Les ministères de l’Éducation et du Travail mènent des attaques brutales contre les lycées professionnels

Des attaques multiples et brutalesL’enseignement professionnel initial public est la cible d’attaques récurrentes depuis de nombreuses années. Certain·es le considèrent trop coûteux, quand d’autres le prétendent éloigné des besoins des entreprises...

Les ministères de l’Éducation et du Travail mènent des attaques brutales contre les lycées professionnels

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Un collectif d'enseignants mobilisés contre les réformes du lycée et de la voie professionnelle, au lycée polyvalent Françoise de Tournefeuille près de Toulouse, en mai 2019.

Des attaques multiples et brutales

L’enseignement professionnel initial public est la cible d’attaques récurrentes depuis de nombreuses années. Certain·es le considèrent trop coûteux, quand d’autres le prétendent éloigné des besoins des entreprises -voire pire, le discréditent en le qualifiant de “pourvoyeur de chômeurs et chômeuses”. Alors que l’apprentissage est plébiscité dans les médias et présenté comme LE modèle d’excellence, l’enseignement professionnel public est sous-financé, sous-doté, et connaît depuis plus de 20 ans des réformes qui diminuent le temps de formation des élèves et appauvrissent leurs savoirs et savoir-faire.

Aujourd’hui, c’est le projet global et l’objectif émancipateur de l’enseignement professionnel public qui sont plus que jamais menacés par le gouvernement.  Répondant ainsi aux exigences des organisations patronales, les ministères du Travail et de l’Éducation mènent des attaques brutales contre ce modèle de formation unique, pourtant envié en Europe, qui scolarise 650.000 jeunes en France. 

Le big-bang de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (LCAP)

Cette loi bouleverse de fond en comble l’organisation de l’apprentissage en le livrant au secteur marchand notamment par l’arrivée du financement au contrat (sorte de tarification à l’acte). Cela exacerbe sa mise en concurrence directe avec l’enseignement professionnel sous statut scolaire. Par ailleurs, cette loi permet aux élèves de rentrer en apprentissage tout au long de l’année. Elle transforme ainsi l’enseignement professionnel public en une sorte de sas vers l’apprentissage, et crée les conditions du développement du mixage des parcours et des publics. Simultanément, en faisant passer de 23 à 13% la part de taxe d’apprentissage pouvant revenir aux lycées professionnels et technologiques, la loi réduit d’autant leur financement.

 

La loi LCAP bouleverse l’organisation de l’apprentissage en le livrant au secteur marchand notamment par l’arrivée du financement au contrat. Cela exacerbe sa mise en concurrence avec l’enseignement professionnel sous statut scolaire.

 

Elle impose aussi aux organismes de formation de publier leurs résultats via la plateforme InserJeunes. Ce site discrédite les formations scolaires et constitue un instrument de propagande au service de l’apprentissage. En donnant la main dans les CPC aux branches professionnelles sur la définition des diplômes, leur contenu et les parcours de formation, la LCAP permet surtout de développer l’employabilité immédiate. La consécration des compétences au détriment des savoirs et savoir-faire affaiblit la qualification et sa reconnaissance dans le monde du travail. Le contexte sanitaire difficile que nous traversons a pourtant révélé l’importance des formations professionnelles sous statut scolaire pour appréhender les incertitudes de l’emploi et sécuriser les parcours professionnels des jeunes.

Transformation de la voie professionnelle (TVP): vers une formation au rabais

Au cœur de la TVP, la baisse drastique des heures d’enseignement disciplinaire conduit à un appauvrissement des contenus de la formation. De plus, le regroupement des secondes, en familles de métiers, organise la déqualification des élèves en enseignant des compétences transversales génériques. Alors condensée en 1ère et Terminale, la préparation à un diplôme reconnu par les professionnels est amputée d’une année. Ce dispositif n’est pas mis en place dans les formations par apprentissage accentuant de fait la concurrence. C’est aussi un leurre pour les familles et les élèves qui n’ont qu’un choix contraint d’orientation à l’issue de cette année de seconde.

 

La mise en place de Parcoursup a exclu des poursuites d’études dans le supérieur un bon nombre de jeunes provenant des lycées professionnels. Le ministre restreint, de fait, l’avenir des jeunes.

 

La TVP permet une réduction des postes et une mise en concurrence des enseignantes et enseignants, mais produit aussi une perte de sens du métier. En imposant des dispositifs utilitaristes, la réforme modifie en profondeur le métier dans l’objectif de transformer les enseignantes et les enseignants en simples exécutantes et exécutants. La mise en place de Parcoursup a exclu des poursuites d’études dans le supérieur un bon nombre de jeunes provenant des lycées professionnels. La non-augmentation des places en BTS ne permet pas l’élévation du niveau de qualification. Agissant ainsi, le ministre restreint, de fait, l’avenir des jeunes, notamment de celles et ceux, peu qualifiées et qualifiés, qui sont les 1ères victimes de la crise économique. 

L’apprentissage: une solution en trompe-l’œil

Le gouvernement et le ministre Blanquer brandissent l’apprentissage comme un système magique pour lutter contre le chômage des jeunes -argument qui ne résiste ni aux faits ni aux nombreuses études sur le sujet. L’insertion immédiate des jeunes dans l’emploi est fortement corrélée à la conjoncture économique et aux besoins des territoires. L’apprentissage limite aussi les possibilités de poursuites d’études des jeunes. Pourtant, l’élévation du niveau de qualification est un élément crucial pour résister aux crises économiques et pour une entrée durable dans l’emploi. L’apprentissage répond aux besoins immédiats des entreprises et des organisations patronales dans leur quête de main-d’œuvre précaire et à coût réduit. De plus il est discriminatoire, notamment à l’égard des filles et des jeunes issues et issus de l’immigration. Malgré ces réalités le gouvernement persiste à injecter des milliards pour le développer. Parmi les 7 milliards d’euros dévolus au plan “1 jeune 1 solution”, 4 milliards lui sont dédiés. Alors que le chômage des jeunes a bondi de 16% au 3ème trimestre 2020, ce plan n’a pas les effets escomptés puisque peu de nouveaux contrats ont été signés. Ce financement public massif de l’apprentissage qui participe à l’abaissement du “coût du travail” est attribué massivement aux entreprises sans aucune contrepartie. 

 

L’apprentissage répond aux besoins immédiats des entreprises et des organisations patronales dans leur quête de main-d’œuvre précaire et à coût réduit.

 

Pour nous CGT Éduc’action, CNT-FTE, SNALC, SNUEP-FSU, SUD Éducation, il y a urgence à mettre en œuvre un plan de financement ambitieux permettant de renforcer et de développer le service public de la formation professionnelle initiale sous statut scolaire. C’est un outil indispensable pour augmenter le niveau de qualification de l’ensemble de la population, pour sécuriser les parcours scolaires et professionnels des jeunes et pour répondre aux nouveaux enjeux de société qui s’ouvrent à nous.

 

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