Les musiciens face à la guerre : retour sur cinq mois de mobilisation en faveur du peuple palestinien

Face à un conflit qui sévit dans l’impuissance générale, ils et elles s’attèlent à l’action. Depuis l’intensification de la guerre opposant Israël et le Hamas à Gaza, les artistes sont de plus en plus nombreux·ses à remonter leurs manches afin...

Les musiciens face à la guerre : retour sur cinq mois de mobilisation en faveur du peuple palestinien

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Face à un conflit qui sévit dans l’impuissance générale, ils et elles s’attèlent à l’action. Depuis l’intensification de la guerre opposant Israël et le Hamas à Gaza, les artistes sont de plus en plus nombreux·ses à remonter leurs manches afin de soutenir le peuple palestinien et d’appeler à un cessez-le-feu immédiat. Bénéfices reversés à telle ou telle association, sorties inédites, prises de parole sur scène ou sur les réseaux sociaux : ils et elles s’élèvent d’une seule et même voix, par leur art, pour réclamer la fin de la guerre. Car les semaines défilent, les mois passent et les chiffres, eux, retranscrivent l’horreur. Depuis le 7 octobre 2023, plus de 70 000 Palestinien·nes ont été blessé·es dans la bande de Gaza, tandis que 30 000 y ont été assassiné·es. 

Alors que se tient, en ce moment même, le festival SXSW d’Austin – il se déroule du 12 au 14 mars, au beau milieu du Texas – de nombreux·ses artistes ont annoncé qu’ils et elles ne s’y produiraient finalement pas. Les punks de Lambrini Girls, Sprints, Sowl, Gel, le trio hip-hop de Kneecap, de même que les musicien·nes Squirrel Flower, Shalom et Eliza McLamb… Tous·tes ont annulé leur venue, via des communiqués publiés sur leurs réseaux sociaux ces derniers jours. En cause de ce boycott : les financements de l’événement, étroitement liés à l’industrie de la défense et à l’armée américaine – laquelle multiplie les livraisons d’armes à ses alliés israéliens, comme le rapporte le Washington Post

Des disques et des tribunes

Un geste militant que d’autres artistes déclinent autrement, qu’ils et elles signent des tribunes ou sortent des disques dédiés à irriguer les fonds des associations. Parmi elles et eux : Adrianne Lenker – membre du groupe new-yorkais Big Thief – qui vient tout juste de sortir I Won’t Let Go of Your Hand, une collection de six titres en vente sur Bandcamp. Tous les bénéfices collectés seront ensuite reversés à Palestine Children’s Relief Fund, une ONG américaine venant en aide aux jeunes Palestinien·nes au Moyen-Orient. “Tout ce que je pense dire semble être inférieur à une micro-fraction de la puissance nécessaire pour transmettre le message”, s’est exprimée la musicienne dans un communiqué, avant de sommer : “Les tueries doivent cesser.” 

Ce mois-ci, les Irlandais de Fontaines D.C. s’apprêtent eux aussi à sortir un EP caritatif, aux côtés de Young Fathers et Massive Attack : Ceasefire. Un vinyle en édition limitée destiné à exiger “la fin permanente de l’occupation brutale de la Palestine par Israël”, précisaient Grian Chatten et ses compères dans un communiqué, ainsi qu’à récolter des fonds pour Médecins Sans Frontières.

En novembre dernier, Fontaines D.C. avaient déjà affirmé leur soutien au peuple palestinien en signant la tribune impulsée par le collectif Musicians for Palestine. Ce texte, appelant à un “cessez-le-feu immédiat”, une “aide humanitaire à Gaza” et “la fin du siège”, avait rassemblé pas moins de 4000 signatures. Sleater-Kinney, Blonde Redhead, Pulp, Brian Eno, Lucy Dacus, Mica Levy, Bikini Kill – entre autres – plaidaient ainsi pour un “avenir juste et pacifique”

La scène, nouvelle arène politique ?

À l’aune de cette guerre, les concerts deviennent aussi des espaces de revendications politiques – si tant est qu’ils aient déjà cessé de l’être un jour. Dernier exemple en date : la soirée parisienne menée par les mastodontes du post-punk britannique, les dénommés Idles, jeudi 7 mars. De passage au Zénith de Paris pour une seule date, ils n’ont pas hésité à troquer les paroles initiales de The Wheel pour “Can I get a hallelujah? Viva Palestina” – mots ensuite repris (à gorge déployée) par une foule galvanisée.

Le mois précédent, à la Wembley Arena de Londres, le groupe Enter Shikari faisait résonner sa musique post-hardcore et sa solidarité aux enfants résidant à Gaza, “détruits par un gouvernement et un pays complètement perdus dans une ferveur nationaliste et religieuse”. Avant eux, fin janvier, les punks américaines de Bikini Kill donnaient un concert caritatif au Capitol Theatre de Washington, afin de récolter des dons pour l’ONG Palestine Children’s Relief Fund. Une date où elles étaient accompagnées du groupe The Ghost Ease, ainsi que de la conférencière palestino-américaine Selma Al-Aswad, membre du Palestinian Feminist Collective. 

Sur les scènes tricolores, plus tôt encore, les Psychotic Monks avaient justement dédié leur unique date parisienne à leur engagement en faveur de la paix à Gaza. Le 10 janvier dernier, la Gaîté Lyrique avait ainsi été le théâtre d’un moment pour le moins politique, la soirée ayant été ouverte d’une longue prise de parole d’Artie, membre du quatuor. Elle y faisait état d’une “période de montée des violences, de la haine, des régimes totalitaires et fascistes un peu partout dans le monde”, soulignant l’“urgence” de se mobiliser pour les Palestinien·nes. Hamza Abuhamdia, artiste dont les parents militent au sein de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), était justement là pour en témoigner. Le concert, intense à bien des égards, s’était refermé dans l’émotion collective tandis qu’une pancarte brandie sur scène assénait : “CEASEFIRE IN GAZA / STOP THE GENOCIDE / FREEDOM FOR PALESTINE”.