“Les Amandiers” , “Coma”, “Qui a peur de Pauline Kael ?” : les films de la semaine 

Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi  Les Amandiers n’est ni une hagiographie, ni une évocation nostalgique et ne se substitue pas au regard ému d’une autrice sur le temps vibrant de son passé. Il convoque, certes, une époque, la matérialise...

“Les Amandiers” , “Coma”, “Qui a peur de Pauline Kael ?” : les films de la semaine 

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Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi 

Les Amandiers n’est ni une hagiographie, ni une évocation nostalgique et ne se substitue pas au regard ému d’une autrice sur le temps vibrant de son passé. Il convoque, certes, une époque, la matérialise par des sons (une B.O. géniale), des couleurs texturées, par cette insouciance très vite malmenée par l’épidémie naissante du sida, par ces brouillards épais de cigarettes et ce rapport décomplexé aux drogues et à toute forme d’autorité. Mais il est aussi et surtout un grand film au présent, de maintenant, un film de jeunesse. 

Lire la critique de Marilou Duponchel

Coma de Bertrand Bonello 

On se souvient du confinement, cette stase où chacun·e se confronte et possiblement se dévoile à soi-même, et dont Bonello livre le film qui traduit avec le plus d’acuité l’étrange intensité statique. Un essai poétique audacieux et ramassé à très forte densité, dans lequel se réverbèrent avec éclat tous les espoirs et les angoisses de l’époque. 

Lire la critique de Jean-Marc Lalanne

Qui a peur de Pauline Kael ? de Rob Garver 

L’une des approches les plus pertinentes du film est de expliquer sa vie en rappelant la condition féminine dans un milieu intellectuel essentiellement masculin et de sonder la réception du travail de Kael par une étude de la violence des rapports de genre. Au-delà des attaques odieuses de certains auteurs et cinéastes envers la critique, certaines violences sexistes se dévoilent également plus insidieusement. Célébrée pour la qualité viscérale de ses textes, leur brûlante subjectivité, on a souvent reconnu la grande vitalité des critiques de Pauline Kael mais moins leur acuité analytique.

Lire la critique de Ludovic Béot

Reste un peu de Gad Elmaleh 

Tout ce dont il veut nous causer, c’est de ses atermoiements spirituels, qui produiront difficilement un autre effet sur les spectateur·rices que celui d’un caprice narcissique : j’ai toujours senti que la vierge Marie veillait sur moi, comment le faire accepter à ma famille juive ? Sans jamais parvenir à nous transmettre la nécessité impérieuse de cette crise de foi, ou d’appartenance, ou d’ego, Gad se lance sur le chemin d’une conversion, et y déroule un infernal défilé de culs bénis plus ou moins modernes

Lire la critique de Théo Ribeton

Ariaferma de Leonardo Di Costanzo 

Une poignée de petits bonhommes qui jouent aux policiers et aux voleurs. La prison n’est plus qu’un petit théâtre de poche. Malgré toute sa précision, à vouloir s’ancrer dans une mise en scène au cordeau pour en exploiter tout ce que le milieu carcéral ramène à lui (les rapports de force, les tensions, les trahisons, l’ennui…), le film est une grande passerelle onirique, une représentation fantasmée de la prison échappant à tout envahissement réaliste. L’exercice de la captivité tient dans un état de latence révélateur où chacun aménage sa propre pacification, vis-à-vis du camp opposé et de lui-même.

Lire la critique d’ Arnaud Hallet

Juste une nuit d’Ali Asgari 

Ne confiant jamais à cette jeune femme un autre statut que celui de victime, le film est endigué dans un système d’écriture régi par l’épuisement de son personnage, quitte à répéter la même scène de la jeune femme devant faire face aux refus successifs des différentes personnes auxquelles elle rend visite. Comble de cet acharnement, lorsque ce long couloir d’humiliation prend fin pour lui offrir un peu de respiration, le film s’arrête, confisquant toute caisse de résonance à sa révolte.

Lire la critique de Ludovic Béot

Les Engagés d’Emilie Frèche

Les Engagés procède à une invisibilisation des migrant·es du film, qui n’ont presque pas de nom et encore moins de voix : ce sont des silhouettes, des faire-valoir. Le film choisit de mettre au centre de l’attention et de ses enjeux les atermoiements d’un homme blanc ragaillardi par une passion nouvelle, celle de sauver son prochain.

Lire la critique de Marilou Duponchel