Les étudiants doivent prendre le pas sur les influenceurs pour défendre leurs intérêts!

POLITIQUE —Accusé d’avoir méprisé les étudiants pendant la crise sanitaire, le gouvernement a redoublé d’efforts pour s’adresser à eux, notamment par le biais d’influenceurs dont la mobilisation a été exponentielle.“Allo, Gaspard, c’est Jean...

Les étudiants doivent prendre le pas sur les influenceurs pour défendre leurs intérêts!

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Aussi, bien que le recours aux influenceurs offre un spectacle rafraîchissant: avouons-le, nous trépignons d’impatience à l’idée d’écouter l’anecdote présidentielle, demandons-nous en quoi cette pratique témoigne du déclassement progressif des organisations étudiantes, comme interlocutrices traditionnelles des pouvoirs publics.

POLITIQUE —Accusé d’avoir méprisé les étudiants pendant la crise sanitaire, le gouvernement a redoublé d’efforts pour s’adresser à eux, notamment par le biais d’influenceurs dont la mobilisation a été exponentielle.

“Allo, Gaspard, c’est Jean Castex!”

Depuis plusieurs mois, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, enchaîne les live et a même créé son émission Twitch: #Sansfiltre. Plus éloquent encore, M. Macron a récemment lancé un défi aux Youtubeurs McFly et Carlito : « Pour 10 millions de vues, vous venez tourner à l’Élysée ». Challenge réussi, tous trois feront bientôt un “concours d’anecdotes”.

“Allo, Gaspard, c’est Jean Castex à l’appareil, je ne te dérange pas?”. Pour la génération des 15-25 ans, ces quelques mots à l’accent chantant sont rapidement devenus aussi familiers que le “quoi qu’il en coûte” du président de la République, à l’annonce du premier confinement. Face au mal-être des ”étudiants fantômes”, le Premier ministre réagissait alors à une vidéo de l’influenceur Gaspard, devenue virale avec plus de 2 millions de vues sur Instagram.

De nouveaux intermédiaires pour parler aux étudiants

Pour l’observateur averti, difficile d’ignorer le bénéfice politique de ces séquences. Elles transcendent les canaux de communication classiques pour toucher un public plus jeune, à qui la presse traditionnelle et les journaux télévisés n’évoquent plus que d’illustres antiquités. Samedi dernier pourtant, à la suite du dernier live de M. Attal, la mécanique communicationnelle bien huilée a déraillé. Sur Twitter, le #etudiantspasinfluenceurs a fait son apparition. En 24 h, ce sont près de 70.000 Tweets dénonçant l’illégitimité des influenceurs à porter la parole étudiante qui ont fleuri. Et un mot d’ordre: “où sont passés les syndicats?” Lors de l’échange, aucune trace de l’UNEF, ni même de l’UNI.

Aussi, bien que le recours aux influenceurs offre un spectacle rafraîchissant: avouons-le, nous trépignons d’impatience à l’idée d’écouter l’anecdote présidentielle, demandons-nous en quoi cette pratique témoigne du déclassement progressif des organisations étudiantes, comme interlocutrices traditionnelles des pouvoirs publics.

“Les syndicats étudiants doivent absolument se réinventer, sous peine de disparaître!”

Cet oubli rappelle un chiffre: 7,5%. C’est le taux de participation aux élections étudiantes des CROUS en 2016, encore plus faible que les 9% de 2014. Face à ce manque cruel de représentativité et au décrochage observé, comment reprocher au gouvernement de chercher de nouveaux intermédiaires pour s’adresser à la jeunesse? À force de radicaliser leurs positions, les syndicats étudiants se sont marginalisés et ont rompu avec une base apolitique, largement majoritaire à l’Université et dans nos grandes Écoles. En se gorgeant des thèses défendues par certains partis, tout en faisant le choix de l’opposition systématique, nombreux sont ceux qui ont oublié leur mission originelle: représenter l’ensemble des étudiants. Ces scores en sont la preuve, l’âge d’or des syndicats étudiants est derrière nous. Ceux-là doivent désormais faire leur examen de conscience et se réinventer, sous peine de disparaître. Aujourd’hui, ils demeurent les premiers responsables des dérives communicationnelles qu’ils dénoncent.

Notre jeunesse est à la recherche de porte-paroles qui lui ressemblent. Pour cela, le mouvement étudiant de demain devra répondre à plusieurs critères. D’abord, adopter un principe de spécialité, pour se construire à l’échelle de chaque grande filière. Ensuite, abandonner les idéologies partisanes pour se recentrer sur les véritables préoccupations des étudiants, grâce à des études et des enquêtes précises, encore trop rares aujourd’hui (protection périodique, violences dans l’enseignement supérieur, etc.) Enfin, chacun gagnerait à soutenir une réforme du statut des Organisations représentatives étudiantes (ORE), défini par les dispositions de la loi Jospin de 1989, pour une meilleure considération d’organisations plus modestes, mais réellement représentatives de leur écosystème. 

À voir également sur Le HuffPost: McFly et Carlito remportent le défi de Macron contre le Covid-19