“Les Mitchell contre les machines” : attention, robots méchants !

Même s’ils ne signent pas la réalisation, on reconnaît assez rapidement dans cette rutilante acquisition du catalogue animé Netflix la patte du tandem le plus courtisé de l’animation mondiale : Phil Lord et Chris Miller. Apparus en 2009 avec...

“Les Mitchell contre les machines” : attention, robots méchants !

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Même s’ils ne signent pas la réalisation, on reconnaît assez rapidement dans cette rutilante acquisition du catalogue animé Netflix la patte du tandem le plus courtisé de l’animation mondiale : Phil Lord et Chris Miller.

Apparus en 2009 avec une improbable mais très réussie Tempête de boulettes géantes, les réalisateurs se sont imposés depuis comme les porte-flambeau d’une animation rajeunie, infatigable, hissée à un cran inédit (et quelque peu terrifiant) de dynamisme accompagné d’un humour lourdement chargé en références pop.

C’est en attendant la suite de ce dernier, et dans le cadre du même deal avec Sony, qu’est né Les Mitchell contre les machines, produit par la paire susmentionnée. Un objet d’une efficacité formelle une fois encore redoutable, ravageuse, quand bien même son argument est, lui, très balisé, pour ne pas dire bien pépère : d’un côté, une famille gentiment weirdo comme les séries animées en débitent par paquets de douze depuis que le monde est monde, ou en tout cas depuis que les Simpson vivent à Springfield ; de l’autre, un pastiche assez convenu d’apocalypse robotique parodiant l’hégémonie des GAFAM sur le mode de Terminator.

Katie est un possible visage générationnel, l’avatar d’une adolescence 2020 tranquillement adultifiée

Chien à strabisme et mèmes absurdes

Le résultat sait indiscutablement séduire, emporter dans son mouvement, décrocher des rires faciles (le chien à strabisme y est pour beaucoup), mais il nous intéresse surtout par sa manière de mettre à jour les données de la famille américaine moyenne.

C’est d’ailleurs toute l’ironie du film, qui ne cesse de marteler à quel point ses héros·oïnes seraient, supposément, “bizarres”, alors que tout concourt en réalité à fixer à travers elles et eux les lois d’une nouvelle normalité, incarnée principalement par son héroïne adolescente – une sympathique youtubeuse éprise de DIY et de mèmes absurdes.

Doublée par Abbi Jacobson (moitié de Broad City), Katie est un possible visage générationnel, l’avatar d’une adolescence 2020 tranquillement adultifiée, moins dans la soupe d’hormones (le récit ne lui colle pas le moindre love interest), davantage dans la cultivation narcissique (ses créations vidéo cartonnent sur YouTube).

>> A lire aussi : “Broad City”, des Girls en version trash

Elle est aussi l’élément le plus aimable de toute la batterie d’effets mis en œuvre par le film pour se proclamer “de son temps” : partout ailleurs, il faut bien le dire, l’avalanche de gimmicks de montages de youtubeur·euses, d’extraits de vidéos virales, d’appels du pied à la culture TikTok frise l’overdose de ciblage “génération Z”. On s’est rarement senti aussi boomer…

Les Mitchell contre les machines de Michael Rianda et Jeff Rowe, avec les voix d’Abbi Jacobson, Danny McBride (E.-U., 2021, 1h53)