Les éléphants de forêt d'Afrique désormais menacés d'extinction

PLANÈTE - Il a beau être le plus grand animal terrestre, la destruction de son habitat et les braconniers lui font encourir un grand danger. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui ont mis à jour leur liste...

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Les éléphants de forêt d'Afrique désormais menacés d'extinction (photo: une éléphante et son petit dans la réserve spéciale de Dzanga-Sangha, en République centrafricaine, en avril 2019).

PLANÈTE - Il a beau être le plus grand animal terrestre, la destruction de son habitat et les braconniers lui font encourir un grand danger. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui ont mis à jour leur liste rouge des espèces menacées ce jeudi 25 mars, l’éléphant de forêt est menacé d’extinction.

De son nom scientifique “Loxodonta cyclotis”, il vit essentiellement dans les forêts d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest et a vu sa population chuter de 86% en 30 ans. Son cousin de savane d’Afrique, “Loxodonta africana”, qui est plus grand a pour sa part plongé d’au moins 60% ces 50 dernières années, et se retrouve classé “en danger”.

L’UICN distingue désormais entre les deux espèces d’éléphant qu’on trouve sur le continent. La classification des deux espèces “souligne les pressions constantes auxquelles doivent faire face ces animaux emblématiques”, souligne Bruno Oberle, le directeur général de l’organisation, une des principales ONG mondiales oeuvrant pour la préservation de la biodiversité. 

La menace du braconnage intensif

Il y a 50 ans, environ 1,5 million d’éléphants sillonnaient toute l’Afrique mais le plus récent recensement des grands mammifères en 2016, n’en dénombrait plus que 415.000. Benson Okita-Ouma, de l’ONG “Save the elephants” et co-président du groupe des spécialistes des éléphants d’Afrique au sein de l’UICN a expliqué à l’AFP que ce sont vraiment des baisses marquées. “Ce déclin devrait d’ores et déjà “sonner l’alarme”, a-t-il estimé, même si le prochain recensement n’est pas attendu avant 2021 ou 2023.

La chute du nombre de spécimens pour les deux éléphants de forêt et de savane s’est accélérée depuis 2008, quand le braconnage pour les défenses en ivoire s’est intensifié, pour atteindre son apogée en 2011. Le WWF et l’ONG Traffic rappellent dans un rapport que la France est utilisée comme intermédiaire entre l’Afrique et l’Asie pour ce commerce et que 3,8 tonnes d’ivoire brut y ont été saisies entre 2009 et 2017, selon le Monde.

Et même si le phénomène a perdu en intensité, il continue de menacer les éléphants, souligne l’UICN.

 Ce qui pourrait être plus inquiétant, pour Benson Okita-Ouma, est la destruction de l’habitat des éléphants visant à augmenter la surface des terres agricoles ou l’exploitation forestière. “Si nous ne planifions pas correctement notre exploitation de la terre, il y aura des formes indirectes de mort” même si nous devions stopper le braconnage et autres abattages illégaux.

Un déclin marqué

Selon Benson Okita-Ouma, les éléphants ne vont pas disparaître d’Afrique du jour au lendemain,  cependant “cette classification doit nous servir d’avertissement que si nous n’inversons pas le cours des choses, nous avons de bonnes chances de voir ces animaux frappés d’extinction”. Il ajoute “C’est le monde entier qui doit réaliser que nous sommes sur une pente escarpée, en termes de survie de ces éléphants”.

Les experts estiment sur la base de l’étude du génome qu’il vaut mieux traiter séparément les deux espèces d’éléphant africain, il en existe une troisième en Asie , selon l’UICN. Les éléphants de forêt occupent aujourd’hui seulement un quart de leur territoire originel et les populations les pus importantes se trouvent au Gabon et au Congo. L’éléphant de savane préfère lui un habitat plus ouvert en Afrique sub-saharienne.

Le rapport met également l’accent sur des aspects plus positifs, comme les succès en matière de conservation au Gabon et au Congo dans des zones protégées bien gérées. Dans le sud de l’Afrique, le nombre d’éléphants de savane est aussi stable voire en croissance dans la zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze. “Plusieurs pays africains ont montré la voie ces dernières années, prouvant qu’on pouvait inverser la tendance”, insiste Bruno Oberle.

La pandémie de Covid-19 a elle aussi un impact sur les efforts de protection de la nature en privant les pays des revenus du tourisme qui servaient à financer en partie ces efforts. À l’inverse, la chute de l’activité humaine a permis aux éléphants de “recoloniser” certaines zones dont l’activité humaine les avait chassés.

 

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