Lil Nas X est-il la nouvelle superstar de l’hyperpop ?

Si ce kid de 22 piges venu tout droit d’Atlanta n’a – pour l’instant – qu’un seul ep de sept titres en poche, il est déjà couvert de gloire 2.0, celle que l’on mesure à l’explosion de likes et de vues sur Internet. Pendant que son nouveau clip...

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Si ce kid de 22 piges venu tout droit d’Atlanta n’a – pour l’instant – qu’un seul ep de sept titres en poche, il est déjà couvert de gloire 2.0, celle que l’on mesure à l’explosion de likes et de vues sur Internet. Pendant que son nouveau clip dépasse les 30 millions de vues en trois jours, Lil Nas X continue de faire de l’hybridité sa marque de fabrique. Il y a deux ans, la starlette balançait Old Town Road (plus de 500 millions de vues au compteur à ce jour), un titre entêtant où le flow coule entre banjo typique de la country et beat de hip-hop bien lourd. Concocté par le producteur hollandais YoungKio, qui a mis beaucoup de Nine Inch Nails (34 Ghosts IV) dans son tube à essai, le morceau fait le buzz dès sa sortie officielle en avril 2019 en brusquant les genres. En témoigne d’ailleurs la polémique autour de son classement lorsque Old Town Road reste en tête du Billboard Hot 100 pendant 17 semaines, mais se fait dégager du Hot Country Songs en même pas sept jours, sous prétexte que la composition n’est pas assez “country”. 

Derrière cette controverse, ronfle aussi le fléau du racisme. Dans l’imaginaire américain, la country s’apparente à la musique du colon blanc par excellence. Quid de ce jeune homme noir qui se l’approprie ? Or, comme tous les genres musicaux, la country émane de racines qui se fondent et se ressoudent sans cesse. Tristement ancrée dans l’histoire des États-Unis, la ségrégation pousse la génération Z à laquelle appartient Lil Nas X à défoncer ces clichés miteux, tout en obtenant une audience massive sur Internet. C’est donc aux côtés de Billy Ray Cyrus (oui, le père de Miley), dans la vidéo de Old Town Road, que le gamin fait la nique à John Wayne et au mythe de la Destinée manifeste en glorifiant les cow-boys noirs et en s’inscrivant dans la tendance du YeeHaw Agenda. Un moyen d’affirmer, sur un pied d’égalité, son identité américaine.

Paradis artificiels de la pop

En 2021, Lil Nas X titille toujours les sujets sensibles au gré du rap et des embardées country, mais prend un virage visuel. Montero (Call Me By Your Name), son nouveau clip abrasif, exalte une mise en scène débordante, parfois même ironique. Dès l’ouverture digne d’un dessin animé DreamWorks, le rose coton saute aux yeux et se déploie dans un Jardin d’Eden numérique. Le décor surchargé assume le kitsch, au moins autant qu’entre les murs de stucs du château où Lil se retrouve, par la suite, prisonnier. Le goût du détail émane autant du rococo que des films de série B. Bref, ce paradis artificiel démesuré pousse les curseurs de l’esthétique pop, au point que l’on puisse le qualifier “d’hyperpop”.

Participant à son propre grand spectacle, Lil Nas X radicalise la pop pour bâtir, sous nos yeux ébahis, son identité. D’une voix robuste, l’incipit sonne le glas de la tranquillité : “Nous avons des parties de nous-mêmes que nous ne voulons pas montrer au monde. Nous les cachons. Nous n’en parlons pas. Nous les bannissons. Mais pas ici. Bienvenue à Montero”. Le titre du morceau fait même référence au vrai prénom du rappeur qui, après la sortie du clip, a tweeté une lettre adressée à lui-même. Direction l’égotrip ? En tout cas, Lil Nas X s’affirme queer, sans complexe, en prêchant pour la paroisse de l’hyperpop comme on emprunte le chemin pour se connaître.


Satan n’a qu’à bien se tenir

Avec Montero, Lil Nas X a déclenché un petit séisme. Et ce, parce qu’il s’affirme pleinement queer autant qu’il use de scènes éminemment provocatrices, comme cette descente aux Enfers sur une barre de pole dance ou ce twerk sur les genoux de Satan. Si l’esthétique hyperpop rend le clip extra-ordinaire, il n’en reste pas moins accolé à une structure attendue. La chanson dépasse à peine la durée idéale de trois minutes, les plans s’enchaînent avec une souplesse telle que l’immersion est inéluctable, le foisonnement s’apparente à celui auquel Internet nous habitue tandis que les mélodies varient à toute vitesse pour séduire son auditoire impatient.

Montero suit donc le flux de conscience du XXIe siècle, pour le représenter comme pour se payer sa tête. Le visuel dégouline d’exagération, d’ironie et de surabondance. On assiste à une fusion des contraires, mais surtout à l’éclosion des compromis. Lil Nas X emploie aussi bien la pop pour son côté commercial et mainstream que pour la transgression. Des millions de vues et des milliards de stream plus tard, cette nouvelle icône brandit l’hyperpop comme arme, prête à plaire et à en découdre. Dans Vyzzee, la figure emblématique du courant, SOPHIE, chantait : “Shake, shake, shake it up and make it fizz”.

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