“Les Engagés” : les migrants ont-ils besoin de bons sentiment ?
Dans Les Engagés, 1er long-métrage de la romancière Émilie Frèche, deux images trahissent le bon vouloir humaniste de ce film de fiction. La 1ère est un gros plan braqué sur les mains d’un personnage en train de nettoyer un pinceau duquel s’écoule...
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Dans Les Engagés, 1er long-métrage de la romancière Émilie Frèche, deux images trahissent le bon vouloir humaniste de ce film de fiction. La 1ère est un gros plan braqué sur les mains d’un personnage en train de nettoyer un pinceau duquel s’écoule une peinture noire, dans un lavabo immaculé. La seconde est un visage noir capturé de près, dans une séquence qui s’apparente à un cauchemar. Dans la scène en question, le comédien Youssouf Gueye, ici Jocojayé, un jeune exilé pris sous l’aile de David, ce héros du quotidien incarné par Benjamin Lavernhe, court dans la neige, la nuit tandis qu’au fil de cette traque invisible, les lumières d’une caméra infrarouge éblouissent et blanchissent son visage.
La répétition de ce même motif, la dissolution de la couleur noire au profit de la blancheur, figure l’impensé raciste d’un film inspiré en partie de l’affaire des “7 de Briançon”, dans laquelle des hommes et des femmes furent menacé·es de plusieurs années de prison pour avoir aidé d’autres hommes et femmes à traverser la frontière française, depuis l’Italie. C’est à ces personnes-là, et ici donc à David, qu’Émilie Frèche veut rendre hommage, à ces engagé·es de l’ombre qui œuvrent pour aider celles et ceux que l’on nomme migrant·es, sans que jamais le mot n’appelle autre chose qu’une simple donnée statistique privée d’humanité.
Bonne conscience
À sa façon, Les Engagés procède lui aussi à cette invisibilisation, les migrant·es du film n’ont presque pas de nom et encore moins de voix, ce sont des silhouettes, des faire-valoir. Le film choisit de mettre au centre de l’attention et de ses enjeux les atermoiements d’un homme blanc ragaillardi par une passion nouvelle, celle de sauver son prochain (pour se sauver soi même?). Finalement ici, l’engagement et la solidarité qu’il appelle, n’invitent qu’à de brèves lucidités confortables sur la crise migratoire, des petites consolations destinées à renforcer et rassurer notre bonne conscience bourgeoise.
Les Engagés d’Émilie Frèche, en salles le 16 novembre.