“Les SEGPA” n’est pas la catastrophe annoncée

Le voilà l’affreux, l’infréquentable, l’ennemi public numéro un : Les SEGPA est sorti ce mercredi 20 avril dans toute la France. Coproduit par Cyril Hanouna (ce qui n’a sans doute pas aidé à sa réputation) et tiré d’une websérie à succès, le...

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Le voilà l’affreux, l’infréquentable, l’ennemi public numéro un : Les SEGPA est sorti ce mercredi 20 avril dans toute la France. Coproduit par Cyril Hanouna (ce qui n’a sans doute pas aidé à sa réputation) et tiré d’une websérie à succès, le film des frères Bougheraba s’est attiré ces derniers mois une telle volée de bois vert qu’on avait fini par se laisser croire qu’il était déjà sorti, déjà vu par les fans, déjà boycotté par les haters, et en tout cas (ça, ce n’est pas qu’une impression) déjà conspué par tout ce que l’internet français compte de profs twittos et d’éducateurs militants.

Une comédie cartoonesque

En cause, une comédie qui, par son titre et son sujet, se fait forcément le relais de toute une gamme de clichés cruellement associés aux élèves de classe SEGPA : idiots, paresseux, bien trop vieux pour leur niveau… Or le film, qui tire effectivement de ces préjugés une bonne partie de son carburant comique, est difficilement à ranger dans le camp des comédies gratuitement méchantes. S’il met effectivement en scène une bande d’élèves en classe de soutien, c’est un choix qu’il n’ancre jamais dans une réalité plausible : on est moins dans le régime de la comédie de société que dans celui du pur cartoon, avec une ambiance très solaire et positive qui ne laisse pas vraiment de place à un rire punitif ou excluant. 

Virés de leur collège, les Segpa déboulent dans un improbable high school huppé, située à Marseille mais tout droit sorti d’un teen movie californien à la Clueless. Ils vont y devenir à la fois la bête noire des surveillants et la coqueluche des autres élèves, via un tout nouveau terrain de stratification sociale qui les change de la dure loi des notes et leur réussit merveilleusement : les innombrables activités extrascolaires, où chacun trouvera à s’épanouir – club de science peuplé de geeks, journal du lycée pour accros au gossip, football américain, cheerleading, fêtes somptuaires…

Grands débrouillards magnifiques

La morale est un peu doucereuse (il n’y a pas d’élève perdu, tout le monde peut réussir, etc.), mais elle a le mérite de bien moins ridiculiser les élèves eux-mêmes que les critères d’excellence qui les ont exclus, et ne semblent en réalité pouvoir servir qu’à les marginaliser artificiellement. Loin de ces vieux carcans, les Segpa deviennent pratiquement des super-héros, des grands débrouillards magnifiques, dotés d’un capital sympathie et de ressources quasi magiques (leur génie du déguisement de groupe, par exemple). Le récit n’appuie jamais inutilement sur leurs défauts et fait toujours tourner ses vents vers leurs talents secrets. Ichem, leur leader, est un loser irrésistible dans les canons du jeune cinéma français bien en vue, quelque part entre Thomas Scimeca et Esteban. Qu’y a-t-il de dégradant là-dedans ?

Le résultat est certes loin d’être hilarant, mais toujours éminemment sympathique, à la manière d’une petite gastambiderie gentillette et beaucoup moins oppressive qu’annoncé (on notera d’ailleurs que le film est très à l’aise en terrain queer, entre un garçon pom-pom-girl et un autre vantant l’amour homosexuel – “on peut faire bien plus de trucs !”). La cohorte de boycotteurs-cancelleurs a sans doute de très nobles motivations mais ne devrait pas pour autant oublier l’essentiel quand il s’agit de juger un film : le voir.

Les SEGPA, actuellement en salles.