“Like All Before You” de The Voidz : la folie pop oblique de Julian Casablancas et sa bande

Quand le succès d’un groupe commence à ressembler à une malédiction, peu d’options s’offrent à son leader charismatique pour sauver les meubles. Première option, radicale : saborder sa formation. Deuxième option, artistique : démolir ses fondements...

“Like All Before You” de The Voidz : la folie pop oblique de Julian Casablancas et sa bande

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Quand le succès d’un groupe commence à ressembler à une malédiction, peu d’options s’offrent à son leader charismatique pour sauver les meubles. Première option, radicale : saborder sa formation. Deuxième option, artistique : démolir ses fondements et prendre un virage inattendu, quitte à faire enrager sa fan base. Troisième option, dissidente : monter un nouveau projet pour mieux repartir de zéro.

C’est cette troisième formule qu’a choisie Julian Casablancas il y a pile dix ans, en 2014, quand il s’est acoquiné avec les loubards de The Voidz. Émancipé des Strokes, avec qui les sessions studio prenaient des allures de pointage à l’usine, le New-Yorkais devenait le chef de bande d’un gang post-situationniste dont les thématiques (critique du capitalisme et de l’industrie du divertissement, professions de foi nihilistes) étaient seulement effleurées avec sa formation initiale.

Une poignée de singles absolument géniaux

Côté dégaine, on a cru à la rencontre entre Thin Lizzy et les Voidoids de Richard Hell. Côté musique, c’était Devo et Pere Ubu qui se frayaient un chemin aux côtés de Van Halen. Avec leur capharnaüm bruitiste en gestation larvée d’où jaillissaient des fulgurances mélodiques à vous coller les poils, les Voidz ont ainsi cartographié le relief accidenté de la psyché d’un Casablancas en proie aux vertiges existentiels, que le cadre strokesien ne permettait plus de conjurer, d’un jeune homme moderne ayant connu le monde en VHS, avant de finir transbahuté dans le réseau internet global.

Après le rutilant Tyranny (2014) et le hors cadre Virtue (2018), que pouvait-on attendre des Voidz ? Question d’autant plus pressante que, depuis, les Strokes avaient repris des couleurs pop avec le très réussi The New Abnormal (2020). Si les Voidz n’ont jamais cessé de sortir ici et là des singles tous absolument géniaux dans leur genre (le mélancolique Did My Best, le post-indus Alien Crime Lord), on attendait depuis un bail de savoir ce que la bande des six avait dans le ventre pour la suite.

Synthés à gogo, boîtes à rythmes, Auto-Tune dans le rouge et guitares heavy : Like All Before You ne déçoit pas. Pensé comme un mini-opéra postmoderne avec ses intro et outro instrumentales (on connaît la passion de Julian pour les vieux thèmes vintage au synthé) et sa narration tragique, ce troisième album peaufine son art de la chanson pop oblique avec, toujours, cette flamboyance soudaine, ses détours qui surprennent et le savoir-faire mélodique unique d’un Julian aux multiples teintes vocales.

Ce dernier semble d’ailleurs s’atteler aujourd’hui plus qu’avant à l’édification d’un continuum conscient reliant les différentes composantes de son œuvre globale (le titre Square Wave s’impose comme une sorte de revisite en négatif de The Adults Are Talking, morceau d’ouverture du dernier album des Strokes). Au point de ne plus savoir qui des Strokes ou des Voidz est le laboratoire de l’autre. Une chose est sûre, Like All Before You, par son entreprise d’exploration abyssale de la mémoire vive de son illustre frontman, est un objet de fascination pop pas banal.

Like All Before You (Cult Records/PIAS). Sortie le 18 octobre.