Locarno 2022 : les femmes et l’Amérique latine règne sur le palmarès

Après onze jours de célébrations du cinéma d’auteur internationale, le festival de Locarno a rendu son verdict samedi dernier. Le jury composé par Michel Merkt, Alain Guiraudie, Prano Bailey-Bond, William Horberg, Laura Samani a remis le Léopard...

Locarno 2022 : les femmes et l’Amérique latine règne sur le palmarès

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Après onze jours de célébrations du cinéma d’auteur internationale, le festival de Locarno a rendu son verdict samedi dernier. Le jury composé par Michel Merkt, Alain Guiraudie, Prano Bailey-Bond, William Horberg, Laura Samani a remis le Léopard d’or au film brésilien Rule 34 (règle qui considère que tout contenu sur le web a son équivalent pornographique) de Julia Murat tandis que Tengo sueños eléctricos de la cinéaste franco-costaricaine Valentina Maurel repart avec trois prix : le prix de la meilleure réalisation, meilleure interprétation féminine et meilleure interprétation masculine.

De ce haut de palmarès, plusieurs leçons peuvent-être tirer. D’abord qu’une telle hégémonie imposée par ces deux films nous laisse imaginer des débats très musclés entre le jury (les trois prix de Tengo sueños eléctricos ont-ils été un outils de négociations de certains membre du jury pour laisser le Léopard d’or à son concurrent?). Enfin, il faut souligner le véritable couronnement d’un cinéma venue d’Amérique Latine tout deux réalisés par des femmes.

Deux films vainqueurs que nous n’avons pas malheureusement pas pu voir mais qui ne nous empêche pas pour autant de regretter l’absence au palmarès des deux très beaux film français que sont Bowling Saturne de Patricia Mazuy et Stella est Amoureuse de Sylvie Verheyde.

Les deux films au sommet du palmarès s’annonce comme deux portraits de femmes indépendantes et fortes opérant un regard particulièrement contemporains et politiques. pour accompagner le Léopard d’or remis à Rule 34, le directeur artistique du Locarno Giona A. Nazzaro a déclaré que le film « ramène le cinéma brésilien à la splendeur anarchique du cinéma marginal. » et le désigne comme « une œuvre audacieuse et politique destinée à laisser une marque. Le corps devient un objet politique. » La cinéaste indique pour sa part qu’elle va voulu expliquer en image l’équilibre entre désir, liberté et protection.

Gigi, simple flic

Toujours en compétition internationale, le prix spécial du jury a quant à lui été remis au très réussi Aventures de Gigi la Loi de Alessandro Comodin. 10 ans après un 1er film touché par la grâce (L’été de Giacomo), le cinéaste italien revient avec un étonnant film policier entre comédie et enquête paranoïaque. Le film est collé au visage de Gigi, policier de compagne aussi touchant que mystérieux qui se met à investiguer sur une étrange série de suicide qui a lieu dans la région. Comme un P’tit quinquin à froid délesté de tous ses feux d’artifices comiques et dont la manifestation du burlesque se limite ici a quelques légers dérèglements, le film avance à la lisière entre documentaire et fiction et soudain, par la malice de ces ellipses nous plonge dans quelques visions fantastiques. Un film fascinant et inclassable pour un choix audacieux du jury.

Parmi les autres réjouissances du palmarès, on notera le prix du meilleur court-métrage décerné à Big Bang de Carlos Segundo qui revient au format court après Fendas son très prometteur long-métrage sortie l’année dernière. En moins de quinze minutes, le film dresse le portrait combattant et lumineux de Chico, un homme de petite taille qui répare des fours dans une ville du Brésil et qui face au mépris de classe dont il fait face tous les jours, va bientôt se révolter. Aux confins de la science-fiction avec son précédent film, Segundo revient à une veine plus sociale emprunte d’une délicate poésie, où la douceur du portrait se mêle à la vigueur de la charge politique.

L’essentiel du palmarès

Concorso internazionale

Léopard d’or : Rule 34 de Julia Murat

Prix spécial du jury : Les aventures de Gigi la Loi de Alessandro Comodin

Léopard de la meilleure réalisation : Valentina Maurel pour Tengo sueños eléctricos

Léopard de la meilleure interprétation féminine : Daniela Marín Navarro dans Tengo sueños eléctricos

Léopard de la meilleure interprétation masculine : Reinaldo Amien Gutiérrez dans Tengo sueños eléctricos

Pardino d’oro du meilleur court métrage d’auteur pour Big Bang de Carlos Segundo

Prix pour le meilleur 1er long métrage : Sigurno mjesto de Juraj Lerotić

Mention Spéciales : Love dog de Bianca Lucas & De noche los gatos son pardos de Valentin Merz

Concorso Cineasti del presente

Léopard d’or : Nightsiren (Svetlonoc) de Tereza Nvotová

Prix du meilleur réalisateur émergent : Juraj Lerotić pour Safe Place (Sigurno mjesto)

Prix spécial du jury : How Is Katia? (Yak Tam Katia?) de Christina Tynkevych

Meilleure interprétation masculine : Goran Marković dans Safe Place (Sigurno mjesto)

Mention spéciale : Den siste våren de Franciska Eliassen