Les recherches du corps d'Estelle Mouzin relancées

JUSTICE - Fouillé sans relâche, le sol des Ardennes va-t-il enfin livrer le corps d’Estelle Mouzin, disparue en 2003? Depuis ce mardi 6 avril, militaires et gendarmes sont de retour à Issancourt-et-Rummel, aiguillés par des déclarations inédites...

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JUSTICE - Fouillé sans relâche, le sol des Ardennes va-t-il enfin livrer le corps d’Estelle Mouzin, disparue en 2003? Depuis ce mardi 6 avril, militaires et gendarmes sont de retour à Issancourt-et-Rummel, aiguillés par des déclarations inédites de Monique Olivier, l’ex-femme du tueur en série Michel Fourniret.

La semaine dernière, un tractopelle a retourné la terre d’une zone marécageuse au sud-ouest de ce bourg de 400 âmes. Désormais, c’est à l’opposé, dans une vaste zone forestière au nord-est du village et interdite à la presse que se concentrent les recherches, sans engins de chantier pour l’instant.

Ces énièmes recherches ont été ordonnées après l’audition jeudi dernier en situation, dans les locaux de la gendarmerie de Charleville-Mézières, de Monique Olivier par la juge d’instruction Sabine Kheris. 

Monique Olivier fait de nouveaux aveux

Lors de cet interrogatoire, l’ancienne complice de “l’Ogre des Ardennes” a reconnu pour la 1ère fois un rôle dans la séquestration d’Estelle Mouzin, enlevée il y a dix-huit ans à Guermantes en Seine-et-Marne. Monique Olivier a “donné des endroits, un chemin sur lequel elle l’avait accompagné en voiture pour aller déposer le corps”, a expliqué mercredi à la presse son avocat Richard Delgenes, venu sur le lieu des fouilles.

Après son audition la semaine dernière, elle s’est rendue sur place “de nuit”, pour indiquer “où pouvait être” le lieu où Michel Fourniret l’avait laissée en camionnette pour aller enfouir le corps dans la forêt, a-t-il ajouté. L’endroit désigné “n’est pas non plus très petit” et les enquêteurs “fouillent par secteur”, selon l’avocat.

Monique Olivier avait jusqu’ici reconnu être au courant du meurtre d’Estelle et avoir fourni un alibi à son mari, mais cette fois “elle confirme qu’elle l’a vue et qu’elle était là au moment du transport du corps”, complète Didier Seban, l’avocat de la famille de l’enfant.

L’état de santé de Michel Fourniret, frein à l’enquête

Ces détails inédits ouvrent la voie à un nouveau rebondissement dans l’enquête, qui se heurte à la mémoire chancelante et à la santé fragile de Michel Fourniret. À 78 ans, le tueur en série est hospitalisé depuis novembre.

Âgée de 72 ans, son ex-femme, rencontrée par petite annonce il y a trois décennies et avec qui il avait scellé un pacte criminel, est en revanche en parfaite santé et s’affirme au fil des mois comme une pièce maîtresse du puzzle.

“Le fait que Michel Fourniret soit dans un état de santé qui ne lui permet pas de causer lui a fait comprendre que si elle ne disait rien, lui ne dirait rien”, selon Me Delgenes.

Mise en examen pour “complicité”, c’est elle qui avait déjà clairement indiqué qu’Estelle Mouzin avait été séquestrée, violée et étranglée par son ex-mari, dans une maison héritée de la sœur du tueur à Ville-sur-Lumes, un village situé à seulement 4 km d’Issancourt-et-Rumel.

Obsédé par les jeunes vierges et condamné à la perpétuité incompressible pour sept meurtres entre 1987 et 2001, “Michel Fourniret a toujours été au plus simple” pour se débarrasser du corps de ses victimes, rappelle Me Seban.

De nouvelles fouilles qui vont durer

Avec ses nouvelles déclarations, Monique Olivier a dessiné le scénario d’un “meurtre à quatre mains”, comme pour les précédentes victimes, estime l’avocat. Selon lui, “les fouilles risquent de durer fort longtemps”, au regard de l’étendue de la forêt à explorer.

Un avis partagé par les habitants du village, qui observent curieusement les allées et venues des gendarmes de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. ″Ça m’étonnerait fort qu’ils trouvent quelque chose par ici”, révèle Christian Médeau, un retraité de 75 ans qui habite une petite maison en lisière de bois. “C’est tellement vaste, il y a de quoi se perdre. À partir d’ici, c’est la forêt jusqu’en Belgique”.

Huitième juge d’instruction en charge de cette affaire, Sabine Kheris semble toutefois déterminée à retourner méthodiquement chaque lopin de terre suspect sur les terres natales de Michel Fourniret. 

Avant celle de cette semaine, la magistrate a organisé quatre opérations de fouilles depuis l’été, toutes dans cette diagonale d’une vingtaine de kilomètres entre Charleville-Mézières et Sedan où est né “l’Ogre”. 

De la maison de Ville-sur-Lumes à Floing, où l’ex-ouvrier-fraiseur possédait un terrain, en passant par le château du Sautou à Donchery, vaste domaine où deux victimes de Michel Fourniret ont déjà été retrouvées, la caravane des enquêteurs continue à écumer cette zone si familière au tueur en série. Avec l’espoir, cette fois, de toucher enfin au but.

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