Lescop enfin de retour avec “Rêve parti”, album incisif autant qu’élégant

À la rentrée automnale, Lescop mettait fin à sept ans de silence discographique avec un single, Radio, faisant écho à son propre hit radiophonique, La Forêt : “Dans mes oreilles passe un tube à la radio.” “Ça reste un étendard qui a changé...

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À la rentrée automnale, Lescop mettait fin à sept ans de silence discographique avec un single, Radio, faisant écho à son propre hit radiophonique, La Forêt : “Dans mes oreilles passe un tube à la radio.” “Ça reste un étendard qui a changé ma vie, mais c’est aussi la recherche du prochain”, confesse l’intéressé un soir de décembre 2023 dans les locaux de son nouveau label et tourneur.

Après l’insuccès commercial du deuxième album, Echo (2016), Mathieu Peudupin avait mis entre parenthèses la carrière de son groupe et monté le quintette postpunk Serpent, à tel point qu’on avait fini par croire que Lescop se conjuguait au passé ou que le chanteur quadra réapparaîtrait sous un nouvel alias, après Asyl, Lescop et Serpent, comme le titre de Rêve parti pourrait le laisser sous-entendre.

“Je me suis demandé si Lescop était un avatar, mais c’est vraiment moi lorsque j’écris”

“Dans ma carrière, il y a toujours eu des ruptures, admet-il en toute franchise. Avec Asyl, je suis entré dans un groupe de rock par effraction pour en devenir le chanteur. Puis j’ai fait le Conservatoire pour aspirer au métier de comédien, avant de tourner avec les Stranglers et de finir par monter Lescop. Après deux albums avec Johnny Hostile, j’avais fait artistiquement le tour de la question. Je suis donc revenu à ce que je savais faire : former un nouveau groupe et redevenir acteur. Je me suis demandé si Lescop était un avatar, mais c’est vraiment moi lorsque j’écris.”

Par le truchement de son nouveau manager, Mathieu Lescop rencontre Thibault Frisoni, l’alter ego de Bertrand Belin, pour arranger et produire Rêve parti, intitulé d’un troisième album qui résonne comme un double aveu. “C’est le titre d’une chanson qui cause d’une rupture affective, d’un rêve qui s’en va et de la reconstruction qui en découle.

Par extension, Rêve parti résume assez bien l’époque. À 20 ans, je ne pensais évidemment pas que le monde serait tel qu’il est aujourd’hui”, déplore-t-il, avec son fils pas loin de lui dans cette salle où l’on bavarde à l’heure vespérale. D’où cette pochette en référence au magazine Zoom, sur laquelle Lescop pose devant une Mercedes vintage rouge, hissée sur une remorque aux pneus crevés.

Un goût de “Diabolo menthe”

Rêve parti, donc, mais pas définitivement envolé. En repartant sur d’anciennes compositions (Le Jeu, La Plupart du temps) et en s’appuyant sur l’expérience récréative de Serpent pour évacuer ses fixettes habituelles, Lescop s’ouvre de nouvelles portes, en (ré)apprenant à rentrer plus simplement dans la musique, comme en témoigne Les Garçons en ouverture, sans doute la plus belle réussite du disque et d’un classicisme instantané. “Je voulais qu’elle sonne comme Diabolo menthe d’Yves Simon ou une chanson nostalgique de variété. Je n’ai aucun plan commercial et pas d’autre ambition que d’écrire de bonnes chansons”, reconnaît-il humblement.

Toujours aussi attaché au format de l’album – citant Low, Nevermind, Pop Satori, Seppuku, Strange Days et, bien évidemment, Unknown Pleasures parmi ses références ultimes –, Mathieu Lescop n’envisageait pas un autre support discographique pour son retour. “Les albums, ce sont comme des romans. J’adore les tubes, mais je préfère lire Guerre et Paix en entier plutôt qu’un seul chapitre.”

À 45 ans, Lescop a déjà vécu plusieurs vies artistiques

Au générique de l’album mixé par Ash Workman, l’ingénieur du son anglais le plus courtisé des frenchies (Frànçois and the Atlas Mountains, Christine and the Queens, Malik Djoudi), Lescop a naturellement retrouvé Halo Maud, qui l’accompagnait autrefois sur scène, pour le redoutable single La Femme papillon, et Izïa (La Plupart du temps), pour laquelle il avait coécrit des paroles à l’époque de La Vague (2015), tout en invitant Laura Cahen à duettiser sur Effrayé par la nuit.

Autant de duos mixtes qui parcourent le disque d’une présence féminine au milieu des Garçons, de ruptures autobiographiques ou fantasmées et qui montrent Lescop sous un nouveau jour, plus posé (Exotica), plus mature (J’ai oublié ton image), plus songeur (Rêve parti), plus incisif (Tu peux voir). C’est que l’homme, artiste et père de famille de 45 ans a déjà vécu plusieurs vies artistiques. “Comme un poison violent/Un long trait d’héroïne/Un grand soleil brûlant/Dans un ciel rouge grenadine”, chante-t-il sur Grenadine, beau titre conclusif en forme de lettre ouverte à la dépendance amoureuse, sentimentale et toxique.

Rêve parti (Labréa Music/Wagram). Sortie le 2 février. En tournée française et en concert à La Cigale, Paris, le 4 avril.