samedi à 12h. 

Lancée par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, l’émission mensuelle baptisée #SansFiltre a pour vocation de réunir tous les mois six jeunes pour discuter de la politique du gouvernement. Pour la première émission diffusée ce mercredi 24 février à 19 heures, Gabriel Attal a répondu aux questions des influenceurs Enjoy Phoenix, Élise Goldfarb, Julia Layani, Fabian et Malek Délégué sur la crise sanitaire. Mais le choix des influenceurs, majoritairement non étudiants a provoqué une pluie de réactions sur Twitter. 

“Je vous présente 2 #etudiantspasinfluenceurs de Paris et Évry. Le jour ils sont derrière leur cours zoom. Le soir dans leur chambre de 9m2. Et le week-end, ils font des collectes pour qu’eux et tous leurs camarades puissent remplir un peu le frigo”, a tweeté l’oratrice nationale de La France Insoumise Julie Garnier opposée au gouvernement, qui a propulsé le hashtag avec l’économiste Thomas Porcher. 

“On travaille 12 heures par jour sur un écran et on doit passer nos exams en présentiel pour que enjoyphoenix déscolarisée depuis 2012 parle en notre nom”, a tweeté une autre internaute. Sa publication a été partagée plus de 7000 fois à 12 heures ce samedi. Invitée mercredi par le porte-parole du gouvernement, la youtubeuse Enjoy Phoenix s’était montrée très critique envers le gouvernement et a demandé des comptes à Gabriel Atttal. 

“La France, quand il faut parler du voile, vous invitez des non voilées, quand il faut parler des violences policières faites aux noirs, vous invitez des blancs, et maintenant, pour parler de la situation sanitaire des étudiants, vous invitez des youtubeurs”, a pointé une autre internaute. 

Quant au syndicat Solidaires étudiant-e-s de Montpellier, il s’est, lui aussi, emparé du hashtag pour critiquer la stratégie de communication du gouvernement. “Que ce soit EnjoyPhoenix ou McFly et Carlito, le choix du gouvernement de communiquer au travers d’influenceurs n’est pas anodin: c’est un moyen de dépolitiser nos revendications tout en touchant leur public, souvent très jeune”, a-t-il fustigé.  

Contacté par Le HuffPost, l’entourage de Gabriel Attal précise qu’“il n’a jamais été question que les jeunes invités ‘représentent’ qui que ce soit” et que l’émission “n’a absolument pas vocation à rassembler uniquement des influenceurs”, soulignant que “seuls 2 des 5 jeunes invités mercredi l’étaient”. 

“Le thème de la première édition était la crise sanitaire, sans davantage de précisions pour garantir la spontanéité des échanges. Après des discussions sur le vaccin ou le couvre-feu, une large partie du débat a porté la situation des jeunes et des étudiants dans la crise, précisément car les invités ont fait remonter des interpellations sur le sujet venant de leurs abonnés ou de personnes suivant l’émission en direct à travers le chat”, défend-on encore tout en indiquant “qu’il n’est pas du tout exclu qu’une édition soit consacrée aux étudiants et dans ce cas, des étudiants y participeront évidemment”.

De nouvelles critiques qui s’inscrivent dans un mouvement général de ras-le-bol des étudiants contre le gouvernement. Le 20 janvier dernier, ils avaient manifesté pour défendre leurs conditions de vie et d’études, aux côtés de plusieurs organisations politiques et syndicales de gauche.

Ce qui avait conduit Emmanuel Macron à faire un geste envers eux en annonçant notamment un retour au présentiel pour les étudiants qui le souhaitent, à raison d’un jour sur cinq, ainsi que la mise en place le 1er février d’un “chèque psy” pour consulter un psychologue, un psychothérapeute ou un psychiatre. 

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