“L’Innocence” : Hirokazu Kore-eda signe le plus beau film queer de l’année

Jusque-là, peu de choses dans l’œuvre prolifique de Kore-eda pouvaient laisser présager l’obtention pour son auteur, en mai dernier, de la Queer Palm, qui récompense chaque année le plus beau film queer du Festival de Cannes. Découvrir Monster,...

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Jusque-là, peu de choses dans l’œuvre prolifique de Kore-eda pouvaient laisser présager l’obtention pour son auteur, en mai dernier, de la Queer Palm, qui récompense chaque année le plus beau film queer du Festival de Cannes. Découvrir Monster, devenu entre-temps L’Innocence, c’est aussi ne pas voir directement venir ce qu’est profondément le long métrage.

C’est d’abord, dans une 1ère partie, croire à un récit quasi policier fondé sur une supposée histoire de harcèlement scolaire, suspecté par une mère pensant son garçon Minato victime d’un professeur abusif. Pour ensuite assister à cette même intrigue, cette fois du point de vue de l’enseignant accusé qui, lui, soupçonne Minato d’être le bourreau du frêle Eri.

Une œuvre en trois temps

Il faudra attendre la fin de L’Innocence et un troisième et magnifique segment dédié à ses deux jeunes protagonistes pour enfin accéder au secret du récit, et peut-être au secret d’une œuvre et d’un cinéaste qui n’a cessé d’être travaillé par la question de la marge et du rejet. Quelque chose alors dans l’éclaircissement progressif que constitue le trajet du film, ce grand brouillage maîtrisé peu à peu dissipé, surpasse le simple exercice formel qui voudrait que cette structure en triptyque intensifie le suspense du récit (qui est le monstre ?).

Ce que produit à l’inverse L’Innocence, dans ses ramifications, ses redites, ses séquences rejouées plusieurs fois selon un angle différent, favorisant la récolte des pièces d’un grand puzzle incomplet ou celles, à conviction, d’une scène de crime, c’est un certain état de stupéfaction dû au surgissement de son mystère. Dans cette combustion lente se lisent les signaux d’une société bâillonnée et plus précisément la parole des enfants, personnages dont on sait l’importance dans la filmographie du cinéaste japonais, jamais tout à fait entendue. On peut, surtout, y voir le mouvement d’un aveu, sa progression laborieuse, tous les subterfuges et autres détours pour échapper à la pleine conscience de la vérité, que constitue l’acte d’un coming out.

L’Innocence d’Hirokazu Kore-eda, avec Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi (Jap., 2023, 2 h 04). En salle le 27 décembre.