“Les Méchants” de Mouloud Achour : n’est pas générationnel qui veut

Ils sont tous là : Roman Frayssinet (dans le rôle principal, celui d’un petit loser-escroc qui se retrouve au centre d’une polémique nationale absurde après avoir giflé un rappeur sur un plateau télé), Djimo (un gérant de boutique de gaming...

“Les Méchants” de Mouloud Achour : n’est pas générationnel qui veut

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Ils sont tous là : Roman Frayssinet (dans le rôle principal, celui d’un petit loser-escroc qui se retrouve au centre d’une polémique nationale absurde après avoir giflé un rappeur sur un plateau télé), Djimo (un gérant de boutique de gaming embarqué malgré lui dans la galère du précédent), Inès Reg, Hakim Jemili, Fadily Camara, Fary, Kyan Khojandi, tous les visages télévisés de cette nouvelle génération d’humoristes de talent qui pour la plupart convolent depuis maintenant quelques années sous la bannière de Clique, l’émission de Mouloud Achour sur Canal +.

Tous·tes rassemblé·es pour un film dont c’est à peu près la seule justification, et qui va appliquer une heure et demie durant la recette bien rodée de la comédie de lose, retraçant la galère invraisemblable d’un antihéros dont les péripéties vont opportunément attraper au passage tous les signes extérieurs de compatibilité générationnelle qui lui passeront sous la main : tubes (Les Méchants, qui donne carrément son titre au film, Heuss l’enfoiré chopant même un rôle), vidéos virales (le youtubeur marseillais Mohamed Henni venu resservir son “je suce tous les zboubs de Paname”), mèmes (”j’suis pas venue ici pour souffrir, ok ?”), clins d’œil et caméos improbables (Samy Naceri).

Contemporain sous vide

Si le résultat est parfois drôle, il faut d’abord dire que toutes les bonnes vannes sont dans la bande-annonce (phénomène connu, mais ici poussé à la caricature, tant les interstices réels entre toutes ces petites pépites de trailer sont des gouffres de rythme et de manque d’idées). Et ensuite, qu’il agace particulièrement par son cynisme. C’est comme si Achour n’avait jamais envisagé de concevoir son film comme un film, et non comme un compactage informe de contemporain sous vide, allant jusqu’à commettre des superpositions aberrantes, voire involontairement nauséabondes.

>> À lire aussi : “France” : et Bruno Dumont fit éclore la beauté des poubelles de l’industrie médiatique

Archétypes télévisuels

La supercherie fonctionne peut-être en surface, mais il apparaît clairement qu’elle n’a, au fond, rien à dire sur l’époque dont elle prétend recenser tous les bidules et se faire le décalque parodique, tant son vocabulaire humoristique est au fond bien plat et convenu : des blagues sur les bobos et les magasins bio (pitié), une reconstitution en toc de galère street (on commence à en avoir soupé des humoristes blancs-becs bien nés prenant des faux accents caillera), une convocation facile des petits archétypes télévisuels en vogue (le polémiste identitaire et son homologue progressiste, révélant hors antenne leur complicité comme dans France de Dumont), emballé, c’est pesé. Un kilo d’époque pour la p’tite dame !

Pour la sincérité et le mordant – celle par exemple d’un Jean-Pascal Zadi auquel on pense souvent, et notamment à travers le rôle de mauvais cinéaste de gauche de Mathieu Kassovitz, version mignonne et molle du bulbe de sa scène imparable dans Tout simplement noir – on repassera.

>> À lire aussi : “Serre-moi fort”, le prodigieux patchwork de Mathieu Amalric