L'Opéra de Tours accueille la première cheffe d'orchestre noire en France

OPÉRA - Bien plus qu’un genre, une origine ou une carnation. Glass Marcano est la première femme noire à diriger un orchestre symphonique à l’Opéra de Tours. Elle a rejoint l’institution le 6 février où elle a dirigé son premier concert. La...

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OPÉRA - Bien plus qu’un genre, une origine ou une carnation. Glass Marcano est la première femme noire à diriger un orchestre symphonique à l’Opéra de Tours. Elle a rejoint l’institution le 6 février où elle a dirigé son premier concert. La musicienne est déjà réputée pour ses qualités exceptionnelles, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article

Portée par son énergie débordante, la jeune cheffe a connu une ascension fulgurante. Cheveux tirés en arrière, lunettes sur le nez, baskets blanches et tenue de jogging, Glass Marcano est assise sur un tabouret haut. Elle n’hésite pas à en descendre régulièrement pour préciser ses consignes, partitions en main.

La jeune femme de 24 ans manie d’un geste ample la baguette, sans jamais se départir de son large sourire. “Joue ce passage comme les vagues sur la mer!”, lance-t-elle à un musicien dans un mélange de français et d’anglais.

À l’issue des répétitions, la Vénézuélienne lève les yeux vers les dorures et les velours rouges du théâtre à l’italienne de Tours. “Je vis un rêve éveillé comme dans un film”, savoure-t-elle. “Mais, dans ce théâtre, je réalise que c’est bien la réalité!“

En effet, le parcours de la musicienne est hors du commun: ayant entendu parler de la première édition de La Maestra, elle a tout fait pour participer à ce concours international de cheffes d’orchestre organisé par la Philharmonie de Paris et le Paris Mozart Orchestra.

Impressionnante

Glass Marcano a commencé le violon à 8 ans. Elle s’est ensuite orientée vers des études de droit, tout en dirigeant des orchestres d’enfants. “Je voulais faire ce concours à tout prix”, raconte-t-elle. “Pour payer les 150 euros de frais d’inscription, j’ai vendu des fruits sur les marchés, chez moi, dans l’État d’Yaracuy. Ce concours a fait basculer ma vie en quelques jours”.

Certes, la jeune femme n’a pas gagné le premier prix mais elle a impressionné Claire Gibault, la cheffe du Paris Mozart Orchestra. “Je l’ai découverte sur des vidéos. J’ai tout de suite été fascinée par son énergie et son charisme”, affirme l’organisatrice du concours. La cheffe entreprend alors de faire venir à Paris sa jeune consoeur en septembre dernier, alors que l’espace aérien du Venezuela est fermé en raison de la crise sanitaire. Aujourd’hui , la jeune femme a intégré le conservatoire régional de Paris dans la classe de perfectionnement.

L’exception 

Son énergie et sa façon de diriger très intuitive, loin des codes classiques, ont aussi impressionné le directeur de l’Opéra de Tours. À tel point que Laurent Campellone a décidé de lui confier la direction de l’orchestre symphonique.
“Elle marque une étape dans l’histoire de la musique occidentale”, estime-t-il. “Le fait qu’elle soit la première femme noire à diriger un orchestre n’est qu’anecdotique face au fait qu’elle est une immense musicienne. Nous avons trois ou quatre grands chefs de ce niveau par génération. Glass en fait partie!“

Et les membres de l’Orchestre symphonique du Centre-Val de Loire ont pu constater son charisme dès les premières répétitions. “La barrière de la langue l’empêche de rentrer dans des détails techniques pour l’instant. Mais ça ne pose aucun problème. Elle est très inspirée, habitée. Elle respire la musique”, commente Audrey Rousseau, l’un des deux violons de l’opéra de Tours.

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